Message reçu d’une collègue. Je n’ai touché à rien. Ou presque (J’ai laissé volontairement les fautes). C’est pour cela que j’écris ce blog : je vous alpague avec des histoires de vibromasseurs pour mieux pouvoir vous livrer le genre de témoignage qui suit. Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! (*rires diaboliques*). Sì vous souhaitez raconter, c’est ICI !
Témoignage :
“Je me permet de t’écrire ce matin, nuit difficile.
[…]
Je suis un peu perdue et j’ai besoin d’une oreille avertie, si possible connaissant le milieu médical, et qui aura assez d’humanité pour comprendre ce que je ressens ce matin.
[…]
Je suis une petite interne, actuellement en stage dans un hôpital “général”.
Garde aux urgences, cette nuit. Le service ne désemplit pas, les entrées se succèdent, l’attente est longue.
Enfin, vers 2h, le rythme s’apaise. Je suis seule avec l’équipe soignante, je ne dis pas non à une petite pause.
Une infirmière m’appelle dans les étages.
Une de ses patiente est très douloureuse, elle souhaite que je vienne jeter un coup d’œil. Je monte vite fait, j’arpente les couloirs déserts, j’aime ce calme.
J’arrive dans le service. Prend rapidement connaissance du dossier de Mme C.
Pas joli-joli.
Mme C, a 40 ans, un mari, deux garçons de 12 et 15 ans.
Et Mme C n’a pas vraiment tiré le gros lot à la grande loterie de la vie.
Elle affronte depuis des années un vilain crabe, genre costaud, un multirécidiviste, qui a repoussé sans faillir les assauts de multiples chimiothérapies. Il a même eu l’audace de disséminer ses petits un peu partout. Le corps de Mme C est un champs de bataille, infiltré par l’ennemi.
Mme C est hospitalisée depuis quelques jours, cela devenait trop difficile à la maison, trop de douleurs, trop de lassitude.
Je rentre dans la chambre. Je la vois, toute frêle sous les draps. Son visage est cireux, crispé dans une grimace de douleur.
Je m’approche d’elle, lui parle, pas de réponse.
Seulement des gémissements, encore et toujours, comme une litanie.
Sa respiration est difficile, bruyante, forcée.
Je prends sa main. Elle a de toutes petites mains, des mains de petite fille, soignées.
Je regarde ses mains et pense à tout ce qu’elles ont fait : construit des châteaux de sable et de cartes, étreint, caressé, bercé ses enfants.
Autour de nous, le service fonctionne en sourdine: bips lointains des perfusions, ronflements, une télévision un peu plus loin.
Je reste plusieurs minutes, au chevet de Mme C. à lui tenir la main, […]. Je suis tétanisée, au bord du gouffre.
A ce moment, je ne sais pas pourquoi, mais l’image qui me vient en tête est celle du naufrage du Titanic. Les musiciens du paquebot qui continuent à jouer alors que tout est perdu.
J’imagine les organes de Mme C, qui s’éteignent une dernière fois, prêts à subir l’assaut final du crabe, et qui continuent de faire travailler ce corps pour les derniers instants. Ils jouent leur dernière mélodie.
Je ne veux pas que cette dernière mélodie soit une plainte, une souffrance.
Je retourne consulter le dossier avec l’infirmière, qui découvre la patiente en même temps que moi.
Aucune indication sur la démarche à suivre dans ce cas. Nous sommes seules toutes les deux dans cet hôpital peuplé de centaines d’êtres vivants, perdues, et nous devons prendre une décision tellement lourde !
C’est la première fois que je suis confrontée à ce cas (oui, j’ai toujours eu des gardes tranquilles sans vraie urgence !)
Pas de sénior disponible, évidement, ils dorment et ne veulent pas être réveillés.
De nouveaux, ces gémissements insupportables.
Je prends ma décision, soulager ses douleurs avant tout.
Le cocktail classique Morphine-Hypnovel.
Le liquide s’écoule lentement dans les veines de Mme C.
Enfin, au bout de longues minutes, son visage s’apaise.
Nous appelons sa famille, sa maman et son frère, qui sont ses personnes de confiance.
Ils arrivent rapidement sur les lieux.
Leur détresse est palpable, tellement émouvante.
Nous discutons longuement, ils acceptent et comprennent ma décision.
“Faites qu’elle ne souffre pas, je vous en supplie…”
Ils parlent déjà d’elle au passé, dans cette chambre, je suis mal à l’aise. Mme C les entend-t-elle ?
[…]
Mme C est partie chevaucher les arc-en-ciel sur son poney multicolore, au petit matin, dans son sommeil, apaisée par le traitement, entourée des siens.
Apaisée, vraiment ? Ce matin, je suis en plein tourment. Ai-je pris la bonne décision ?
J’ai laissé cette jeune patiente mourir, sans même essayer quoi que ce soit.
Mme C, que voulait-elle vraiment ?
J’ai laissé partir sans lutter une fille, une sœur, une épouse, une maman, une amie…
Avait-elle des désirs qui ne pourront pas être exaucés par ma faute ?
Mon esprit est vide et les images de cette nuit me reviennent en boucle.
Je suis perdue.
Toutes ces années d’études ne m’avaient vraiment pas préparée à ça, je veux dire vraiment pas.
J’espère juste, que Mme C, sur son poney, pourra comprendre et me pardonner.
Voila Baptiste, désolée pour ce pavé, je suis désolée de déposer ainsi lâchement une partie de ce fardeau sur toi, (ce qui n’est pas mon intention à la base, comprenons-nous bien, je ne souhaite pas me dédouaner !) j’ai besoin de parler ce matin, à chaud. Je n’ai pas voulu m’épancher sur le sujet avec mon chef ce matin, la dernière chose dont j’avais envie, était de recevoir en consolation des phrases toutes faites que les médecins aiment bien sortir dans ces moments-là.
Ce matin, je souhaite juste savoir, que quelque part en France, il y a un médecin qui connait mon histoire et, peut-être la comprend.
Je te souhaite un bon week-end.
Et surtout, continue avec toutes ces histoires, n’arrête jamais! ”
Voilà. C’est cela qui se passe la nuit dans les hôpitaux…
C’est déchirant.. Et c’est magnifiquement bien écrit.. Baptiste, Bibi, s’il te plaît, dis lui, à ta collègue, qu’elle n’a rien à se reprocher, que c’est une grande personne qui mérite son titre de médecin.. Elle a en quelque sorte sauvé cette dame, et cette dame a dû se sentir aimée, entourée pas une femme si sensible. Si elle ne me
Lis pas, Bibi, dis lui.
D’une petite interne à une autre interne : actuellement en unité de soins palliatifs, mon chef te dirait que ce n’est pas ta prescription (ou la délivrance pour les IDE) qui a tué la patiente, c’est bien le cancer. Ton intention était de soulager ses douleurs, pas de la faire mourir, même si on sait que ces traitements diminuent la durée de vie (le fameux double effet de la loi Léonetti).
Pas de quoi s’en vouloir, tu as fait ce qu’il fallait!
Je suis infirmière (depuis bientôt 30ans…je n’en reviens pas!) c’est tellement réconfortant de lire ce genre de témoignage! C’est bien de se poser des questions sur ses choix,de ne pas se croire invincible,de continuer à soigner chaque patient comme une individualité.c’est ça le soin et je suis sûre que l’infirmière de cette nuit là se souviendra longtemps de cette petite interne qui a su mettre fin aux souffrances de cette jeune femme…j’ai quitté l’hôpital depuis un certain nombre d’années mais je garde en mémoire quelques internes qui à coup sûr sont devenus d’excellents médecins!!
