(D., IMG : l’anecdote, c’est lui, l’écriture c’est moi. Juste merci !)
Alors voilà Mr N. 87 ans, papi corse dont la femme a “une longue maladie”. A chaque nouvelle chimio, il arrive, fringuant, sa vieille chérie sous le coude. Il se tient bien droit. Il a un air fier, Mr N.
Comme à chaque fois, la même exigence : il veut le lit d’appoint dans la chambre.
D., la toute première fois, a fait l’erreur de lui dire :
– L’hospitalisation ne dure que trois jours. Vous serez mieux à la maison, dans un vrai lit. Le lit d’appoint c’est une horreur avec des ressorts partout. Va vous casser le dos.
Lui, le regardant comme s’il était fou :
– Jeune homme : il y a 60 ans j’ai épousé la femme fabuleuse qui se tient à mes cotés, je lui ai promis de TOUJOURS être là. Pas UNE seule nuit, vous m’entendez, pas UNE seule nuit nous n’avons dormis séparé. Alors vos ressorts, je m’assois dessus ! Et tiens ! Je vais même m’y coucher !
Il y dort, tous les mois, pendant deux nuits.
Sa femme, sourire indulgent (ou amoureux ?), laisse faire, on sent qu’elle pratique le vieux têtu depuis un bout de temps.
Chaque mois il repart un peu moins fringuant, un peu plus courbé -mais toujours aussi fier.
Il a 30 jours pour remettre ses lombaires en vrac dans le bon ordre. Peu importe : il a tenu sa promesse et les ressorts, il s’assoit dessus !
Un jour je ferai un temple au PDVA, je veux dire : un jour je ferai VRAIMENT un temple au PDVA (et IL changera les ressorts en plumes d’oies).
PDVA : Petit Dieu des Vieux Amoureux.
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En tant que corse, je connais ces papis et mamis, mais aussi ces mamans et filles, ces papas et fils, ses amis et amis, qui vont ensembles, tous les mois ou deux mois, sur le continent (et oui, quand on habite sur une île, de l’autre côté, là où il y a de grands CHU, c’est le “continent”, “la terre promise remplies de blouses blanches”) pour leur soin, leur chimio, leur opération. Ces malades et ces accompagnants, on les trouve tous les jours, dans l’avion de 7h05, entre Bastia et Marseille, “l’avion des malades” ; comment les reconnaitre ? Toujours par deux, avec pas ou peu de bagages – sauf au retour où, parfois, suivant l’heure de la consultation à l’hôpital, ils ont eu le temps pour aller faire les magasins de la Canebière ou du Centre Bourse ou acheter de succulentes navettes sur le vieux port -, et toujours, sous le bras, les grandes enveloppes remplies de radio. Tous les matins, une belle leçon de vie : prendre l’avion tous ensembles pour aller tous ensembles vers l’hôpital, puis aller tous ensembles vers la guérison.
c’est beau! Merci!
vous décrivez ça d’une très belle façon, merci ;
belle histoire c’est touchant
Si tu veux, je veux bien moi t’aider à construire le temple au PVDA. On pourrait faire des murs en ressorts mais en ressorts tous doux, tu sais des ressorts contre lesquels on se plairait à se cogner pour mieux rebondir et rebondir au ralenti pour avoir le temps d’anticiper la pirouette la plus appropriée pour de toute façon retomber sur ses pieds. Des ressorts profondément huilés et in-rouaillables (sisi inrouaillable ça existe), solides à la base et bien moelleux au dessus, si moelleux qu’on dirait qu’on vole-nage (bah quoi sisi vole-nage ça existe) quand on va s’y cogner. Des ressorts imbibés d’huile essentielle de perlimpimpin. On pourrait le construire dans une forêt de bambous sur un tapis de mousse (au chocolat), et évidemment, il y aurait trois étages. Bref, j’ai plein d’idées.
j’en profite pour te dire que c’est dommage qu’il n’y ai pas un bouton “liker” (euh, en tout bien tout honneur hein) sans passer par FB, juste comme ça en interne sur ton site.
bref je like (sans la langue, un peu de tenue!) cette histoire.
bisbis B.,
à bientôt Söfi
Au final j’suis contente d’avoir lu jusqu’ici, parce que ces histoires sont quand même bien touchantes !