(Photo : Picasa)
Ils sont une dizaine quand j’arrive devant la porte du cabinet où je fais de temps en temps de petits remplacements.
— Bonjour, le docteur Ranchan n’est pas là, elle s’est blessée et s’est fait mal, dis-je en farfouillant dans mon sac pour sortir les clefs.
Je ne sais pas à quoi je m’attendais. Mais j’aurais préféré quelque chose de plus humain qu’un banal :
— Ah mais y a quand même un doc ?
C’est cool d’essayer d’être un soignant bienveillant, mais le coup de ne MÊME pas demander des nouvelles, ça me reste en travers de la gorge.
Le docteur Ranchan est géniale. Douce, présente, concernée.
Clairement, ils s’en battaient la raie de son état.
— Avant tout, on va ensemble souhaiter un bon rétablissement au docteur. À 3, on chante ensemble. Allez : 1,2,3 !
Ils ont chanté « Bon rétablissement docteur Ranchan !!! ». Sur le trottoir.
Je n’oublierai jamais. Parfois, tu te dis : « je peux soigner trente ans au même endroit, accompagner des familles, tenir dans mes bras les bébés de femmes que j’ai moi-même tenues bébé dans les bras trente ans plus tôt, si je meurs demain, ils reprendront deux fois des moules en cherchant sur l’annuaire un médecin dans le coin ».
Parfois, t’essaies de faire bonne figure, tu te drapes dans ta vocation, mais ta blouse ressemble de plus en plus à ça :
Y a des jours comme ça, heureusement il y a les autres jours aussi, le jour où un patient très malade se préoccupe surtout de son médecin qui a l’air fatigué, le jour où une patiente à qui son médecin annonce un cancer du sein le console en lui disant, ça va aller, lui dit c’est dur de devoir annoncer ça, je comprends, ça va aller, je vais m’en remettre. Et en effet, je m’en suis remise.
Bienvenue dans l’espèce humaine Baptiste… et plus tu vas vieillir (enfin prendre de l’expérience) plus tu seras désabusé.
Désolé.
En fait leurs remarques s adresse non pas à la personne que représente la fonction de médecin.
Mais c est vrai que la fonction et la personne c est un tout. Bon courage
Non ce n’est pas général et tant mieux… Quand on est simplement “normal” notre médecin fait partie de notre vie et on s’inquiète pour lui, heureusement.
Mon docteur (Claude Merlin parce que oui, il mérite d’être dés-anonymisé :p) Me suit depuis que j’ai 6 ans soit 32 ans… Depuis 5 ans environ il le fait en alternance avec sa fille (Christel Merlin-Marx) qui est venue le rejoindre après avoir elle aussi mené à bien ses études de médecine. J’ai déménagé à 1h de chez lui et pourtant je n’ai jamais envisagé de choisir quelqu’un d’autre pour référent (même si c’est parfois galère de m’y rendre.(Et qu’en cas de rhume je vais quand même voir quelqu’un de plus proche :p). Il n’a jamais porté de blouse, mais un regard bienveillant et attentif ça oui. Nous avons eu des désaccords, il a parfois fait fausse route, pas toujours compris mes actions/inactions… Mais il m’a toujours accompagnée dans mes choix prenant toujours la peine, lorsqu’il le fallait, de m’expliquer le pourquoi du comment. Il a tout mon respect et toute ma confiance, et sa fille est bien partie pour devoir me supporter jusqu’à ce que je passe l’arme à gauche. je sais son goût pour les musiques des sixties mais aussi du classique, son amour immodéré pour son petit-fils, sa passion des chats, ses petits problèmes de dos et d’estomacs. Et je n’oublie pas que j’étais une petite fille un peu amoureuse de lui 😀 (Sa femme qui a longtemps été sa secrétaire est au courant hein, ça va elle ne s’en est pas inquiétée :p). Bref, ce #mavie juste pour dire que s’il mourrait demain ce bien plus qu’un médecin à remplacer que je perdrai. C’est un homme avec une blouse lumière.
Parfois, aussi, ben… on a l’impression que le médecin ne tient à créer le lien…
La remplaçante de mon doc est une “fixe”. Elle est là 2 jours/semaine au minimum. Ils sont top tous les deux.
Elle est partie en congé mater, pour son 3°.
