Je suis à Paname, en congés/virée/fiesta/rédaction du livre et de ma thèse. Mais, plus important, j’ai promis d’offrir un café à une des toutes premières lectrices du blog, je tiens à honorer ma promesse… Donc je m’accorde quelques jours de repos si vous m’y autorisez !
Récit non retouché/corrigé de S. : l’histoire c’est elle, l’écriture aussi ! JE N’AI TOUCHE A RIEN !! (comment fait-on les accents en majuscules ?)
J’ai trouvé ça intéressant et tellement vrai… Je vous le fais partager avec l’aimable autorisation de l’auteur. Pour se réconcilier, il faut se parler, alors voilà :
“Je voulais te raconter le moment où je me suis dit : “ça y est, je suis rentrée dans la grande communauté des médecins et apprentis médecins”
J’étais en début de troisième année , donc j’avais déjà vu un certain nombre de patients, leur avait expliqué pleins de trucs, avais ausculté toutes sortes de gens, formulé des hypothèses diagnostiques, bref, fait ce qu’on attend d’un externe en fait.
Que personne ne me demande pourquoi, je n’aurai pas de réponse, mais je m’étais toujours sentie assez illégitime jusqu’à cette garde de pédiatrie, où le déclic est venu… devine ce qui m’est arrivé… je me suis fait engueuler par un papa anxieux! et oui, il m’aura fallu ça pour me dire, c’est bon, j’en suis (être de quoi exactement pas la moindre idée non plus…). Bizarrement,à partir de cette garde, je ne me suis plus sentie étrangère à ce monde hospitalier.
l’engueulade n’a en elle même pas beaucoup d’importance, en examinant le petit, j’essayais d’interroger la maman paniquée par la crise convulsive de son fils, elle avait tellement eu peur qu’elle ne savait pas combien de temps il avait convulsé ni si la crise était symétrique, bref, j’avoue que sur le coup, j’étais assez embêtée car je n’arrivais pas à faire rentrer son fils dans le tableau de convulsions hyperthermiques… c’est ça de vouloir faire rentrer les gens dans des tableaux, ça marche moyennement…
L’interrogatoire a duré quelques minutes. Plus j’essayais d’avoir des précisions, plus je voyais bien que je fichais la trouille à la maman, un millième de seconde avant que je ne m’arrête pour dire à la maman que ce n’était pas grave, que son fils allait bien et qu’on allait le surveiller un peu, le père, qui n’était pas présent au moment des convulsions commence à me crier dessus, dire que ça sert à rien que je demande tout ça, que là, il fallait faire un truc pour son fils et laisser sa femme tranquille.
honnêtement, j’ai eu un peu la trouille, il avait une grosse voix et il était plutôt baraqué, et il se trouve que je suis un petit modèle. Tout s’est bien passé, j’ai expliqué que l’enfant allait bien, que l’examen clinique était rassurant et je leur ai confirmé que c’était normal d’avoir eu peur et que répondre aux questions était difficile… bref, tout le monde s’est calmé, rassuré, je suis sortie du box pour présenter le patient à mon chef, la routine quoi.
en sortant, encore un peu tremblante, je me suis vraiment dit, ça y est, tu en es. J’avais reçu ma première engueulade de patient (justifiée par leur peur, aucun doute possible là dessus et par mon insistance, pas de doute non plus là dessus), j’avais géré ça toute seule comme une grande, et surtout, j’avais réussi à les calmer et à les rassurer, ainsi qu’à leur expliquer par la suite l’intérêt des questions, mais ça a eu lieu plus tard quand on a justifié le fait qu’on demandait des examens complémentaires.
Voilà, ce jour là, j’ai compris que si on ne répondait pas à mes questions, il y avait une raison, et souvent cette raison c’est la peur (ça s’est vérifié plusieurs fois par la suite), j’ai aussi compris que ce n’est pas parce qu’un entretien avec un patient commence mal (se faire engueuler, on a vu mieux pour construire la relation médecin-patient) que la prise en charge se passera automatiquement mal par la suite. Tout s’est bien passé avec l’enfant et ses parents par la suite. Et peut être qu’une engueulade bien méritée, c’est un rite de passage de l’externe après tout… pour moi, s’en était définitivement un en tous cas.”
Patients ou soignants, si vous avez des choses à dire :
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