Alors voilà Mme K. 56 ans qui s’étiole d’un cancer du sein. “Pas de morphine” qu’elle a dit. “Je veux être là jusqu’au bout”.
L’équipe soignante, sa famille, moi, on passe tous les jours pour essayer de lui faire entendre raison. Parce qu’elle souffre et qu’on veut la soulager, croit-on.
Elle sourit avec indulgence, elle sait la vérité : l’équipe soignante, sa famille, moi, on voudrait tous qu’elle accepte pour nous tranquilliser, parce que la mort c’est douloureux et qu’on a beau en voir tous les jours ça fait toujours aussi peur.
Un jour, ça en est trop, elle hausse un peu le ton et, l’air d’une mère qui donne une leçon à son fils, me tapote la joue et dit :
– Vous vous inquiétez pour rien : mon état ne signifie pas que je vais mourir mais que, simplement, je suis arrivée à la fin de ma vie.
Voilà : pas sa mort, non, mais la fin de sa vie. Tout simplement. Pour elle cela fait un gouffre de différence. Elle sourit, elle est sereine dans sa douleur et dans la fin de sa vie.
J’adore la façon dont certains mots font sens, je veux dire : j’aime VRAIMENT la façon dont certains mots font sens.
“La recherche a besoin d’argent dans deux domaines : le cancer et les missiles anti-missiles. Pour les missiles anti-missiles on a les impôts. Pour le cancer on a la quête.”
P. Desproges.
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