Ayant peu ou prou fait les calculs, je demande des nouvelles au médecin, à l’occasion d’une visite… et il m’a certes dit “ça va”. Mais… j’ai eu l’impression que ma question dérangeait, comme s’il était humainement anormal de se soucier de la santé de son soignant.
Je suppose qu’il veut maintenir une distance. Je comprends… mais du coup, je n’oserai peut-être pas demander, une prochaine fois…
Mais on souhaite évidemment bon rétablissement au Dr Ranchant.
Hélas, oui, comme dit Nicolas, ainsi est la nature humaine !
Auxiliaire de vie sociale pendant 20 ans, j’ai partagé les tranches de vies et émotions de nombreuses personnes qui semblaient beaucoup m’apprécier, et qui comptaient aussi beaucoup pour moi (les “départs” répétés sont durs à encaisser dans cette profession). Personnes adorables pour qui je devenais généralement “transparente” quand elles avaient de la visite, et inconnue quand elles faisaient des fiestas, anniversaires ou crémaillères. On se dit “ok, je suis payée pour ça, je ne suis pas leur “vraie” copine”…
Partie pour maladie professionnelle (rupture de la coiffe des rotateurs), aucun n’a jamais appelé pour demander de mes nouvelles, et quand le hasard nous réunissait, le sujet était de m’informer sur les capacités de la personne trouvée pour me remplacer, et savoir quand j’allais revenir. Ça a fini en invalidité puis retraite anticipée.
Alors voilà, l’amertume n’est pas loin, mais on en chéri d’autant plus les moindres témoignages de reconnaissance ou d’affection qui nous reviennent, trop rarement. C’est ceux là qu’il faut se rappeler !
Je rebondis sur votre message car j’ai constaté ce que vous décrivez (et parfois avec des personnes très proches – famille, amis -) de la part de personnes âgées. Pour certaines d’entre elles, oui, c’est de l’égoïsme. Mais dans un bon nombre de cas, pour les septua-octo-nonagénaires, c’est une question d’éducation : on leur a appris que poser des questions, ça ne se faisait pas, c’était malpoli. Le principe, jadis, était souvent : “si quelqu’un veut te parler de ses problèmes, il le fera, mais ne demande jamais, la vie privée des gens ne te regarde pas.” Du coup, demander quand vous alliez revenir était peut-être, indirectement, une manière de manifester leur intérêt pour vous, de vous donner l’occasion de parler, aux yeux de certaines des personnes que vous aidiez…
Je ne suis pas d’accord du tout ! Cette génération posait les questions ,par politesse.
Ce qui ne se faisait pas était de faire part de son propre état, de ses angoisses, de ses soucis… Bref, parler de soi était en effet “inscrit” dans l’éducation, cela ne se faisait pas.
Et, il n’y avait pas de psys à l’époque, donc il fallait “encaisser” tous les malheurs, gros ou petits.
Mais, il faut dire que cette génération avait fait la guerre (mes parents étaient de 1917), pas le temps de s’apitoyer, de se regarder le nombril.
J’ai eu des frères et soeurs très fragilisés par cette éducation rigide. Hors de question d’aller voir un psy. Je n’ose vous parler des réactions de mes parents, incapables de comprendre…
Chère Hallé,
Je me permets aussi d’incriminer le système car une vieille dame de mes connaissances (97 ans) demandait toujours des nouvelles des aides qui venaient chez elle et l’une d’elle lui a avoué que sa hiérarchie lui a interdit de parler de sa propre vie… Que faut-il faire alors ?
Je propose quelques notions de psychologie élémentaires pour tous ces gens.
Les choses ne sont peut-être pas aussi noires que vous les ressentez. Ces patients ont été pris de court devant vos paroles ; ils sont peut-être charmants avec le Dr Ranchan et ont regretté ensuite de ne pas avoir demandé de ses nouvelles.
Les gens ne sont jamais aussi mauvais ni aussi bons qu’on pourrait le croire sur une impression rapide d’une situation particulière. Ils étaient peut-être gênés de vous interroger, perdus dans leurs problèmes, de santé et autres. Des gens rassemblés par hasard devant une porte ne constituent pas un groupe et chacun en ce cas reste sur son quant-à-soi, et, pour peu qu’il ne soit guère bavard, évite de prendre une initiative.
Combien de fois se dit-on après coup qu’on aurait dû faire ceci ou dire cela devant une situation inattendue qui nous a laissés sans voix. Ne cherchons pas la perfection chez tous les hommes.
