(Petite scène à laquelle j’ai assisté)
Alors voilà S., jeune interne, 29 ans, dont on se moque un soir à l’internat parce qu’il a -disons les choses simplement- une sexualité pléthorique et décomplexée.
– La maladie ça poisse, explique-t-il. Quand je sors de l’hôpital, j’ai besoin de me sentir vivant. Il faut que je touche une peau qui ne soit ni flétrie, ni ridée, ni ouverte en deux, une peau sans cicatrice. Je dois tenir un corps qui ne demande pas grâce -ou seulement celle qu’il souhaite que je lui donne-, un corps sans souffrances, avec des yeux sans larmes, avec une bouche sans plaintes à exprimer. J’en peux plus de la douleur des autres. Je veux de la jouissance bien portante, de la sensualité en bonne santé…
Il ajoute en riant : Et je vous emmerde !
On désigne l’énorme trace qu’il arbore dans le cou :
– Les suçons, c’est pourquoi ?
Lui, d’un ton docte :
– Pour vous rappeler tous les jours qu’il y a d’autres moyens d’avoir des hématomes que les accidents de voitures ou les surdosages en anti-coagulants.
On est un peu (mal) barré quand on est interne, je veux dire : on est VRAIMENT (mal) barré quand on est interne.
“Que devrait être le corps ? Un objet de pur plaisir et de pure liesse.”
A. Nothomb.
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Quelle philosophie ! J’adore sa réponse sur les suçons, je veux dire : j’adore VRAIMENT sa réponse sur les suçons !
C’est un juste équilibre ! Chacun trouve le moyen de se ressourcer comme il peut !
Et quelle meilleure façon que de jouir de la vie lorsqu’on côtoie la souffrance et la mort tous les jours ??!!
J’avoue me reconnaître dans ce témoignage 😉 ….