Je ne suis pas médecin , mais je comprends ton histoire .. Je l’ai vécu en tant que famille. Mon père est parti sur son poney multicolore il y a 10 ans, j’avais 16 ans à l’époque. Je ne connaissais rien au monde médical à ce moment-là mais ma première réaction quand on m’a annoncé sa mort a été de me dire “ouf c’est fini il ne souffre plus”. Il y a des combats qui sont perdus d’avance, l’essentiel est de les perdre en dignité… A présent je suis infirmière, alors oui je crois que tu as pris la décision car j’espère de tout coeur que quelqu’un a eu le courage d’abréger les souffrances de mon père.
J’espère que tu ne perdras pas foi en ton métier car ce sont des gens comme TOI qu’il faut !
Pour moi aussi, ce témoignage me fait écho en tant que soignée plutôt que soignant. Ces projets que cette mère, cette sœur, cette fille, cette épouse, cette amie avait, elle ne pouvait plus les réaliser… Tu n’as rien empêché d’autre que la douleur… Comme Sabrina, quand ma mère est partie, même si j’étais beaucoup trop jeune, j’étais soulagée pour elle. Soulagée de ne plus la voir de plus en plus cireuse, de plus en plus amaigrie, de plus en plus douloureuse, de moins en moins drôle, de moins en moins bavarde, de moins en moins avec nous, de moins en moins elle. C’était dur pour nous, terriblement dur de la perdre. Mais beaucoup moins dur que de la voir souffrir chaque jour en sachant qu’aucune autre issue ne se présenterait jamais. Nous la perdions déjà… Et j’ai une reconnaissance éternelle pour Sandrine, l’infirmière qui était avec nous cette nuit-là. Vraiment, je pense à elle très souvent en me demandant combien de fois elle a dû faire cela, dans l’intimité de combien de famille elle est entrée, discrètement, à petits pas, pour aider, soulager, accompagner, pour que ce soit moins dur, pour le malade comme pour ceux qui restent… Vous faites un métier terrible… Mais pour moi, ces gestes-là sont plus que des gestes médicaux, ce sont des gestes d’humanité. Vous faites un métier admirable, et beaucoup d’entre vous le font si bien! Il semble que ce soit le cas de l’auteure de ce témoignage, et j’aimerais la remercier comme je voudrais remercier Sandrine…
Merci à Martin, IntMG, Isa, Sabrina. Vous trouvez les mots justes et je ne peux rien ajouter, rien dire de plus à cette jeune interne. Juste que j’ai les yeux plein d’eau et que je pense fort à elle.
Ce récit poignant et fort bien écrit rappelle un peu l’histoire fictive contée dans le film Hippocrate…comment faire face à la détresse de ces patients bouffés par des crabes et autres joyeusetés de ce genre….
Il faut beaucoup, beaucoup de courage pour affronter ces situations. Alors j’envoie plein d’ondes positives à cette jeune interne et à tous les autres infirmiers/docteurs qui affrontent ces situations au quotidien.
Le jour où… si la douleur… plus aucun espoir …j’espère qu’il y aura un médecin qui saura m’accompagner … m’aider à partir…
Être médecin pour moi, c’est exactement cela: être là pour aider les patients jusqu’au bout de leur vie. Dans le respect et la dignité…
Alors bravo à ceux qui écoutent et qui soulagent vraiment leurs patients, au- delà des mots…
merci pour ce beau et courageux témoignage… je n’ai rien à rajouter à tout ce qui a été dit plus haut, juste que vous soyez en paix avec le geste qui a été le votre à ce moment là, pour apaiser les souffrances indicibles qui déchirent l’âme et le corps… alors oui, vous avez ” bien fait”.
Baptiste, si tu me lis, je veux bien que tu transfères à ta collègue (et puis aussi, ton blog est génial. Vraiment.):
Il y a presque 12 ans, ma mère, Mme B. (de son nom de jeune fille qu’elle utilisait, mais Mme C. aussi à l’état-civil), 44 ans, un mari, deux garçons de 12 (mon frère) et 15 (moi) ans, se battait contre un vilain crabe dans une chambre d’hôpital.
Je l’avais vue plus tôt dans l’après midi, elle respirait déjà avec peine. Je n’ai jamais demandé les détails de la nuit à mon père et mes grands-parents qui étaient restés, mais quand mon frère et moi sommes revenus, vers 2h du matin, elle ne respirait plus.
En vous lisant, bien sûr, beaucoup d’émotion, même 12 ans après : trop de similarités. Mais une certitude : vous avez bien fait. C’est peut-être la même phrase toute faite que vous donnent les médecins, mais je ne suis pas médecin.
Se battre avec un crabe est déjà difficile. Si le combat s’achève, et que vous ne gagnez pas, autant perdre avec le sourire, et pas en se tordant de douleur. Ne pas ajouter la douleur de votre souffrance à celle de votre départ.
Bravo.
<3
Ma mère est partie comme ça, j’avais 18 ans. Elle n’était plus qu’un tas de chairs souffrantes, elle gémissait continuellement, je suis allée chercher un soignant pour dire, elle a trop mal.
J’imagine que les autres membres de la famille on fait pareil, ce dernier jour où elle est repartie pour la dernière fois à l’hôpital.
Je ne sais pas qui a décidé quoi, je ne sais pas si les médicaments pour la douleur on accéléré ce qui était inévitable. En tout cas, je l’espérais, et c’est ce que je veux croire.
Il a fallu beaucoup d’années pour que penser à elle ne soit plus que penser à cette dernière année – la douleur, la maladie, les traitements et leurs effets secondaires, l’humeur et la personnalité altérées, le corps détruit peu à peu.
Un jour en moins de douleur pour elle, un jour en moins de douleurs pour nous; ça n’a pas de prix.
Faire ce choix-là, et se poser ces questions-là: ça fait de cette collègue un bon médecin, humain.
Alors, en tant que “ni soignante ” et “ni soignée”, j’ignore si je suis vraiment légitime pour apporter mon commentaire mais je me dis qu’on peut toujours apporter à l’autre, peu importe son expérience et son histoire. Alors j’écris.
Je suis peut-être un peu naïve mais… les soignants, lorsque le pronostic vital est engagé et que le patient souffre terriblement, n’est-il pas là justement pour soulager cette douleur ? Je retiens une chose: la patiente est partie apaisée. Chère collègue de Baptiste, vous en doutez ? A la lecture de votre texte, je n’en doute pas moi. Vivre plus longtemps… mais dans quelle condition ? Vous avez appelé la famille, vous avez eu leur accord. La patiente est partie sans souffrir et entourée par ceux qu’elle aime. Elle a eu cette chance.
Hélas, ce n’est pas le cas pour tout le monde.
Je sais que c’est facile à dire mais, ne vous tourmentez pas. De mon point de vue, vous avez fait ce qu’il fallait.
Vous dites: “Toutes ces années d’études ne m’avaient vraiment pas préparée à ça”. Je crois vraiment qu’il n’existe pas d’études qui permettent d’être préparé à cela. J’ignore si on peut l’être un jour. Est ce qu’on n’est pas un peu perdu face à la mort de toute façon ?
Bon courage pour la suite. (Je suis certaine que pleins de médecins liront votre histoire et la comprendront.)
ps: en lisant Hypnovel, mes yeux ont d’abord lu Hydromel. Lapsus visuel révélateur ?
ps2: Baptiste, ah ah ! T’es fort pour nous “alpaguer” ! Vas y continue ! (C’est comme pour nous faire lire de la poésie 🙂 J’aime bien).
hydromel !, mort fine et hydromel, de la douceur de miel dans ces moments terribles, je rêve du jour ou cette charge négative émotionnelle deviendra un acte naturel d’humanisme, un ni plus ni moins, ce jour ou vraiment on aura compris que la mort est un passage vers un autre état, pas seulement qu’un blackout organique.