Votre idée de les faire chanter n’est pas forcément géniale : fallait-il les obliger à afficher une empathie artificielle et ainsi la déprécier si elle existait déjà ? 🙂
ANalyse intéressante Philippe Renève. Votre point de vue me plait.
Selon la madie que l’on a, on est plus ou moins égoïste (cela n’excuse rien) mais c’est la vie.
Je trouve cela très bien de rappeler quelques règles de politesse ou d’empathie, comme le font les vendeurs lorsque vous les abordez avec vos questions avant de dire bonjour et excusez moi de vous deranger…il m’arrive de me faire reprendre et je m’excuse gênée. Certaines piqûres de rappel sont nécessaires et j’approuve votre initiative… Les docteurs n’ont pas des horaires de fonctionnaires, et meritent notre admiration pour leur devouement. Et que l ‘on ne me dise pas que c’est pour l’argent car je sais que les impôts ne les épargnent pas, loin de là.
Alors là vraiment non! Le “BONJOUR “de ces vendeurs sous entendant que vous etes le denier des malpolis quand on demande du bout des lèvres :je vous pris de m’excuser mais où se trouve la farine de seigle?
On gratte dans le rayon côte à côte depuis 10mn et il faudrait dire bonjour avant de s’adresser la parole???
Je suis désolée mon commentaire est sans rapport avec votre texte(très juste comme toujoirs ) Baptiste mais ces BONJOURS ont vraiment l’art de m’horripiler.
Moi aussi je ressens le bonjour de ces vendeurs comme agressif: il ne suffit pas du mot, l’intention doit accompagner …c’est même le + important
De mon côté j’ai mal compris que mon médecin référent depuis 10 ans soit parti à la retraite sans m’en avertir et sans me proposer un remplaçant…je n’ai donc plus de médecin référent …..Heureusement il y a mon MERVEILLEUX homéopathe.
“Les docteurs n’ont pas des horaires de fonctionnaires” : les personnels de la fonction publique hospitalière apprécieront ^^
Ca veut tout et rien dire “des horaires de fonctionnaires”. Mais surtout rien.
Absolument pas d accord avec Lorraine
Cette stupide coutume sociale de dire « bonjour » pour tout, à tout. Le vendeur s il accentue son « bonjour » ou « tout d abord bonjour » relève plus d une forme d agressivité ou de mauvaise éducation. Un vendeur professionnel ne relèvera pas cet absence de bonjour mais s attachera à montrer sa courtoisie et sa politesse en étant aimable avec son client.
Tous ces « bonjour » « au revoir » (bien souvent c est plus « envoir !!! » « qu au revoir » sont ridicules et ne signifient rien. Un beau sourire et un air aimable pour demander une baguette, une botte de radis, un filet de sole, me semblent plus agréables et une forme de communication plus sincère dans les rapports humains. Maintenant si vous croisez votre voisine très âgée, lui dire « bonjour » semble plus opportun car cette forme d échange à fait partir de son éducation. Mais pour les vendeurs, toutes catégories et secteurs, c est non.
hé oui Baptiste les gens sont égoïstes ! Ils demandent beaucoup et ne donne pas grand chose. Bon courage et merci pour ce blog.
D’une manière générale, il ne faut pas trop attendre des gens, on passe un bon moment, puis un autre arrive, et on oublie le précédent, même s’il vous avait vraiment tenu à coeur. Les évènements s’enchainent.
Le Dr Ranchant est sympa, mais sur le moment il n’est pas là, alors le souvenir agréable concernant cette personne est mis de côté pour se concentrer sur le moment présent, et chanter aussi… 😉
Les secondes passent, sont éphémères, les humains sont à la fois trop sensibles et insensibles. Difficile réalité.
Ce qui est difficile dans le métier de soignant c’est la gestion de l’empathie. Tu aimes ton métier et les gens donc forcément tu investis une part de toi-même, sûrement une trop grande part… Essaie de réserver tes attentes à tes proches et à prendre du recul sur le non retour de ce que tu donnes dans ton métier, sinon tu n’as pas fini de souffrir ! Je sais que ce n’est pas facile mais c’est vital.
