Souvenir de l’externat
PS : j’annonce pour ce post, le moindre commentaire déplacé finira à la poubelle…
Bon week-end à tous et profitez !
Alors voilà la jeune femme qui vient d’accoucher, elle est en service de “suites de couches pathologiques” et je dois l’examiner.
Elle refuse : elle n’a pas son voile, je ne rentre pas dans la chambre tant qu’elle n’a pas son voile. Ou alors il faut que je sois une femme. Comme je n’ai pas prévu de me faire châtrer aujourd’hui, je préfère attendre dans le couloir, croisant les doigts pour qu’elle ne soit pas en train de se vider de son sang.
LE sage-femme (ou maïeuticien, quel beau mot que nous utilisons trop rarement !) ne peut pas rentrer non plus. Il n’a, lui non plus, pas prévu de devenir une femme.
On attend.
Je peste dans mon coin. Dans un hôpital public, ce comportement est intolérable. Il sexualise une relation soignant-soigné qui NE DOIT PAS être sexualisée. C’est mon avis.
Entre vous et nous il n’y a pas de sexe féminin, il n’y a pas de sexe masculin. Il y a des humains couchés et des humains debout chargés de les relever. On est là pour remettre les patients sur les rails de leurs vies.
Point barre.
Le reste n’a sa place que dans une église, une synagogue ou une mosquée.
J’en suis là de mes réflexions quand le compagnon arrive, fichu noir à la main, entre dans la chambre et ressort deux minutes plus tard :
– C’est bon, elle a son voile.
J’entre en me disant que le plus difficile -la déshabiller- reste à faire…
Erreur !
Effectivement, elle a son voile. D’ailleurs, elle n’a que cela. Elle est sur son lit, fichu noir autour des cheveux et… c’est tout. Les jambes grandes écartées, le soutien-gorge bien rangé dans le tiroir, elle est prête à être examinée.
Tout va bien, elle a son voile. Elle est nue mais voilée.
J’aime bien le sens des priorités de nos religions, je veux dire, j’aime VRAIMENT le sens des priorités de nos religions.