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(L’histoire c’est VOUS, l’écriture c’est moi. Merci Gentille Maman !)
Alors voilà Gentille Maman qui va chez le médecin. Gentille maman amène ses deux enfants de trois et sept ans.
Salle d’attente pleine. Le médecin a deux heures de retard. On occupe les enfants comme on peut, ils ont peur : le médecin c’est celui qui fait les vaccins.
La porte s’ouvre :
– C’est à vous M. Tatillon, annonce le docteur.
M. Tatillon se lève, passe devant Gentille Maman et au moment d’entrer dans le cabinet lance au médecin :
– Vous avez quand même deux heures de retard.
Moment de flottement.
Le médecin indique la porte d’entrée :
– Sortez !
– Pardon ?
– J’ai dit sortez ! Je vous vire.
Et le médecin de se tourner vers l’ensemble de la salle d’attente :
– En fait, sortez tous. Barrez-vous. Je ne veux plus vous voir. Aucun d’entre vous. Vous me faites tous chier. Je n’en peux plus. Cassez-vous de mon cabinet…
Nouveau moment de flottement. Personne ne bouge. Le médecin de hurler :
– Vous êtes SOURDS ? J’ai dit BARREZ-VOUS TOUS ! BARREZ-VOUS ! VITE ! DEHORS ! TOUS !
Gentille Maman prend ses enfants sous le bras et s’enfuit.
Elle m’écrit :
“Je n’y suis pas retournée”.
Je comprends Gentille Maman, je n’y serais pas retourné non plus.
Les soignants aussi tombent malades. Parfois ils se crament au boulot.
Mais qui soigne les soignants ?
Je n’aime pas quand un confrère fait un burn-out, je veux dire : je n’aime VRAIMENT pas quand un confrère fait un burn-out…
“Être heureux est un travail à plein temps”
Pierre Perret.“Vous avez quand même deux heures de retard”
M. Tatillon.
(La prochaine fois je vous fais rire !)
5 ans que j’exerce en tant qu’aide-soignante dans une clinique en service de chirurgie de nuit. et 5 ans que je vois de plus en plus de Mr et Mme Tatillon… Y a des jours où on a la patience. D’autres non… Je me souviens d’une nuit où seule AS pour 33 patients en service de chirurgie, je courais partout à répondre à chaque sonnette. Car oui j’aime faire les choses bien, être aux petits soins, car oui un jour ce sera peut-être nous dans ce lit. Alors on y va, avec le sourire, en laissant ses problèmes perso de côté. Et on ajoute une pincée de compréhension, un soupçon de douceur, et beaucoup d’humour et d’autodérision.
Mais lorsque je suis arrivée dans cette chambre là, le plus rapidement que mes 2 jambes et mes 2 bras déjà usés au bout de 2h de boulot ont bien voulu me porter, je me suis fait incendier. Que c’était inadmissible que l’on mette 5 min à répondre, que de toute façon j’étais bonne qu’à torcher des c** et qu’il fallait surement pas trop m’en demander. Je n’ai même pas eu le temps (ou la présence d’esprit) de lui expliquer que nous étions en sous-effectif, avec des personnes dépendantes, des transfusions en cours, une personne sur le point de décéder. Non lui voulait qu’on lui ferme ses volets. J’ai fermé ses volets. Et j’ai pris 5 min pour aller me cacher et pleurer. Pleurer parce que pendant ce temps mon patient était décédé. Tout seul.
Et pour la première fois j’ai eu honte de mon métier. Honte de moi.
Mais j’ai au moins appris une chose : mettre du mascara waterproof pour éviter de ressembler à un panda