Et oui, on peut être déçu par certains comportements. Il y a aussi des médecins qui te demandent ta carte vitale avant de te demander ce qui t’amène. Sans doute les mêmes que ceux qui étaient prêts à tout pour réussir leur concours de première année et entrer dans le numerus clausus, quitte à éliminer physiquement leurs concurrents…
Lorraine, vous n’êtes pas fonctionnaire, cela se voit, pas infirmière dans l’hôpital qui vient quand on le lui dit, elle ne choisit pas ses horaires, 6 h du matin par exemple, ou le dimanche, sans doute quand vous dormez, vous n’êtes pas le professeur de lettres qui passe la nuit à corriger ses copies, etc…il faut arrêter les poncifs qui ne correspondent à rien sinon à de la jalousie et de la malveillance. Et puis si vous les enviez tant , passez donc les concours de la Fonction publique, ils sont ouverts à tout le monde.
Ceci dit l’ingratitude et le peu de savoir-vivre sont durs à vivre partout.
Je suis prof, mais je ne me suis pas sentie vexée par les “horaires de fonctionnaires” qui (même s’il y a des exceptions pour certains fonctionnaires) est pour moi une simple expression synonyme de “horaires de bureau”. Je n’ai vu aucune attaque dans le commentaire de Lorraine, juste une reconnaissance des bons médecins qui ne comptent pas leurs heures.
La difficulté du travail de nombreux fonctionnaires est ailleurs que dans les horaires, je ne suis devant les élèves que 17h par semaine jamais avant 8h et jamais après 18h, c’est un fait, et pour le reste je m’organise à ma guise. Ce qui est difficile c’est la quadruple casquette instructeur-éducateur-policier-assistant social (mais j’aime profondément ce métier).
Pédagogue- transmetteur- emancipateur -éclaireur comme dans le cercle des poètes disparus
Comme ceux qui vous dézinguent auprès de votre boss plutôt que de s’en ouvrir simplement à la personne concernée sans mettre sa place en péril : ) Manfou comme ça je ne pense rien de bon et rien de mauvais non plus Et je conserve ma bonne Energie…Moi mdr Sans doute le signe d’un changement de cap…Alors Merci Monsieur et merci Madame pour m’avoir envoyé ce signal du Destin…Et Merci à vous Baptiste, gardez la Foi vous êtes un Repère qui fait du Bien dans ce monde de fous : ))
C’est plus de la bêtise que de la méchanceté.
Malgré tout,c’est aberrant que pas une de ces personnes n’ait eu l’idée de prendre des nouvelles…
Ou comment tomber de haut et perdre toute illusion.C’est triste
En tant qu’orthophoniste, j’ai eu droit au mêmes réactions quand j’ai dû fermer un cabinet car je déménageais sauf… 2 petites filles qui m’ont fait chacune, un joli dessin en me remerciant pour tout le travail effectué et deux parents qui m’ont fait un petit cadeau. C’est faible en pourcentage mais je ne veux me rappeler que de ces gens-là …
Ce “ah mais il y a quand même un doc ?” un peu maladroit il a très bien pu sortir uniquement sous le coup de la surprise. On ne s’attend pas à ce qu’un médecin puisse être remplacé au pied levé parce qu’elle s’est fait mal, avant de lire cet article je pensais tout bêtement que si le docteur est malade on rentre simplement chez soi et qu’il n’y a personne qui vient pour nous donner des nouvelles de notre propre santé et de celle de notre médecin.
Je suis sûre qu’une bonne partie aurait demandé au cours de la consultation si vous connaissez leur docteur et si elle va bien, et puis ils ont chanté de bon c(h)œur, non ?
Enfin… sous le coup de la surprise j’aurais très bien pu la sortir cette phrase et ça aurait été une jolie bourde, mais mon médecin traitant elle est super, je l’aime beaucoup, et j’aurais bien évidemment pris de ses nouvelles une fois la surprise du remplacement passée (voire demandé au remplaçant s’il peut avoir la gentillesse de faire passer des fleurs ou des chocolats s’il la connaît).
Je regrette toujours mon médecin traitant d’Alsace qui a pris sa retraite en prévenant 1 semaine avant et en proposant la communication des dossiers médicaux sur clef usb (a fournir et à récupérer à la pharmacie voisine)
Ah il avait perdu le mien (ils étaient encore en papier !)
Un soignant, je m’y attache ! La dernière anesthésiste qui m’a hypnotisée il y a 2 semaines, j’ai eu envie de l’embrasser ! Je veux la revoir !!!!
Ne fais pas une généralité !