J’ai pleuré en lisant votre texte. Ce quelque chose de confus qu’on appelle l’émotion. Prenez de la tristesse (beaucoup), de l’empathie, de la compassion par poignées, un brin de crainte empathique auto-centrée aussi (et si c’était moi ? un jour ?), de l’admiration pour votre courage de soignante, oui, votre courage, et cette douceur triste et belle à imaginer que cette personne a fini avec la souffrance. Et vous avez l’émotion, brute, pure.
Ca serre la gorge.
Voilà.
Tant qu’il y aura des gens comme Baptiste Beaulieu et comme vous, jeune interne mais certainement pas “petite”, je continuerai à croire en l’Humain.
Merci
petit mot pour notre collègue…
j’ai pleuré en lisant tes lignes…car cette nuit là on l’a tous vécu un jour où l’autre lors de nos stages ou de notre pratique médicale…alors on ne peut pas l’oublier…tu a pris la bonne décision, j’aurais fait pareil..avoir passé dans un stage en soins palliatifs m’a permis d’apprendre énormément de choses que j’utilise au quotidien en médecine générale perdue dans ma campagne..cette sensibilité envers l’autre et le désir de faire toujours au mieux pour le patient en face de nous…tu as soulagé sa douleur physique et morale, ce qui lui a permis de partir tranquille et entourée des siens et c’est ça qui compte…de là-haut elle te dit merci… je te jure….
et puis j’ai été touchée aussi car tes lignes m’ont rappelé qu’une nuit une interne a aidé ma maman a s’en aller tranquillement…et le souvenir d’une maman avec des traits reposés reste à jamais gravé dans ma mémoire, donc MERCI à toi…ses enfants te seront reconnaissant toute leur vie….
et petit mot pour Baptiste: à quand une visite dédicace en Franche Comté ?????
En tant qu’adhérente et militante à l’ADMD (Droit de Mourir dans la Dignité ), je ne peux qu’apporter mon soutien et mon empathie à cette interne qui a su prendre la bonne décision en accord avec la famille. Je comprends bien sa propre émotion et son questionnement, mais je retiens sa phrase ” mes études ne m’avaient pas préparé à çà ” … Il faudrait peut-être que dans le cursus il y ait quelques heures consacrées à la fin de vie , à l’attitude face à une douleur extrême , enfin à parler de ce à quoi sont confrontés de jeunes internes désemparés. Le médecin doit être là pour aider à mourir quand il ne peut plus aider à vivre.
… et une formation bien ficelée et humaine, car dans la mienne, on a envoyé un médecin en soins palliatifs nous parler d’éthique sur le thème de l’euthanasie et des soins en fin de vie… résultat aucune discussion possible, le grand ponte nous a fait un magistral cours de droit et à chaque question il détenait LA VERITE et faisait bien sentir que si nous osions éprouver des émotions, nous n’avions pas notre place en tant que soignant. Ce qui rajoute une couche de culpabilité. L’horreur. Parfois, mieux vaut être seul avec ses questions, que mal accompagné par ce genre de personnage.
Le crabe a emporté ma mère il y a bientôt 4 ans. Six mois après, mon père a fait un avc. Ils étaient mariés et s’aimaient depuis plus de 60 ans… Des médecins persuadés qu’il fallait le soigner quel qu’en soit le prix, lui ont “sauvé la vie”… Et il souffre depuis 4 ans, porté du lit au fauteuil et du fauteuil au lit, incapable de communiquer d’aucune façon, à part des grimaces de douleur et parfois une larme… Et nous ses enfants, le regardons souffrir dans une “non vie”, sans pouvoir rien faire. Alors, si vous pouvez être un médecin qui sait reconnaître quand il a perdu la bataille et quand il faut accompagner quelqu’un vers le poney multicolore… Tous les enfants du monde qui ne verront pas leur parents partir dans une souffrance intolérable vous aimeront pour votre courage… Parce qu’on ne peut pas nier le poids que cette décision sera pour vous et que vous serez seule à porter, mais pensez à tous ceux qui cessent de souffrir.
Je suis émue aussi par ce témoignage. Et je comprends ce besoin de partager cela, pour avoir été du bon et du mauvais côté de la barrière …. (le bon n’étant pas forcément celui qu’on croit !) et avoir accompagnée en tant que fille et infimière la lente dégradation du glioblastome de ma mère pendant 8 mois .. c’était il y a 4 ans et les images de la fin restent terribles…
Alors comme il y a déjà beaucoup de jolis commentaires que je partage aussi, j’ajouterais juste que tant que vous, chère “petite” mais pour moi “grande jeune interne”, continuerez de vous poser la question : “ai-je bien fait de prendre cette décision ?”, c’est que vous restez humaine et sensible et que vos patients ne seront pas que des n° de dossier ou “des cas” .. Et rien que pour cela vous méritez d’être remerciée !!!!
Bonjour,
Les larmes montent en lisant ce témoignage. Ma grand-mère est morte il y a 4 ans et avec elle, notre enfance. Et son départ a été facilité par l’équipe soignante: une infirmière, de par son expèrience, a su qu’elle allait rejoindre notre grand père et nous a appelé. Nous sommes venus lui dire A Dieu. Sans cet appel, nous ne l’aurions pas revue. Alors oui, la douleur de perdre un être est là. Mais l’équipe soignante a traité ma grand-mère, et nous par ricochet, avec le plus grand respect. Ne vous en excusez jamais d’avoir fait preuve d’humanité, vous avez fait venir un poney multicolore et ça, c’est le plus beau cadeau que vous auriez pu leur faire. Apaisée, entourée de sa famille, c’était le meilleur départ possible compte tenu de la situation! Gardez cette humanité, vous êtes un médecin formidable, n’en doutez pas… Et ne laissez personne vous faire douter!!
Merci d’avoir si bien écrit le vécu.
Comme les commentateurs ci dessus, je crois que votre réponse ( morphine-hypnovel ) ne devrait pas vous hanter !
Je regrette que “les autres” n’aient pas organisé une continuité, une transmission (médicale, infirmière, accompagnateurs). Vous avez été trop seule, surtout pour une première fois, et la malade aussi. C’est le seul point à regrets, et …à progrès… à espoir…
Tout a été dit et je pourrais ajouter +1 aux commentaires ci-dessus. Un mot quand même : si je me retrouve un jour (ou pire, quelqu’un que j’aime s’y retrouve) dans la situation de Mme C. , j’espère vraiment tomber sur une personne qui m’aidera à enfourcher mon poney multicolore dans la dignité.
