L’histoire c’est Frottis, interne, l’écriture c’est moi. Merci Frottis ! Elle est d’actualité !
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Cette histoire est pour Catherine A., qui m’inflige de sévères corrections ici et ailleurs.
Alors voilà Frottis entre dans la chambre, les deux patients regardent les informations télévisées. Ça parle manif pour tous, ABCD de l’égalité à l’école, etc.
Visiblement, les deux patients ne sont pas d’accord (litote élégante pour dire qu’ils s’engueulent sèchement ! Voire même, d’après ce que me dira Frottis “sont prêts à se crêper le chignon”, une bien belle expression que nous n’utilisons que trop rarement, hélas… )
– Veulent transformer les filles en garçons et les garçons en fiotes, dit monsieur côté Porte.
– Vous dites n’importe quoi, répond monsieur Fenêtre qui enseigne la sociologie en fac.
Frott-frott examine monsieur Fenêtre en faisant mine de rien.
– Les études de genre, qu’est-ce que c’est ? dit Fenêtre en prenant l’interne à témoin. C’est essayer de comprendre comment la pression sociétale modifie la vision de son propre sexe et la manière de se conformer à un moule.
– Ça veut dire qu’on essaie de nous embobiner la tête avec des histoires à la Freud et compagnie, rétorque Porte.
Fenêtre remonte un sourcil embêté, il a vraiment envie de lui expliquer à monsieur Porte, à coups de gifle si besoin. Frottis sourit à l’un et à l’autre. Frottis n’aime pas la guerre et raffole des grattons de canard (aucun rapport, mais je voulais écrire cette phrase).
– Votre stéthoscope, là, sur le côté, pourquoi vous ne l’utilisez pas ? demande Fenêtre.
Il désigne un vieux stéthoscope que Frottis garde par sentimentalité, mais dont la membrane est déchirée.
– Il est foutu. C’est sentimental.
– Ahhhh ! hurle-t-il vers Porte. Voilà !
– Voilà quoi ? fait Porte.
– Une démonstration pratique de ce sur quoi porte mon domaine d’étude à la faculté. Je recherche comment les éléments de langage modifient notre vision du genre de façon inconsciente. Par exemple, quand on dit qu’un objet est “niqué” ou “foutu”, qu’est-ce qu’on dit ? Tout le monde dit ça : l’écran de mon téléphone est niqué, mon carburateur est foutu, mon ascenseur est foutu, etc.
Frottis écoute les patients avec avidité. C’est une très bonne amie à moi et elle s’est dit : “Vous les gars, vous allez finir dans un blog ! Toi, on t’appellera monsieur Porte, et toi monsieur Fenêtre.”
– On dit quoi quand on dit ça ? On dit qu’un objet “niqué” ou “foutu” est dégradé, perdu, inutile. Ainsi, d’où vient le mot niqué ? Du verbe niquer. Et le mot foutu ? Du verbe “être foutu” ou “se faire foutre”. On en revient à l’éternelle misogynie selon laquelle un objet “pénètré” perd toute valeur, n’a plus d’utilité. On en revient aux racines de notre société patriarcale où la femme “non-vierge” perd tout intérêt.
– Bla-bla-bla, fait Monsieur Porte. Vous pouvez bien raconter tout ce que vous voulez, vous ne m’ôterez pas de la tête que des gens veulent imposer un modèle à d’autres. Un modèle non naturel. Avec des fiottes et des camionneuses.
– Et sinon, vous avez mal quelque part ? fait Frottis, conciliatrice.
Réponse authentique de Monsieur Fenêtre, excédé :
– Au ventre, mais seulement parce que je mange à coté d’un con. Mais je ne dirais jamais ça, car le mot “con” désigne étymologiquement le sexe féminin. Encore un bel exemple d’intrusion machiste dans nos éléments de langage.
Frottis sort de la chambre, se tourne vers l’infirmière : “Je pense qu’il va falloir vraiment procéder à un changement de chambre.”
Ensuite, Frottis est venue chez moi et nous avons mangé des grattons de canard en parlant de la guerre et des hommes qui la font.
“Mon Dieu, que l’homme est compliqué quand c’est une femme !”
F. Dostoïevski (écrivain russe pas mal dans son genre..)
“Je ne vous le fais pas dire !”
Conchita Wurstz (gagnante de l’Eurovision 2014, pas mal dans son genre aussi !)
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Certains ont vu dans le post précédent un réquisitoire contre l’accouchement à domicile et l’agriculture biologique. Ça devient fatigant de devoir se justifier à chaque fois.
1- Je suis intolérant au gluten, les magasins bio sont mes meilleurs amis, croyez-moi (il font des tartes au citron sans gluten délicieuses…)
Écrire ça me parait aussi stupide que lorsque la marionnette de Nadine Morano au guignol dit : “Je n’ai rien contre les arabes, j’adore le couscous.”
Bref, dommage d’en arriver là.
2- Croyez-moi, la pensée magique de cette femme qui voulait accoucher en pleine nature, je la respecte et je la partage. Quand j’aurai la chance de devenir papa, j’espère que mon enfant viendra au monde en haut du Mont Fuji, le jour d’une éclipse de soleil, entouré de marabouts et de chamans. Seulement, si la santé de la mère ou de l’enfant est en jeu, nous ferons l’impasse sur les gris-gris et les esprits de la forêt.
À bon entendeur !
Je vous embrasse, prenez soin de vous.