Mais un malade a besoin de se rassurer l’esprit peut être avant de soigner le mal
Bonjour,
Je ne crois pas qu’il faille considérer l’attitude de quelques patients inquiets, après avoir posé des heures pour être à leur RDV, comme insensibles. Ils n’ont peut-être pas eu la réaction que vous attendiez mais cela ne permet pas de les condamner. Je suis très reconnaissante à mon médecin traitant de ce qu’il fait. Il n’empêche que je demande de ses nouvelles par l’intermédiaire de sa secrétaire, jamais directement!
Oui c est vrai dit comme ça leur réaction peux paraître exempte de tout interet concernant la personne. Eux ils ont besoin d un docteur. Leur réponse est une réponse « du moment présent ». Peut être. Ou peut être pas. Moi j ai connu l inverse. Suivie depuis l âge d environ 24 ans par une gynéco obstétricienne spécialiste de la stérilité sur Paris. Il y a 5 ans, j avais 59 ans, je discute (eh oui) avec mon médecin généraliste qui me demande si je vais régulièrement chez mon gyneco. Je lui répond que mon dernier rv remonte a plus d un an. Elle me demande qui c est. Je lui répond. Elle me dit qu elle croit savoir par une autre de ses patientes que son cabinet est fermé. J appelle le cabinet en mettant sur haut-parleur. Un disque annonce la fermeture du cabinet et quoi faire si on veux récupérer notre dossier médical. J étais écœurée. Pas un mot (même au tarif lent). J en parle à mon pharmacien/ne. Coïncidence. Le monde est petit. C était également sa gyneco. Partie dans un mot car n a pas trouvé de repreneur pour son fonds de clientèle. Écœurant. J ai appris depuis qu elle avait repris dans un hôpital parisien où elle travaillait déjà auparavant et aurait ouvert un autre cabinet privé. Trop écœurée j ai changé de gynéco. Mais pourquoi je suis écœurée après tout. Elle m a suivie c est vrai mais n a pas fait de miracle. Je l ai payée pour les consultations et les recherches diverses, examens en tous genres etc Je ne sais rien de sa vie. Elle ne parlait jamais d elle. Elle n appréciait pas. C était ma gynéco point barre. Elle est partie sans un mot. Si elle avait trouvé un repreneur aurait elle fait une démarche d avertir sa clientèle. Plus sûre du tout. Je voyais la personne. Elle était gynéco. Elle me voyait comme cliente. Parmi des centaines/milliers sur la durée, d autres. Et ce sera ainsi avec les dentistes, médecins généralistes, ophtalmo, dermato etc qui jalonneront ma vie.
Pour ma part mon premier réflexe est toujours de demander des nouvelles. Que le soignant ait été malade/absent ou non c’est un réflexe pour moi de lui demander comment elle.il va car j’estime que ça fait partie de l’échange que l’on va avoir. Mais par pudeur, timidité, peur d’enfreindre une règle sociale que je ne maîtriserais pas (je suis Asperger), le plus souvent je me tais. Parce que malgré moi je suis maladroite et indiscrète. Alors je n’ose plus.
J’espère que le Docteur Ranchant ira bientôt mieux.
Une dose d’égoïsme + un soupçon de surprise + une pincée de sottise ou de pudeur , c’est selon … = un bibi tout contrit 🙁
Nous avons tous à des moments de mauvaises réactions. Nous ne sommes que des humains malmenés dévalorisés parfois et pas toujours conscients que nous pouvons être blessants. Vous êtes tellement sensible trop peut être il faut vous protéger ne pas donner d importance à ce que de toute façon vous ne pourrez pas changer….l indifférence.
M Claude
Ma médecin a perdu sa petite dernière il y a 4 ans, suicide à 19 ans. Je lui demande régulièrement comment elle va, dont une fois où elle s’est effondrée en larmes en me disant “ça me fait tellement de bien que vous demandiez…” Et elle m’a embrassée en partant. Depuis elle me serre la main, c’était juste un moment plein d’émotions. C’est pas tout le temps, elle sait que je pense à elle, je sais qu’elle prend soin de moi et de ma famille. Voilà. Je ne suis pas sûre que j’aurais demandé des nouvelles là à son potentiel remplaçant sur le trottoir au milieu d’inconnus qui étaient peut-être même des patients de passage. Bref, juste pour dire qu’il y a des tas de raisons pour qu’ils n’aient rien demandé (y compris l’égoïsme évidemment).