L’être humain est un sale type. Mal foutu quelque part, le balèze, le pédant, le médaillé, le panthéonisé. Et çà vaut pour les dames, ne criyez pas qu’elles y coupent… Quoi donc ? Mais oui. Leur société s’organise, se régente, se dilapide et arrive à faire fonctionner leur intelligence de manière surprenante. Va dans l’espace et partout où il décide d’aller. Greffe le visage d’un frère mort sur un frère vivant, soigne un rhume, enseigne les subtilités techniques de la médecine à ses enfants… Et rien de tout çà ne le fait progresser variment. Parce que, croyez-le, l’être humain ne sait pas enseigner l’humanisme. Et alors ? Alors on voit qu’une jeune femme ayant sacrifié une belle partie de sa vie à étudier et être diplomée pour sauver une autre jeune femme sacrifiée par sa vie ne demande quelle molécule…à quel moment…ou plutôt une autre…à quel instant…. Mais rien -rien- ne vient la soutenir quand il faut calmer le corps pour le laisser s’échapper enfin l’âme. L’âme humaine. Et voilà une petite entaille dans le cœur de cette jeune femme là, une petite cicatrice sur un cœur comme un trait sur un mur. Faudrait-il payer de ce prix l’entraide, le soulagement, le baume passager dispensé aux semblables ? Et aussi le silence, comme une résignation. Oui, je le dis comme je le pense, on n’a pas le droit de négliger la souffrance que l’on fait là. Tous. Car c’est un fait de conscience universelle. L’être humain est un sale type.
Sauf quand il s’appelle Hervé, Baptiste, et les nombreux commentateurs/commentatrices de ce blog, frères et soeurs d’humanité qui viennent dire à cette interne à quel point elle a été humaine. Je ne sais pas si c’est de l’humanisme ou une crème cicatrisante pour la blessure au coeur de tous ceux/celles qui ont été un jour à cette place… Quoi qu’il en soit, ton texte et d’autres mettent du baume au coeur, pour une fois l’expression est très juste.
merci Hervé.
Dans la phrase “Nous appelons sa famille, sa maman et son frère, qui sont ses personnes de confiance”, le “sa maman” m’interpelle.
La maman d’une personne qui a fait un AVC il y a 6 ans et qui a laissé cette personne hémiplégique et aphasique m’a dit un jour “peut-être aurait-il mieux valu pour elle qu’elle en meure”. Parce que c’est très difficile à cette maman de voir sa fille comme ça depuis 6 ans.
La maman de mon histoire c’est ma grand-mère, la personne qui a fait cet AVC c’est ma maman.
Parfois la lutte n”est pas la solution.
Je l’ai vécu en tant que famille et IDE, et ce qui compte c’est qu’elle n’ai pas souffert. Tu/vous ne l’avez pas tué, vous l’avez soulagé et accompagné, le cancer c’est chargé du reste.
J’ai vécu l’inverse en tant qu’infirmière, laisser crever (franchement c’est le terme) quelqu’un(s) sans le(s) soulager et le(s) laisser s’étouffer sous prétexte qu’on a peur (et qu’on connaît pas la loi léonetti), qu’on a l’impression de tuer la personne (alors que ce n’est pas le cas), c’est pas humain. Si le patient avait été un proche du médecin, ça ne se serait pas passé comme ça.
Si tu me croise (ou ma famille) sur mon lit de mort, fait pareil stp.
Tous (ou presque) les soignants qui ont fait ce genre de choses, ressentent la même chose la 1ere fois (en tout cas c’étais mon cas)
En 1986, mon oncle est mort du SIDA dont à l’époque on ne connaissait quasiment rien. Il a souffert le martyr. Depuis plusieurs jours il souffrait d’une pneumonie. Et il a eu la chance, cette nuit-là, d’avoir près de lui un interne comme vous, “perdu”, mais qui a eu le courage de pousser la seringue.
Je remercierai toute ma vie ce médecin qui a pris la bonne décision. Celle de permettre à mon oncle de partir apaisé, sans douleur, un sourire aux lèvres.
Si j’étais malade, je voudrais être accompagnée par un médecin comme lui, et comme vous.
Merci.
Je suis infirmière depuis 20 ans et vécu de beaux “départs en arc en ciel” en pédiatrie qui m’ont laissé des souvenirs indélébiles. J’ai vécu de mauvais même très mauvais départs en EHPAD où je travaille actuellement. J’ai osé il y a 5 ans demandé à un médecin le fameux cocktail…on m’a accusé de vouloir faire de l’euthanasie… j’en ai souffert mais le pire pour moi a été le patient et toute sa souffrance. Maintenant le médecin a grandit et c’est agréable de travailler avec lui… peut être il y a 5 ans il n’avait pas assez grandit pour comprendre vraiment ce que je voulais.
A l’interne je voudrait juste lui dire qu’elle est une interne qui a déjà grandit et qu’elle fera surement un excellent médecin
Ma mère a été attrapée par le crabe… La souffrance physique , notre impuissance… Que sont des jours d’espérance de vie quand cette vie n’est que douleurs ?
Petit réponse à l’attention de ta collègue.
Aujourd’hui on prend tous une partie de ton fardeau, même si cela ne te déchargera peut-être pas vraiment. Ma belle-soeur est partie à 42 ans parce que le crabe en avait décidé ainsi, 3 mois presque jour pour jour après son mariage ; ma petite cousine a été dévorée aussi à 27 ans par cette bête immonde après s’être battue comme une lionne à 7 ans contre une leucémie qu’elle avait finit par vaincre. Sans doute le crabe n’apprécie pas la défaite. Son cousin l’a suivi de peu à 45 ans…
Dans tous les cas les demandes des malades et de leurs proches était les mêmes : épargner la souffrance du mieux possible. Qu’as-tu fait d’autre cette nuit-là que de répondre à ces attentes ? Le crabe est pervers, et quand la partie est perdue, la meilleure façon de lui faire la nique, c’est de l’empêcher de faire souffrir ceux qu’il emporte. Ce que tu as fait. Et sa main dans la tienne, c’était ça le geste juste. Permettre à ses proches de lui dire aurevoir sans la voir ravagée de douleurs, c’était ça la vérité.
Alors pour elle et les siens, pour mes cousins et surtout pour ma belle-soeur à qui je n’ai pas vraiment pu dire aurevoir, je te dis merci, merci d’avoir fait ce que tu croyais juste et qui l’était.
Mon grand père aussi est parti faire du poney multicolore à cause d’un crabe. Je ne suis pas très émotive mais j’avais les larmes aux yeux en lisant ce texte.
Il n’y a pas de bonnes manières pour enfourcher une monture arc en ciel, mais savoir que nos proches ne souffrent pas, c’est important aussi.
A ce moment là se mêlent chagrin et soulagement parce qu’on sait que l’être aimé s’en va, mais qu’il ne souffre plus. C’est complexe, et côté soignant aussi. Jeune interne, qui que tu sois, où que tu sois, des tas de familles rêvent de croiser la route de gens comme toi. Ça ne réduira pas ta peine, mais là tu as été exemplaire. La famille aura probablement oublié ton visage et ton nom, mais pas ton geste. Courage.
De toute manière, dans le post, la question est “qu’aurais-je pu faire pour la soigner ? “. La réponse, c’est rien, une patience avec un cancer et des métastases, qui souffre, il n’est plus question de soigner depuis longtemps, mais bien de soulager sa douleur… Et c’est ce que votre collègue a fait, et c’est ce qu’il fallait faire… Sans doute que ça a accéléré sa fin de vie (de toute façon, qui arrivait inéluctablement rapidement), mais cela a également soulagé réellement sa douleur…
“patiente”, pas patience…
Steph,
soigner = prendre soin… du soin palliatif, c’est aussi du soin,
faudrait arrêter de confondre soigner et guérir, les soignants souffriraient moins de leur impuissance à guérir s’ils reconnaissaient leur capacité à améliorer la qualité de vie des patients pour lesquels une guérison n’est pas envisageable avec notre niveau de connaissance actuel.
A Votre collègue:
J’ai 47 ans. un mari et 2 filles que j’adore.Un cancer de la vessie depuis 2011. Votre histoire m’a forcément interpellée…
Actuellement, après chirurgie et traitements je vais bien mais je sais que tout peux rebasculer. Et ma plus grande crainte est de devoir infliger à ma famille ce qu’a vécu votre patiente… Alors si celà doit se produire j ‘espère qu’il y aura quelqu’un comme vous pour nous aider c’est certain. Et je suis sure que beaucoup de personnes pensent comme moi.
