L’histoire c’est Docteur O., l’écriture c’est moi. Juste merci !
Alors voilà, Docteur O. est entré dans la chambre de ce patient. Il ne se souvient plus de son nom. Juste une chose : d’habitude, dans cette chambre, on rit. Une manière comme une autre pour le patient d’éloigner la maladie. C’est potache, ça ne vole pas haut, mais on se marre bien.
Là, le malade est blême. Il accueille Docteur O. en désignant la fenêtre :
– Il y avait un moucheron. Il s’est empêtré dans une toile. Je l’ai regardé, il s’agitait en tout sens et plus il s’agitait, plus il s’empêtrait. À 14 heures 31 minutes, il a cessé de se débattre. Je pense qu’il est mort, mais il est trop petit pour qu’on voie ses yeux.
Le patient parlait encore et encore. Il était intarissable sur les soubresauts de la bête. Sans méchanceté ou attrait morbide, non. Juste une sorte de curiosité naturaliste.
Il y avait quelque chose, dans ce moucheron en train de mourir. Ça lui a paru important. Suffisamment pour qu’il note l’heure de sa mort, suffisamment pour qu’il en parle…
Quand Docteur O. a pu en placer une, il lui a annoncé les très, très, très bons résultats de ses analyses. L’homme allongé a paru immensément soulagé et a arrêté de parler de la lente agonie qui s’était jouée au bord de sa fenêtre.
Docteur O. se souvient distinctement de la scène. D’abord à cause de cette histoire de moucheron, en plein bal mortifère, ensuite parce que ce n’est pas si fréquent d’annoncer de bonnes nouvelles.
Après, ils ont parlé de tout et de rien, le doc avait assez de temps pour en perdre un peu. Puis ils ont fait comme d’habitude, ils ont vraiment ri.
Mais c’était différent : ” je crois que lui et moi on pensait à la pauvre bête. Enfin, lui seulement. Moi, je pensais à mon patient et à ce qu’il avait bien pu voir dans cet insecte. Avant que j’amène la bonne nouvelle sur un plateau.”
“Memento mori”
Locution latine.“YOLO !”
La même chose, mais chez les jeunes.
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De superbes trouvailles comme toujours en introduction et un récit tout en sensibilité, merci !
Fait longtemps que je me suis pas exprimée Bibi… Juste pour dire Merci pour ton roman que j’ai lu, que j’ai offert (deux fois), et… je n’ai pas les mots encore pour en parler… Un jour peut être, en MP ;), je te raconterai pourquoi je n’ai pas les mots…Bonne journée à toi que j’apprécie beaucoup, les jours pairs ET impairs.
Bonjour Bibi,
J’aime beaucoup ce texte, sûrement dans mon top 10.
Memento mori, mais pas tout de suite………….
la bise
S’empetrer dans une toile ou dans la maladie… L’ellipse est évidente… Elle n’en reste pas moins terrible.
Mes p’tits vieux qui s’emmêlent les neurones et les souvenirs doivent avoir aussi cette impression d’être prisonniers d’eux-même parfois…
I love it !
Le bonnes nouvelles se font rares de nos jours alors quand elles sont là il faut en parler, il faut s’en souvenir !
Tu bouleverses ma journée (une fois de plus). Aujourd’hui je sourirais et je rirais vraiment !
Bises, O.
Il y a des moments où l’espoir se tarit et où l’on ne peut plus voir que le moucheron dans sa toile. Il est des Amis non “virtuels” à qui je pense fort en écrivant cela. Docteur O. est arrivé à point nommé pour renouveler cet espoir et faire de nouveau surgir le rire.
Comme cela paraît plus simple quand les docteurs ont des bonnes nouvelles à nous annoncer ; comme cela semble un peu moins compliqué quand ils ont du temps à nous consacrer…
Memento mori se fait moins pressant et peut reprendre sa place diffuse dans notre tête… Savoir sans s’attarder… parce que le moment n’est pas encore venu d’avoir des pensées qui s’échappent vers le lieu où vit le poney multicolore et de ne plus vivre vraiment le présent.
“La même chose, mais chez les jeunes”
Parce que tu te sens vieux peut-être ? ^^
J’ai l’âge de Baptiste à peu près et je ne savais pas ce que ça voulait dire, YOLO…
C’est la triple décennie qui approche!
(au fait, la boucle d’oreille, tu l’as toujours finalement?)
Nous sommes tous mortels, la nature est parfois là pour nous rappeler à l’ordre… Le temps est tellement dissolu dans une chambre d’hôpital, que la lente agonie du moucheron peut paraître une éternité et que le moindre événement ayant lieu dans cet espace peut être interprété de façon négative. Alors, ô joie!, quand le médecin a des éléments rassurants et qu’il prend un peu de son temps pour rire avec le patient…
S’émouvoir de la mort d’un moucheron, d’un animal … peu sont ceux qui en sont capables, et/ou qui en prennent le temps.
Une chambre d’hôpital est en effet un lieu à part, où le temps est suspendu et les sentiments exacerbés par la douleur et/ou la peur .
Septembre 2013, les vacances, l’annonce du décès d’un collègue, à peine retraité et puis deux SMS qui arrivent en même temps, des collègues qui viennent aussi d’apprendre cette nouvelle. L’un dit : “tu vois, il faut profiter à fond de la vie ! ” quand l’autre écrit “vois-tu, nous devons nous recentrer sur l’essentiel …”
Memento mori, deux mots, deux interprétations.