Baptiste, take care. Bises.
Il était une fois, dans un village perdu, reculé, un médecin de campagne, surbooké, dépassé tellement il avait de travail, ne trouvant personne pour ke remplacer, ne serait ce qu’une toute petite semaine, bref, ce médecin deperissait…
La vierge Marie, brave femme s’il en est, apitoyee par son sort va voir son fils unique et lui dit: ” Tu ne pourrais donc pas faire quelque chose pour ce pauvre médecin dévoué qui s’épuise à la tâche ?”
Jésus donc descend sur terre et se faisant passer pour un étudiant en cours d’internat et va donc le remplacer 8 jours.
Le premier jour, jour du marché, la salle d’attente est pleine à craquer, de consultants, de curieux pour le “nouveau”, de “juste un renouvellement docteur”…
Et il y a le paraplégique du village, que tout le monde connaît.
C’est à son tour. Il entre avec son chariot dans le cabinet. Jésus, bon gars lui aussi, lui dit en lui touchant le front:” Allez, lève toi, et marche!”
Le type sort en marchant et traverse la salle d’attente médusés! Les gens n’en croient pas leurs yeux, s’exclalment….
Et le type, d’un regard très dédaigneux dit:” Pfffff, il ne m’a même pas examiné ”
Alors voilà.. ..
Soufflée je suis 😉
Je voulais juste dire par là (excusez des fautes de frappe, mais gros doigts sur petit clavier!) qu’il ne faut pas attendre non plus de la reconnaissance permanente; nos patients ne sont “que” juste des êtres humains, avec sa bonne dose d’égoïsme pour certains, et des qualités incroyables pour d’autres. La réaction aurait été la même devant une boulangerie anormalement fermée.
Quand je dis à certains de mes patients en préopératoire: “Vous serez opéré demain vers 14 heures, tout va bien se passer, ne vous inquiétez pas de trop”, la réaction est invariablement la même, presque agressive: “Ah bon, je ne passe pas à 8 H?”…. et je leur répond presque toujours pareil avec un grand sourire (quand je peux) “Eh non, vous n’êtes pas tot seul, on opère tous les jours de 8h à 20h; et puis vous savez, il faudrait plutôt vous réjouir dans ce pays magnifique d’avoir des gens magnifiques qui vont bien s’occuper de vous….”
Souvent ça marche… “faites moi un sourire pour répondre au mien” ça marche aussi…
Mais bon, la nature humaine; attachons nous plutôt à ceux qui nous illuminent la journée, sans prétention, on sait qu’on doit illuminer de temps en temps celle des autres.
Mon médecin traitant et moi…ce mois de mars nous avons fêté nos vingt ans , au fil des années une certaine amitié c’est développée. Quand il a eu son cancer et à été charcuté par ses collègues, j’ai pu lui dire librement, qu’il devait changer d’hôpital, de spécialistes etc… A un moment de sa maladie, il était très fragile, avait besoin de parler, il m’a dit : beaucoup de mes patients sont partis, ils pensent que je ne vais pas m’en sortir, tu sais je ne t’en voudrais pas si tu te choisi un autre généraliste. Jamais je n’aurai pu faire une telle chose, finalement c’est lui qui s’en va, l’année prochaine il arrête et tant mieux, avec son épouse ils vont pouvoir profiter de la vie.
Bonjour, j’ai bien lu votre commentaire et le respecte totalement; juste une question de sémantique, qui est importante à mes yeux: les médecins ne charcutent pas, ils opèrent; bien ou mal, ils opèrent; je fais un métier d’anesthésiste passionnant depuis 34 ans, je n’aime pas quand mes patients me disent “alors, c’est vous qui m’assommer?” on n’assomme personne, on ne charcute personne, on fait un boulot difficile, bien ou mal parfois, mais pour moi c’est un mode de communication important; j’aime bien dire aux gens: “soigner, cela veut dire prendre soin”; “je vais prendre soin de vous” vous en connaissez des phrases belles comme celle là?
Voilà, désolé, sans vous mettre de mauvaise humeur, mais voilà, je voulais vous le dire gentiment.
J’accepte vos remarques d’autant plus que personnellement j’ai eu des médecins , chirurgiens formidables et bien sûr avec les chirurgiens, des anesthésistes en qui j’avais une totale confiance.
