Alors voilà.
Le type fait deux mètres il entre dans ton bureau et te plaque contre le mur…
Je sais ce que vous vous dites : “ça commence plutôt bien, genre film porno des années 70.”
Ben non, désolé…
Parce que le type en question, voyez-vous, il t’oblige à lui rédiger une ordonnance de morphinique “tu le fais ou je te défonce la gueule !”.
[…]
Toi, tu essaies de discuter, d’être posé et à l’écoute. Mais non. Il veut tout. Tout de suite. Il arme son poing en arrière, frappe, à côté de ta tête et te dit qu’il va te “démonter la gueule”. Alors tu t’assoies en tremblant, tu prends une ordonnance sécurisée et tu fais la prescription de produits stupéfiants. Parce que tu mesures 1 m 76, pèses 66 kg et que lorsque tu étais enfant, personne ne te voulait dans son équipe de foot tellement tu étais gringalet et nul en sport (vous savez le gamin qui reste sur le côté avec ses bouquins dans les films américains ? C’était moi ! Désolé, c’était la minute “Rémi sans famille” ou “Vivre dans un donjon avec la pneumonie”. Triste histoire, mais histoire vraie !)
[…]
Tu as peur. Quelque chose d’animal, de primaire. Tu lui dis : “Ce que vous faites est grave. À l’instant où vous passerez cette porte, j’appellerai la police.”
Il te dit : “Finis l’ordonnance et ferme ta gueule !”.
(Vaut mieux : j’ai envie de vomir.)
[…]
Soupir.
“Je suis à peu près sûr, maintenant, qu’il n’a pas de carte vitale et qu’il partira sans payer…” ((((((cette dernière phrase est une blague, hein, je précise…)))))
[…]
Les patients en salle d’attente, quand ils te voient sortir tremblant et complètement choqué du bureau dix minutes après : “On a vu le monsieur nous passer devant, entrer dans le bureau, on a entendu des coups et crier et on s’est demandé si on devait prévenir la police…”
[…]
Ben oui bande de sombres cons, vous auriez dû. Après tout, ça ne se fait pas de passer devant tout le monde !
[…]
(Avec le recul je comprends. C’est une chose irréelle une agression, qui excède les petits murs étroits et abrutissants de nos quotidiens. Alors on n’y croit pas quand cela arrive.
Comment se dire “Tiens ! Et si je lisais tranquilou le Gala du 13 juillet 1976 dans la salle d’attente de mon gentil docteur qui se fait déglinguer juste à côté !… Ça alors ! Les Beatles se séparent et Freddy Mercury est gay !…” ?????
[…]
Tu vas au commissariat : “On l’a chopé, il est bien connu des services. Malheureusement, on ne devrait pas pouvoir le garder plus de 24 h. Il avait votre ordonnance sur lui et un couteau. Vous avez bien fait. Il était énervé contre vous et il a dit qu’il reviendrait mais ne vous inquiétez pas s’il vous arrive quoi que ce soit dans les prochains jours on saura à qui s’adresser. ”
Ah merci bien, inspecteur Harry, je suis rassuré.
[…]
Une précision : du début à la fin, les services de police ont été géniaux. À l’écoute, clairs, organisés, rassurants. Je sais qu’on les déteste parce qu’ils nous arrêtent sur le bas côté des routes pour nous taxer 90 € de dépassement de vitesse… Mais cela reste une force démocratique et de paix. Indiscutablement. Ils protègent.
[…]
Au commissariat : “Vous voulez porter plainte ?”
Attention, les amis, c’est LE moment de LA minute “Victor-Hugo-cul-cul-débile” dans ma tête : je pense à
LA SUITE LA SEMAINE PROCHAINE !
(Bruits de tambour comme dans les films à suspense.)
((((( JE VOUS PRÉVIENS, IL N’Y AURA TOUJOURS PAS DE SCÈNE PORNO, ET AUTANT VOUS LE DIRE TOUT DE SUITE : LE GRAND MONSIEUR MENAÇANT NE PAIERA PAS SA CONSULTATION.)))))
Je suis en vie, je vous kiffe,
Baptiste Beaulieu