Alors voilà, mon premier patient vient pour un bouchon de cérumen. Je ne suis pas très réveillé, je fais du mieux que je peux avec la poire, évacuant de son oreille des petits morceaux d’une sorte de craie jaunâtre.À la troisième tentative, je baille, je me demande si j’ai pensé à régler un truc en rapport avec des travaux et une coupure d’eau à la maison (spoiler : la réponse est NON), du coup j’oublie de boucher la sortie d’eau de la poire, je presse et me retapisse la chemise d’une sorte de boue cérumineuse.
(Vague impression d’être Daryl Hannah dans le film “Splash”).
Je suis comme ça : photo 1.
Dixième patient : un bébé. Je l’examine, on papote avec la mère, ça a dû ennuyer le poupon, qui décide d’uriner sur mon pantalon. Cash.
“Vas-y petit, secoue toi la salade sur Tonton Baptiste, change-toi l’eau des olives sur le Docteur, il ne dira rien, c’est le métier qui rentre !”
J’essaie de nettoyer ledit pantalon… avec de la solution hydro-alcoolique (mais pourquoi ?) et du septal (?!?!?… je me déteste tellement, parfois).
Je suis comme ça : photo 2.
Sortie du cabinet. Flemme de me faire à manger, allons prendre des nouvelles du petit traiteur chinois en bas de ma rue. Dans la queue, le type devant se tourne, se raidit, projette tout le contenu de son jus de lychee sur moi, puis bascule en arrière. Épilepsie. J’attends les pompiers avec lui.
Résumons: j’ai sur mes habits,
1-Du cérumen
2-Du pipi de bébé
3-Du jus de lychee.
Ce ne sont plus des habits, c’est un Jackson Pollock : Photo 3.
PS 1 : demain, j’amène des habits de rechange.
PS 2 : OUI, en rentrant, j’avais une coupure d’eau. J’ai nettoyé mes fringues à la main et à l’eau minérale, en éprouvant TROIS sensations bien distinctes :
1- une certaine reconnaissance pour les machines à laver le linge,
2- une infinie compréhension pour les lavandières des temps jadis,
3- un vague (et très fugace) désir de mourir.
Mais, maintenant, ça va mieux.
Je suis comme ça :
PS 3 : une de ces photos n’est pas Photoshoppée. Vous ne devinerez jamais laquelle !
PS 4 : je remercie Mme Marcellin qui m’a posé un lapin au cabinet, me donnant ainsi l’occasion de vous révéler toute l’étendue de mon talent sur Photoshop…