Suite à votre remarque je suis allée voir la définition exacte de “charcuter” qui est un mot très dur je vous le concède, voici : “Opérer quelqu’un plus ou moins adroitement, en parlant d’un chirurgien”. Surprenant le plus ou moins 🙂 Etant donné que j’habite en Belgique “charcuter” c’est peut-être aussi un belgicisme.
“je vais prendre soin de vous” vous avez raison, je ne connais pas de phrases plus belles que celle-là.
Merci de votre réponse;
Je sors de la chambre d’un patient âgé que l’on opère demain. Son épouse est là, attentive, posant des questions; et puis en quittant la chambre après des paroles que j’espère rassurante, je m’arrête devant un livre qu’elle lit, de JC Ruffin; et il s’ensuit 15 minutes d’échanges passionnants sur l’écriture, sur la lecture, sur les vibrations déclenchées et/ou reçues, sur les émotions de la lecture. Et je suis sorti plein d’entrain pour une fin de we de Pentecôte, et je crois que nous avons trouvé la meilleure des prémédications!
Bravo Monsieur !! Bravo Augustin, si vous permettez.
Ce terme “charcuté” de nadezda est une horreur.
Je doute que votre médecin, si copain soit-il ait employé cet horrible mot !!!
Il me semble que ce blog ne rendra service que si c’est du vécu, pas d’extrapolations ou divers fantasmes….
Bravo Monsieur !! Bravo Augustin, si vous permettez.
Ce terme “charcuté” de nadezda est une horreur.
Je doute que votre médecin, si copain soit-il ait employé cet horrible mot !!!
Il me semble que ce blog ne rendra service que si c’est du vécu, pas d’extrapolations ou divers fantasmes….
Il faut lire les message en entier. Je n’ai jamais dis que mon médecin a parlé de charcuter, c’est un mot que moi j’ai employé après l’avoir écouté. De toute façon les médecins sont des êtres humains et comme tels ils peuvent faire des erreurs, vouloir l’ignorer c’est jouer à l’autruche.
Quand mon médecin généraliste (que j’avais choisit moi, pas le pédiatre que je surkiffais aussi cela dit) est parti en retraite j’ai pleuré ….
Doc chouchous : mon Gigi Dr Gérard, ma gentille généraliste je vous aime c’est dit !
Il est bon parfois de rappeler aux gens les bonnes manières. Et il est bon d’arrêter de trouver des excuses à des gens mal polis 😉
Bon dimanche !
Bonjour ,médecin generaliste,je soigne pour soigner comme donner pour donner, sans attendre de retour. Ne pas attendre de retour .Etre là tout simplement pour prendre soin de tout patient jour après jour,année après année . Bien ou mal .Et n’importe si on ne demande pas comment ça va.Souvent la pudeur ou la discrétion retient les patients et pas forcément l’egoisme .Et aussi les patients ne s’imaginent pas que leur mèdecin puisse être malade ! Ou même avoir un médecin traitant !
Cela fait très longtemps que je te lis, c’est la première fois que j’écris. Je ne connais pas ces gens, et je ne peux donc pas être certaine de ce qu’ils ressentaient ou pensaient, évidemment. Mais ce que je ressens avec évidence en te lisant est que leur réaction ne signifie pas du tout automatiquement qu’ils s’en fichaient! Il y a, ou il peut y avoir, une très grande pudeur dans la relation aux soignants. Parfois on s’appuie tellement sur eux, on leur confie tellement de nous (cela s’appelle le transfert n’est-ce pas…? qui faisait qu’en ce qui me concerne, quand j’allais voir mon médecin traitant -maintenant à la retraite, et que je connaissais depuis l’enfance -, je me sentais mieux rien qu’en étant dans la salle d’attente) qu’on ne va pas en plus s’immiscer dans leur vie ! Ce serait demander encore plus, ai-je l’impression. J’ai eu beaucoup d’affection et d’attachement pour des médecins à qui je n’ai jamais rien demandé de leur vie, évidemment, en espérant simplement que ça allait bien, que la vie était douce pour eux. Mais comment demander, montrer ce souci, cet attachement? Ne serait-ce pas demander, en plus du soin apporté, une intimité qui ne ferait que rendre les choses plus lourdes pour eux, se tromper de registre? Une forme de distance, de pudeur, ne signifie certainement pas qu’il y a indifférence. Certainement pas. Bien sûr, il est parfois possible de prendre des nouvelles, de vaincre un peu parfois sa pudeur, mais cela demande beaucoup de délicatesse, des circonstances particulières, pas une attente interrompue en groupe devant une porte… et puis, malheureusement peut-être, mais il me semble que les patients ont envie que leur médecin aille bien, qu’il soit fort et qu’il ne meure jamais, comme un super-papa ou une super-maman. C’est tout le contraire de l’indifférence je pense.