Et puis “yolo”, pourquoi pas, mais “yalla ! “, c’est mieux. 🙂
Le comble de l’optimisme : commencer son testament par : “si je meurs…”. C’est la seule chose dont on puisse être sûr. Alors yolo, mémento mori ou carpe diem…?
Moi, je ferais plutôt la tombe buissonière….
Mémento Mori alors carpe diem
Joli ! je like ! 🙂
carpe diem
Comme quoi parfois le temps à perdre est du temps de gagné
Il est certain que lorsqu’on est en état de souffrance et d’angoisse, on est plus sensible à la souffrance d’autrui , en lequel on se reconnaît, fût-il un animal…
Cela dit, si l’araignée ne trouve plus de moucherons à manger, c’est elle qui meurt…
(et petite remarque: à corriger pour que le texte soit parfait: “… il est trop petit pour qu’on voiE ses yeux”, subjonctif oblige!)
et c’est pas parce qu’on est un moucheron qu’il faut se laisser impressionné par une araignée , on sort la batterie lourde, le plan d’attaque, les subterfuges, on lui bazoucate la toile à la mémére, à l’attaque ! non mais …
Moi une araignée qui meurt, j’ai du mal à porter le deuil… 😛
Ben moi pas trop fan mais depuis la comptine chanté par mes petits enfants j’essais de voi si elle tricote vraiment.
gros poutous.
Pas étonnant que l’araignée dont tu parles veuille tricoter des bottes… C’est pour Gipsy sa copine qui monte à la gouttière par temps de pluie!
poutous à l’orange
Wé, ben qu’elle tricote ses bottes, mais loin de moi, c’est tout ce que je demande.
Chez moi je retrouve parfois des steaks sur lesquels on ferait bouffer une famille de somaliens pendant une semaine. Alors si je peux éviter j’évite, j’ai un cœur fragile moua 😛
Et moi donc. J’aurais jamais dû lire ce commentaire. Je vais avoir des cauchemars maintenant.
…tandis qu’un moucheron..lol
“on lui bazoucate la toile à la mémére”, va pas faire rigoler la laitue tout ça …..
la bise
@Cilou et @Grand33
Trop drôle !
C’est la grande forme tous les deux ! Merci pour ce 🙂
” on sort la batterie lourde, le plan d’attaque, les subterfuges, on lui bazoucate la toile à la mémére, à l’attaque ! non mais …”
O tempora o mores
Je me rappelle ce petit moucheron noir
Il faisait des huit devant le miroir
Je risque d’avoir de grandes vacances
A cause de ces douleurs d’errance.
Tout est allé si vite…lenteur métronomique
Mal de tête, regard trouble hypnotique
Il n’y a plus aucune urgence .
Attendre vaguement la sentence…
Peut-être j’m’en sortirai, illusion
Peut-être j’en crèverai, illusion
Les minutes trainent leur accoutumance
Des tours de cadran, immuable romance
Je me rappelle cette araignée velue
La garce ! elle nous a bien eu…
Je risque un passeport pour la mort
Et alors ! Et alors ? Et alors…
Tout peut se barrer, j’attends le diagnostic,
Imperturbable tel un moustique
Devant un serpentin de citronnelle !
Lorsqu’il n’y a plus de durable réel
Si l’infirmier a les yeux bleus, je pars
Au pays lumineux du blackout noir
Si ils sont bleue-vert, je reste
Et on ira boire un verre
Asta la vita Bibi
@ Marie
Coup au coeur en lisant ton poème… coup de coeur aussi.
Allez on va trinquer!
Poutous soleil de pluie
c’est juste une petite cilouterie bisolsoleil
Touchée en plein coeur tellement beau tellement vrai, il a fait “mouche”, on trinque quand tu veux
poutous a tous
@Marie: Souhaitons que ses yeux soient bleu-vert.
Très touchant…
Tellement beau… <3
Pluie de ciloux en pagaille !
… moi, je peux pas vous dire, docteur … j’ai une araignée dans le bocal mais j’ai avalé le moucheron en “respirez fort” quand vous m’avez mis votre écouteur dipode sur le dos … c’est p’têt pour sakchtouss … ke-je-tousss … ou alors c’est l’araignée … dans le bocal …
(le Bon Docteur in-peto ‘en sortant d’ici je me ferai bien une toile, moi..)
… allons … respirez fort, maintenant … c’est arrivé comment, cette vilaine toux ? …
Ton araignée ds le bocal… Elle s’est fait bouffer par le chat qui squatte ta sphère ORL…
Bon rétablissement à toi, Poète !
A fleur de peau, à bout de nerfs… tout nous touche plus que d’ habitude…
Allez un peu de potacherie et carpe diams, euh, diem !
Une patiente se rend à un RV gynecologique. Elle sonne, entre dans le cabinet. Tout est propre et blanc: le pavement, les murs, un paravent qui isole un coin pour se dévêtir, un autre qui sépare le bureau du médecin de la table d’examen recouverte du drap stérile lui aussi blanc…
Il est l’heure du RV et le médecin tarde. La dame, pour gagner du temps, enlève déjà le bas et s’installe sur la table gyneco.
L’homme en blouse – blanche bien sûr – entre dans la pièce, dit “Bonjour Madame”, s’approche de la table et se penche sur la situation, l’air perplexe…
– Alors docteur, dites-moi, j’espère que je n’ai pas de problème gyneco…
– Ben j’ l’espère aussi M’dame, passeque moi j’suis pas docteur, j’suis peintre en bâtiment et j’rafraichis le cabinet…