Vous êtes quelqu’un de bien et vous ferez un excellent médecin, très humain…
Merci.
La première chose à faire est de mettre par écrit vos volontés pour votre fin de vie, de donner cette feuille à votre mari, votre médecin , d’en parler autour de vous et encore mieux d’adhérer à l’ADMD. Au moins il y aura une trace de vos décisions sinon , c’est au ” bon vouloir ” de ceux qui vous suivront ( médecins , infirmières etc …). En vous souhaitant une encore longue et belle vie.
bonjour, j’ai eu la chance de rencontrer une belle personne comme vous, ma mère avait une saloperie au pancréas, de celle qui ne vous laisse que deviner les mois qui vous reste à profiter d’elle avant que cette saloperie de la transforme en douleur, et cette belle personne a compris que je ne voulais pas qu’elle souffre, cette belle personne a sauvé ma mère de la mort, celle qui est moche et qui fait souffrir, elle lui a offert un départ accompagnée de ses enfants , avec un visage apaisé, elle etait belle ma mere quand elle est partie , elle était belle grâce à cet ange en blouse blanche… merci à cet belle personne , et merci a tout ceux qui font ce métier.
Bonjour, et surtout merci… Vous me réconciliez avec les médecins. Je pleure, mais je ne suis pas triste, c’est juste trop beau votre témoignage.
Moi, c’est mon fils qui est parti sur le poney multicolore après quatorze mois de lutte. Si j’avais eu ces produits sous la main, j’aurai moi-même fait l’injection. Il n’y avait que la morphine dans une boîte cadenassée ( des fois qu’on aurait de vilaines pensées). Votre enfant, vous ne pouvez pas le soulager, vous êtes seulement témoin, témoin impuissant.
Je vous souhaite une très belle carrière, vos futurs patients ont bien de la chance. Soyez sûre que le souvenir que l’on garde lorsqu’un être cher s’en va, reste présent très longtemps dans la mémoire, alors mieux vaut le voir apaisé et endormi que crispé de douleurs.
Merci, merci encore de votre témoignage
Il ne faut pas culpabiliser de réveiller les chefs (et d’insister s’il ne sont pas réactifs). Jamais.
Ils sont là pour ça et permettent de ne pas être écrasé, seul, par le poids d’une si lourde décision.
Pour ma part je pense qu’on peut dénigrer notre formation tant qu’on veut mais qu’elle n’est tout de même pas étrangère au fait que tu aies pris cette (bonne) décision.
Tous mes voeux de courage pour le deuil de cette patiente pour qui tu as montré une belle humanité.
Elle a bien fait.
A lire certains commentaires on dirait qu’elle a pratiqué un geste d’euthanasie. On peut y mettre bien des choses derrière le “ce qu’elle a fait”. Peut être est-ce dû à la persistance dans les esprits, même des plus jeunes, d’un “cocktail palliatif” qui pourrait bien s’appeler “cocktail lytique” selon ce qu’on donne comme sens au mot palliatif.
Je pratique les soins palliatifs, notamment en équipe mobile, et j’ai beaucoup de mal à faire disparaître ce “cocktail palliatif” au profit d’une “réflexion palliative”. Que cherche-t-on à faire dans ce cas ? Quel est le diagnostic derrière cette litanie, qui aboutira à une piste de prise en charge ? Douleur ? Anxiété ? Nausées ? Bruits mécaniques expiratoires ?
Pourquoi soulager par un seul et unique remède, à qui on peut attribuer tous les bienfaits et tous les maux à la fois ?
C’est peut être un peu simple de penser que ce bruit correspond à un ras-le-bol, depuis nos certitudes de personne en bonne santé, et a fortiori de soignant.
De ce que je lis, les motivations de cette interne ont été de soulager, avec ce qu’elle sait et du mieux qu’elle pouvait. Le résultat, l’apaisement de la patiente, devrait suffire à la conforter dans ses décisions, et son doute et son incertitude devraient pouvoir la pousser dans une recherche de connaissances/compétences en soins palliatifs.
Par contre, c’est tout autre chose que d’interpréter le soulagement auquel elle a contribué comme un geste “preux et courageux” de mettre fin à la vie de sa patiente, par prétendue Humanité.
Bonjour Vincent,
Je n’ai pas la même lecture que vous. Nous savons tous deux que dans certains cas, la molécule utilisée pour soulager une douleur forte aura comme effet secondaire d’accélérer la survenue du décès (je pense par exemple à l’effet de la morphine sur les métastases cérébrales). C’est pourquoi certains médecins vont privilégier la durée de vie (= le temps passé avec les proches) et d’autres chercher à limiter la souffrance. Je peux comprendre que certains soignants ayant comme cette interne à faire un choix en en connaissant les conséquences, trouvent ce choix douloureux.
Et que certains lecteurs se demandent (comme le législateur l’a fait récemment) ou placer la limite entre sédation profonde et euthanasie… Le principal me semble être de pouvoir en discuter. Votre expérience pour éclaircir ces points sera précieuse pour les lecteurs.
Bonne journée à vous 🙂
Merci Vincent, de rappeler qu’il faut commencer par évaluer sans interpréter, et réfléchir avant d’agir.
Je respecte tout-à-fait les commentaires précédents qui témoignent de cas de souffrance en fin de vie.
Mais on doit parfois faire face à une demande de la famille ou des soignants, qui ne supportent pas l’agonie du malade, alors que les évaluations par critères objectifs montrent que la souffrance et l’angoisse sont correctement pris en charge.
Dans l’esprit de certains, la fin de vie est synonyme de douleur et une belle mort est une mort rapide “sans s’en rendre compte”.
La dignité est inhérente à l’être humain, une personne en fin de vie, même très diminuée physiquement ou intellectuellement, n’est pas moins digne qu’un corps en pleine santé.
Tout comme Libellule, je n’ai pas la même lecture… des commentaires. Il me semble plutôt que ceux-ci reconnaissent la difficulté des choix, le poids des décisions et la tristesse de cette jeune interne. Je n’y ai pas lu d’interprétation de geste ” preux et courageux”, mais plutôt des notes de soutien et d’encouragement dans sa vocation.
Cela dit, votre encouragement à apprendre davantage sur la question est très certainement le bienvenu, et la meilleure arme qui soit pour cette jeune interne, associé à son humanité.
Libellule,
Je trouve faux de vouloir opposer (comme je l’ai compris dans votre message) privilégier le temps passé avec les proches et chercher à limiter la souffrance. Comment pensez vous qu’une personne souffrante, qu’elle soit en fin de vie ou non, profite du temps passé avec ses proches ?
Notre action en soins palliatifs est justement d’apaiser un maximum de souffrances pour permettre à la personne de reprendre possession de son temps de vie, et de lui permettre d’en disposer à sa guise selon ses capacités du moment.
Dans tous les cas notre action est conditionnée par ce qui fait sens pour la personne dont on prend soin. Echanger avec son entourage quitte à serrer les dents par moments ? Eviter toute douleur au prix d’une somnolence plus présente ? Un peu des deux ?
J’espère avoir éclairci ce que vous attendiez de moi !
Merci Vincent,
Je partage votre point de vue, avec des soignants en fin de vie je privilégie le confort à la durée. J’ai dû mal m’exprimer (une fois de plus).
