Petit souvenir de l’externat.
Alors voilà Mr G., 78 ans, à qui je dois faire une gazométrie artérielle. MA première. Une première gazo c’est comme un dépucelage : c’est inévitable, souvent douloureux ou raté, mais une fois que c’est fait on est soulagé et on veut le refaire.
Donc me vl’à, avec mon aiguille, prêt à maltraiter la radiale du gentil Mr G.
Ça frappe à la porte.
Je pense : “Bordel ! On peut pas perdre sa virginité tranquilou dans cet hôpital !” alors je dis : “Entrez !”
Tiens ! C’est Professeur G., prof à la fac et, accessoirement, mon nouveau chef de service…
Tiens ! Il tapote la main de Mr G, l’embrasse sur le front, lui demande comment il va.
Tiens ! C’est vrai que Mr G. et le Pr G. ont le même nom de famille…
– Il a horreur des aiguilles. Ça ne vous dérange pas si je reste pendant que vous prélevez mon père ?
Je pense : “!&:€314116,?!'”@arrhhh” dont le sens littéral le plus proche est : “tant qu’on y est vous voudriez pas aussi me fouetter avec une pelle ?”
Alors je dis : “Bien sûr que non, vous pensez !”
Deux minutes plus tard, dans l’ascenseur qui descend au labo, je brandis haut la seringue tel le babouin brandissant Simba dans le Roi Lion.
Je ne dis pas que Mr G. y a pris du plaisir mais j’ai été rapide : le sang est monté de suite.
Les portes s’ouvrent, l’aide-soignante me surprend en train de danser la Samba. J’ai l’air béat de l’idiot qui vient de se faire déniaiser.
Elle me demande si tout va bien.
Je dis “Bien sûr que oui !” mais je pense : “j’ai envie de refaire une gazo, je veux dire : j’ai VRAIMENT envie de refaire une gazo !”
(La fin du monde c’est déjà le début de quelque chose : je vous le souhaite heureux et paisible et je vous dis à demain…ou pas !).
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