Une histoire envoyée par une lectrice. J’ai retouché par-ci, par-là, apporté ma patte, mais dans l’essentiel tout y est. Je ne sais pas si c’est mignon, gênant (éthiquement ça me pose quand même problème, mais c’est humain, alors ça a sa place ici…), génial, décalé ou tout à la fois. Ce qui est sûr, c’est une tentative comme une autre de réconciliation de soignant par une soignée ! Ce blog n’ayant pas d’autre buts que de chroniquer la difficulté des relations et communications humaines, il me paraît avoir toute sa place ici. Pensez-y dans vos commentaires… Merci V.
Miss V. m’écrit :
Alors voilà. Autant le dire tout de suite, c’est une histoire d’amour.
Des années que je retenais ma respiration à chaque consultation avec le grand docteur, des années à être pétrifiée à chaque mesure de tension artérielle, des années à réprimer des envies d’enlèvement et de séquestration. Je pensais qu’il avait remarqué mon trouble depuis longtemps déjà, à cause cette traîtresse de tension artérielle qui n’existe que dans son cabinet, à cause de mes bégaiements au téléphone, et de mes réponses brillantes à ses questions du genre “Et vous dormez comment ?” “Ben… sur le côté, Docteur !”
Vous voyez le topo, non ? Mamie à un concert de Frank Michael.
Il faut croire que non, car depuis quelques rendez-vous, le Doc vit dangereusement : il m’attaque au charme. Si, si. “Grave”, comme on dit dans ma banlieue : regard langoureux, voix douce, phrases affectueuses et blagues franchement coquines.
Entre extase et perplexité, je panique. Hého, c’est que je n’ai plus l’habitude, moi. Il fait quoi là, le Doc, hein !? Il veut amortir son défibrillateur ou faire la Une de Détective Magazine ?
Et puis, tout à coup, l’air de rien, comme ça, sans prévenir, il évoque ses difficultés conjugales : Madame ne le trouve plus à son goût. Que dire ? A part que moi, le Doc, je l’ai toujours trouvé bouleversant d’intelligence et d’humanité et pour tout dire sexy. Tellement que j’en ferais bien mon 4 heures, et mon midi aussi, et mon petit déjeuner pour les 30 années à venir … Bref. On se calme.
Un avantage de vieillir, c’est que l’on ne croit plus au Père Noël. Et puis, comme dit ma mère, jamais avare de compliments « c’est quand même pas ton physique qui l’intéresse ! »
Donc, 48 heures et 5 sachets de laitue iceberg plus tard… tout s’éclaire ! Diagnostic différentiel à la Docteur House : “il ne te drague pas, Nounouille : il cherche à se rassurer, nuance.”
Il est triste et il a peur. II pressent un célibat proche, une pension alimentaire, les gardes alternées et les gamins qui pleurent. Alors, il teste son pouvoir de séduction. Comme ça… pour voir… pour plus tard… au cas où… pour connaître sa valeur sur le marché de la barbe… Comme ça…
Ah la la… Humain, trop humain…
Alors, pour le rassurer un peu, j’ai fait ce que je m’étais promis de jamais faire : je lui ai dit tout le bien que je pensais de lui. Si.
Et je n’ai plus de tension artérielle. J’aurais vraiment dû faire médecine (et arrêter d’écouter ma mère…)
Post Scriptum :
Enorme nouvelle les amis ! Pour ceux qui ne me suivent pas sur Facebook (où je l’ai annoncé hier), les droits du deuxième livre “Alors vous ne serez plus jamais triste” viennent d’être achetés par la Pologne. L’éditrice polonaise est tombée sous le charme, je la cite :
” Un livre magique, merveilleux et douloureux. J’étais émue et bouleversée, […] il était tout en moi dimanche. Quelles émotions, quelle tendresse ! […] Quelle idée surréaliste qui est du réalisme magique !…”
C’est très bon signe, d’après mon éditrice…
J’espère que vous aimerez aussi ! Et ce sera le 3 mars en librairie. Je vais faire un petit tour de france pour les dédicaces, je vais où je suis invité, c’est donc à vous de demander aux libraires.
Bises et prenez soin de vous !!!