J’essaie juste d’être compréhensive envers cette interne ayant fait seule un choix qui lui a semblé difficile ; ce n’est pas la seule, il y a dans les commentaire une infirmière qui témoigne des “premières fois” douloureuses de plusieurs internes.
Par expérience je sais que certains soignants veulent à tout prix prolonger la durée de vie à la qualité de vie. Souvent l’argument du temps passé avec les proches est dû
– soit au fait qu’ils minimisent la douleur (il y a des études qui montrent que parmi les soignants, nombreux sont ceux qui inconsciemment minimisent douleur et fatigue des patients pour diverses raisons… même si visiblement ce n’est pas votre cas)
– soit à l’idée qu’il faudrait du temps à la famille pour accepter l’idée du décès de son proche (là encore, je pense qu’un accompagnement de l’équipe envers la famille serait mieux, mais parfois les soignants moins expérimentés que vous sont démunis).
Il y a aussi chez certains soignants une longue hésitation entre leur conviction théorique de départ et la mise en pratique concrète, une peur de faire le mauvais choix, un espoir (même irrationnel) que “cela va aller mieux”, une croyance personnelle que la souffrance est rédemptrice, une facilité à “laisser faire la nature” plutôt qu’à s’ingérer dans une fin de vie, ou des tas d’autres raisons de ne pas intervenir.
Votre partage d’expérience et le fait de travailler en équipe, avec une réflexion approfondie sur le sujet, me semblent être des garanties de faire les meilleurs choix, et ce de façon plus apaisée.
Si à l’avenir un de mes proches ou moi finissons notre route en soins palliatifs, j’espère que ce sera dans un service tel que le vôtre… je sais qu’il en existe beaucoup et j’en suis contente.
Tu as fait pour le mieux, rassure toi, il n’y a pas d’age pour mourir, et puis, elle a peut-être eu 35 ans de bonheur, ce qui n’est pas donné à tous ces enfants emportés eux aussi par le crabe. C’est triste et à 70 ans tu te souviendra toujours de cette patiente de 40 ans, mais être Médecin, c’est çà, être souvent impuissant devant la toute puissance de la maladie, mais tu aura des moments merveilleux où tu pourra dire à une patiente “maintenant vous êtes guérie, vous n’avez plus besoin de moi”, et ces moments là tu t’en souviendra aussi pour contrebalancer ces mauvais souvenirs. Courage jeune fille !
Notre vocation est de soulager la souffrance pas de la prolonger et surtout pas contre l’avis du patient.
Un jour pourtant et pendant quarante-huit heure je n’ai rien fait …j’ai laissé faire, continué les soins
par lâcheté .
Le crabe frontal empêchait toute souffrance depuis bien longtemps , heureusement pour elle.
Il m’a fallut deux jours pour rassembler quelques lambeaux de courage; afin d’affronter la peine de mes filles, quand je leur ai dit que leur merveilleuse maman était partie sur un poney multicolore pour ne plus revenir….
Nous devons avoir le courage de penser a nos patient plus qu’a nous même. La connaissance de la maladie ne suffit pas, c’est la connaissance du patient qui peux nous aider…. c’est pour cela que si les réseaux de soins le permettent les patients préfèrent finir leur vie à domicile plutôt que dans le milieu dépersonnalisé des hopitaux où le respect des protocoles n’est pas toujours celui du patient.
Il vous sera toujours plus facile de prendre des décisions pour VOS patients plus que pour ceux de l’hopital.
C’est le grand bonheur d’être médecin de famille.
Il fait si beau..et j’ai pleuré…. ça fait un arc en ciel ça!!!???? Alors oui un joli poney multicolore pour toi l’interne à la décision difficile et pour tous, parce qu’un peu de partage donne du baume au coeur!
Les chefs sont faits pour être réveillés dans de pareils cas. Cette décision là, tu n’aurais pas du avoir à la prendre seule. Même avec un peu d’expérience, les questions se posent toujours, les décisions sont difficile. Nous ne sommes pas dieu. La prochaine fois, tu as le droit de réveiller te chefs, il faute que tu les réveilles, la prochaine fois même à deux heures, tu as le droit de mobiliser celui qui se charge de cette patiente, le réanimateur, la cavalerie.
Je crois que tu as bien fait, je suis sûre que tu as bien fait. Elle a été soulagée, tu as agi, tu as pris tes responsabilités. Et tu en assumes le poids. Ca ne change pas trop en grandissant. On garde ces doutes. Même à plusieurs. Même devant des situation pires et des gens isolés grabataires déments, il reste un doute. Tu apprends ton métier. Ni jamais tout blanc, ni jamais tout noir, semé de questions, de douleurs, avec des décisions qui ne sont ni bonnes ni mauvaise. Ce ne sont pas les ECN, parfois on a juste fait ce qu’on a pu, mais on a l’impression d’avoir faux quand même…
Bon courage pour la suite.
Maud.
Si un jour, quelqu’un de ma famille, ou moi-même, se retrouve dans la même position que Mme C., j’aimerais bien que quelqu’un comme vous prenne la même initiative.
je ne vois pas pourquoi tu termines en disant que tu n’as rien fait. on t’appelle pour une douleur incontrolee. Tu controles la douleur. N’est ce pas exactement ce qu’il fallait faire?tu lui as rendu une mort “paisible” et pas grimacante de douleur comme elle aurait pu l’etre. Il est la notre devoir. soulager. tu n’as pas poussé une seringue qui l’a tuée. tu l’as apaisée. Et c’est différent.
mais pourquoi n’apprend on pas dans les facs de médecine que la mort est une étape normale de la vie et que soigner veut aussi dire prendre soin… prendre soin de la personne meme quand la maladie a gagné. cette jeune interne a simplement appliqué la loi avec humanité, aider l’autre à ne pas souffrir et lui prendre la main pour lui dire qu’il n’est pas seul. Elle a été juste, dommage qu’elle ait été seule et pas préparée. Mais ça façon d’en parler montre qu’elle a su et qu’elle saura…
Il me semble que tout étudiant en médecine devrait faire un stage en soins palliatifs; un prendre soin différent, plus près du malade, dans une acceptation de la mort inéluctable.
http://www.vivantsensemble.com/archives/2015/06/03/32163288.html
Le témoignage du lien est très réaliste.
@untel: le témoignage du lien est réaliste parce qu’il est la réalité de ce que je vis chaque semaine dans une unité de soins palliatifs. la vraie vie. Jusqu’au bout.
Comme moi en EHPAD 🙂
ma mère est morte d’un cancer du pancréas le 23 décembre 2014. Quand elle a estimé que c’était le bon moment pour elle de partir, elle a dit à ma soeur qui la veillait: “Poison. Musique”. Ma soeur a appelé les infirmières du centre de soins palliatifs. On a administré à ma mère un petit calmant et une dose supplémentaire de morphine. Ensuite, ma soeur a passé à ma mère les cantates de Bach qu’elle aimait tant. Sa respiration est devenue de plus en plus faible. Elle est morte tout doucement, en paix et en musique. Quelques heures auparavant, elle avait raconté à ma soeur qu’elle venait de voir un couloir débouchant sur une belle lumière, et qu’elle avait envie d’y retourner…
Je suis infirmière, dans un service où il y a beaucoup de crabes.
Cette douleur physique, cette angoisse que ressent le patient à l’aube de chevaucher une licorne, elles sont insupportables, pour le patient premièrement, mais aussi pour la famille et les soignants.
Accompagner quelqu’un vers l’au-delà, c’est lui permettre d’y aller sereinement.
Le cocktail n’est pas LE geste qui active le grand voyage, c’est LE remède à la souffrance. Certains en profiteront pour vite faire leurs bagages, d’autres prendront leur temps. L’essentiel est d’arriver à destination le visage détendu et calme d’esprit.
Alors voilà.
Merci d’avoir partagé avec nous.
Ma mère a souffert un an d’un crabe du pancréas, terriblement les six derniers mois. Elle était vieille et je la gardais chez moi tant que je pouvais. Pas de place en soins palliatifs. Pas de place à l’hôpital. Chez moi, j’étais épuisée. Et seule. J’aurais aimé que un accompagnement digne d’un être humain soit fait. Mon chien n’a pas autant souffert qu’elle qui s’accrochait dans ce no man’s land hostile entre coeur qui bat encore et départ. Plusieurs hôpitaux, parfois très loin de chez nous. L’ultime rendez-vous à eut lieu une nuit du 29 décembre 2013. Un squelette. Alors, voyez vous je vous remercies vous qui osez ne plus laisser souffrir ces personnes qui ont déjà tout donné.
Bonjour Bibi,
Encore une belle histoire et beaucoup de commentaires : intéressants, émouvants, argumentés, vécus, tristes, sans parti pris …..
Alors voilà : J’aime VRAIMENT ce blog et les personnes qui interviennent !!!!
Merci à vous tous
La bise
la bise aussi Grand ! (et pis moi j’aime bien quand ça pique un peu 😉 )
Ahouimaisnon !
Pas la bise qui pique ! pas d’accord, même pour le Kipiqpaquidit, non !
T’as raison Libellule, peu importe que ça pique (même un peu), les bises font toujours plaisir !
Bises à tous aussi 🙂
C’est clair !
En + on a pas encore vu débouler le troll habituel sur ce type de sujet !
ça vaut bien une tournée générale de bises supplémentaires !
🙂
Chère Madame,
comme j’aurais aimé que mon père ait une personne comme vous à ses côtés(deux mois en soins palliatifs,à attendre, retrouvé par terre (l’équipe fêtait un anniversaire, pas le temps de remonter les barrières du lit) à quoi sert cette si longue attente, sinon à épuiser le malade, sa famille, l’équipe soignante ?
ce n’est pas par hasard si vous étiez là, cette nuit là, pour accompagner cette femme, et lui permettre de partir.
cordialement,
Evelyne
J’en pleure… c’est beau, intense, franc et dur. La vie de ceux qui prennent soin de leur congénères n’est jamais facile, mais elle est riche: riche de douleur, riche de d’émotions, riche de peurs, de rire, de hontes, de doutes. Cette vie, je crois que nous l’avons choisi de façon instinctive (si tant est que l’instinct existe) car nous avons tous su percevoir cette richesse qui s’offre à nous tous les jours de notre vie professionnelle. Mais elle nous coûte aussi cher,en temps, en énergie, elle éprouve nos limites… cependant je crois fermement que grâce à elle, nous devenons meilleurs, parce que nous apprenons chaque jour, au contact de ceux qui souffrent, ce qu’être un humain signifie, profondément, viscéralement. Cette “condition humaine” peut sembler haïssable par tout ce qu’elle suppose de douleurs, mais rien ne saurait nous offrir plus de magnificence que ces petits instants merveilleux où la vie nous donne ses leçons, où elle nous fait taire devant l’extraordinaire simplicité mais l’immense beauté de ce miracle sans cesse en mouvement: la vie elle même.
Je suis ce blog depuis quelques temps déjà, je tiens à remercier la personne qui à écrit ce texte, il m’a ému jusqu’au plus profond de moi même, et je veux saluer l’initiative de Baptiste Beaulieu qui tisse, jour après jour, la toile de l’univers effrayant et magnifique des histoires de vie. Merci à tous ceux qui font que cette histoire est possible.
Med-O.
P.S: désolé pour l’envolée lyrique,mais vous êtes tous importants pour moi… je veux dire vous êtes VRAIMENT importants.
On ne devrait jamais s’excuser pour une envolée lyrique. On ne devrait pas s’excuser quand c’est beau.
J’aime bien l’idée de l’extraordinaire simplicité d’un miracle. Oui… je trouve que ça décrit plutôt bien la Vie.
Et j’aime aussi l’image de Baptiste tissant jour après jour la toile de l’univers des histoires de vie. C’est joliment décrit, ça me fait penser à certains personnages de contes fantastiques, tels que Vairë (une des Valar dans les contes de Tolkien). Elle tisse les évènements à venir dans ses toiles qui tapissent son palais. (Je pourrais l’imiter, imprimer les histoires du blog et en tapisser mon appartement, mais…je sens que ça ferait moins classe).
Merci Med-O pour votre commentaire et votre “envolée lyrique” 🙂
Merci à vous de votre indulgence… j’écris rarement (en public!), mais parfois il faut que “ça” sorte, quand c’est urgent, et savoir que d’autre apprécient les mêmes choses, ou ont une vision similaire à la mienne fait du bien… merci beaucoup!
Pour moi aussi, vous êtes important…
merci…
J’aimerais avoir votre talent d’écriture pour vous dire aussi à quel point je partage votre avis…
Nous avons de la chance que vous soyez sorti(e) de votre réserve.
vous aussi êtes très important(e)
Merci à vous, je ne m’attendais pas à susciter de telles réactions. Personnellement, je crois que le style importe peu,l’important est d’écrire “vrai” sans faux semblant, sans essayer de faire autre chose que de dire sincèrement ce que l’on veut faire passer… donc n’hésitez pas! et merci encore de votre commentaire positif!!
Ce genre d’échanges sur le blog, ça me donne une patate ! Non, vraiment, ça fait du bien.
ton avatar a toujours l’air d’avoir la patate, chère Julie 😉
C’est vrai ! 😀
bravo à cette jeune interne. J’ai déjà vécu cette situation (je suis infirmière) et ils ont été plusieurs à me répondre qu’ils ne pouvaient pas décider, que ça devrait attendre le retour des médecins du service. Je les comprends bien sûr. Ce ne sont pas eux les fautifs mais bien l’absence de senior d’astreinte disponible et de consignes dans le dossier. Elle a été courageuse et les doutes qu’elle émet montrent combien sa réflexion était bien menée et aboutie. Si j’avais été ton infirmière cette nuit là, je t’aurai proposé un chocolat chaud, un gâteau et un câlin (oui, parce que pour consoler de tout jeunes internes qui prennent tant de décision importante, parfois je ne connais que le câlin). Bonne route à toi, continue à te poser les bonnes questions et à être si humaine.
Parole d’Infirmière : http://la-bas.org/la-bas-magazine/videos/video-lettre-d-une-infirmiere-a-martin-hirsch-version-video
Tout est dit. Merci de ce partage l’ami !
Je viens de découvrir un ” auteur-photographe ” qui lui aussi décrit des moments d’humanités bouleversants :
http://www.huffingtonpost.fr/frederic-bourcier/mon-pote-a-cinq-euros-temoignage-du-mois-de-juin_b_7549916.html
On regarde les clodos différemment après …..
Bonjour à tous,
je peux vous dire, en tant que bête humain, pas médecin, pas infirmier, rien de médical quoi, que ç’est une vraie délivrance, de savoir que vous existez, vous tous ici.
Merci.
Je ne suis pas médecin. Je suis un simple humain. Vous avez pris la bonne décision. Soyez-en certaine.
Ma mère est morte d’un cancer (zut ! appelons un chat un chat) au cerveau en août 2014.
Foudroyant, après 2 mois.
Le cancer c’était déjà moche, mais les conditions d’hospitalisation était pire. Le service onco ressemblait à un mouroir et avec la chaleur, on se serait cru à Bombay (chambre microscopique, pas de climatisation, 42° dehors… les ventilateurs qu’on amenait était le seul truc pour rafraichir la chambre où ma mère mourait).
Période estivale; le personnel soignant changeait tous les 2/3 jours, les seuls qui étaient plus ou moins permanentes étaient les bénévoles et les femme de ménage. On a reçu plus de témoignage d’humanité de la part de ces dernières que des infirmiers et des médecins.
Quand on nous a posé la question, à tour de rôle, on a tous dit “oui” pour que Maman soit tuée (euthanasiée ? qu’on abrège ses souffrances ? cf le point “chat”), conformément à ce qu’elle avait toujours voulu (et qu’elle ous avait supplié de faire si elle perdait la tête. Elle a perdu la tête. Aucun de nous ne lui a donné de coktails, on a attendu que les médecins augmentent les doses).
Elle a encore mis plusieurs jours à partir, jusqu’à cette nuit où, après une journée à la veiller, on lui a tous demandé de partir, d’arrêter cette souffrance.
Alors en lisant ce témoignage, alors qu’il fait très chaud dehors, et qu’à présent je bosse aussi en hôpital, je me suis retrouvée projetée 05 ans en arrière, à revoir cette chambre, à étouffer de colère.
Colère face à la maladie qui frappe, mais surtout face aux traitements autour.
Merci à cette interne, et merde (désolée Baptiste) à ces gens qui ne nous laissent juste pas signer ce foutu bout de papier qui nous permettrait de respecter notre volonté.
Maintenant, je vis en Belgique et j’ai droit à l’euthanasie si moi aussi, je vis ce que ma mère a traversé.
Question de qqun qui n’est pas médecin à celles et ceux qui ont étudié pour le devenir: avez-vous eu au moins un cours, un stage qui concerne le soin palliatif ? Ou bien on passe quasi 10 ans sur les bancs de l’école et de l’hopital en zappant ce qui concerne la mort et la façon de s’y préparer ?
Je ne parle même pas encore d’euthanasie, je parle de soulager la souffrance physique et psychique, celle du patient, et aussi de son entourage. Je parle de respect: c’est sa vie au patient après tout ! et c’est aussi sa mort !
Même un vétérinaire sait que quand l’animal souffre, le maître de l’animal souffre aussi (enfin on suppose puisque ce dernier a pris la peine et l’argent pour consulter le vétérinaire afin de soigner l’animal). Et un véto intelligent (se) pose la question de l’acharnement thérapeutique; et après avoir, s’il le faut et si c’est décidé, piqué votre compagnon animal il vous propose au moins un kleenex ! Alors qu’est-ce qu’on apprend en fac de médecine ???
merci Bibi pour ton blog; merci à ton amie interne d’avoir osé écrire son expérience; courage à tous les soignants et à toutes les familles confrontés à ces choix de vie – et de mort. A leur donner je n’ai pas de réponse, juste de la compassion.
Papa est parti sur son poney multicolore le 29 février de l’an 2000… Une date pareille, allez savoir … Cette journée a été pour moi la fin d’un cycle. Un adieu que l’on ne souhaite pas faire mais qui nous est imposé par ce que l’on appelle : les aléas de la vie. Le crabe avait eu la bonne idée de se loger dans la cage thoracique question de grignoter les poumons à petit feu. Papa est parti, encore jeune, sans savoir qu’il allait mourir… Il avait trop peur de demander à son oncologue alors il me l’a demandé, à moi, dans les yeux. Merci à la pilule de bromazépan que j’ingurgitais avant d’entrer dans sa chambre, elle me faisait planer et elle m’a permis de répondre en le regardant dans les yeux : t’inquiète papounet tu vas guérir. Lui qui m’avait interdit de mentir… J’avais 37 ans… Les murs de la « famille » se sont fissurés…
Huit ans plus tard c’est maman qui est partie sur son poney multicolore. Toujours ce vilain crabe qui cette fois se régalait de son pancréas… Tout comme papa, elle n’a pas voulu savoir… Rapide, qu’ils m’ont annoncé… pas faux. Ce méchant crustacé qui se faisait un festin de ses viscères, a mis trois mois et demi à sonner le gong final.
J’avais 45 ans … Encore une fin de cycle – Le toit de la « famille » s’est effondré. Il ne reste plus grand-chose de leur maison, juste les fondations… Les parents ne sont pas éternels.
On ne se dit pas assez les choses de notre vivant, on se torture pour pas grand-chose, on court après des rêves et un jour il est trop tard… Dès la naissance on devrait nous dire : vit cette journée comme si c’était la dernière, il y aurait peut être moins de regrets.
Pour ma part la maladie était tellement méchante avec mes parents que j’ai souhaité leur voyage afin de LES soulager, afin de ME soulager. Suis-je une mauvaise fille ?
Le corps médical a été là du début à la fin. Il y a les gentils. Toujours un mot, un geste, un regard qui nous font comprendre qu’ils sont là, qu’ils comprennent, même s’ils ne peuvent pas faire de miracles. Et puis il y a les autres… froids, distants… La maladie créant une certaine intimité on apprend à les découvrir, à les connaître… Ce sont des tortues… Mais oui vous savez ces chéloniens protégés par leur carapace. A l’hôpital ils utilisent leur blouse blanche comme bouclier. D’ailleurs, pourquoi les blouses des soignants sont blanches ? Pourquoi pas mauves, rouges, jaunes, dorées ? Ce serait tellement plus gai !!
Merci Baptiste d’avoir créé ce blog
Merci pour votre livre il m’a fait sourire, il m’a fait éclater de rire, il m’a fait pleurer.
Merci de désacraliser les blouses blanches en montrant que sous les « uniformes blancs » il y a des hommes, des femmes… avec un cœur, avec des sentiments, avec des regrets
Merci de nous montrer que vous n’êtes pas des Dieux, juste des HUMAINS. .
Je suis émue… Aux larmes.. Seule dans ma cuisine, avec le bruit des oiseaux pour me tenir compagnie. Et je pense à ce jeune médecin, seule face-à-face la souffrance avec pour bruit de fond le triste Bip-bip du monitoring.
Je voudrais vous apaiser et vous dire que cette patiente avait besoin de vous pour l’aider dans ce terrible passage. Et vous avez été humaine, vous avez fait ce qu’il fallait. J’ai imploré le médecin lorsque ma maman était en fin de vie. Ses souffrances étaient insupportables pour elle et pour nous. Elle ne voulait plus vivre. Nous avons respecté. Soyez en paix avec vous-même jeune médecin dont je ne sais rien. Vous avez été humaine et très pro. je vous embrasse
Je découvre ce jour le site et notamment ce témoignage poignant.
Je vous admire pour ce que vous avez fait. Vous avez été humaine. Vous avez raisonné en vous posant les bonnes questions “et si c’était mon grand père, ma grand mère, mon père, ma mère, mon frère, ma sœur ou même mon enfant….” Si un jour j’ai besoin qu’on prenne une décision pour moi, j’espère qu’elle sera dans ce sens. Surtout ne perdez pas votre humanité au fur et à mesure de votre carrière. Continuer à être telle que vous êtes. Une personne magnifique qui a un cœur et ne raisonne pas “la vie à tout prix”. A un moment, il faut lâcher prise et aider les personnes à partir sans souffrance et dans la dignité.
Bonsoir,
en lisant ce message-témoignage, je vous envoie ce lien à copier-coller :
http://www.bernardmariedupont.com/#!c-est—lire/qtggf
bien courageusement à tous