* Souvent, on n’ose pas s’intéresser à la santé de “son” soignant. On ne s’y autorise pas. Je communique pourtant facilement – les toubibs que je vois ont même tendance à se confier (c’est bizarre !). Mais pour autant, je ne demande que rarement des nouvelles des familles, enfants, petits-enfants… J’aurais l’impression de briser une règle séculaire ! 🙂
* J’ai eu aussi une gynéco qui a disparu sans prévenir. Sans possibilité de récupérer le dossier. J’ai trouvé ça hallucinant. Je ne sais pas si elle est tombée malade, ou autre. Mais embaucher une secrétaire en intérim pour une semaine, histoire de passer des coups de fil ou d’envoyer des mails, disant “je m’en vais, si vous voulez votre dossier, venez le chercher, bisous”, ça ne me paraissait pas inconcevable. Cela m’a beaucoup choquée.
Il y a quelques semaines, en discutant avec une amie, on s’est rendue compte que nous avions le même médecin généraliste. Du coup, je dis à cette copine, tu ne le trouves pas fatigué ces temps-ci? Il me semble de plus en plus irritable et impatient. Elle était d’accord.
Sachant que c’est un médecin que j’apprécie et qui travaille à plusieurs endroits, j’ai proposé à mon amie qu’on lui adresse une petite carte pour lui dire que nous l’appréciions beaucoup en tant que médecin et que pour lui et pour nous, nous nous permettions de l’alerter sur ce que nous avions constaté de son état. On lui a dit aussi que nous avions voté et que nous préférions le rencontrer moins mais qu’il aille mieux et trouve le temps, lui aussi de profiter de sa femme, de ses 2 petites, de la vie… C’était surement un peu maladroit mais bon, on s’est dit que si ça nous arrivait, on aimerait bien que quelqu’un nous le dise.
Il y a 2 jours, je suis allée le voir pour 2 vaccins de mon petit garçon. Il avait très bonne mine. Il a été patient alors que mes 2 petits nous tournaient autour. Je lui ai dit qu’il avait l’air en forme. Il m’a juste répondu que désormais, en plus du dimanche, il ne travaillait plus le jeudi.
Ca n’a sans doute aucun rapport mais je suis contente qu’il aille mieux.
Le truc c’est qu’on se sent un peu bête, parfois, à prendre des nouvelles de son médecin. Il faut passer cette gène. J’essaie de ré-apprendre ça en même temps que j’essaie de l’enseigner à mes enfants. Difficile, l’éducation est tenace.
Bonne journée.
Oh, Doc, ça ne semble pas aller fort, en ce moment…
ça me rappelle, une année très difficile avec mes CP: c’est grâce au premier élève à qui je n’ai pas pu apprendre à lire, que j’ai compris que ce n’étais pas moi qui lui apprenais, mais bien lui qui apprenait, en se servant (ou non) des outils que je lui donnais…
J’ai compris de quoi j’étais responsable: de tout ce que je donnais à mes élèves, mais pas de ce qu’ils en faisaient…
Et si c’était pareil pour les médecins?
De tout coeur avec vous
Pour vous consoler : je suis vétérinaire. Je suis remplaçante régulière dans une clinique véto tenue par un couple. Ouverte 12h/jour, M. et Mme ne comptent pas leurs heures, ni leur peine. Equipement au top, formation continue au top, tout ça…Entendu récemment :
“Ah bon je passe avec vous ? Mais, Monsieur Robinson n’est pas là ?”
– “Hé non, il est en vacances !”
“Ah. Bon, et Mme Robinson, elle est là ?” Moi, un peu interloquée : “euh, elle est en vacances aussi…avec son mari…”
Réponse magnifique : “Hein ? ils prennent leurs vacances en MEME TEMPS ? Pffffuuu…c’est mal organisé…”
Culotté ce couple ! prendre ses vacances en même temps ! on aura tout vu … 😉
De mon côté, j’avais trouvé un super docteur que j’appréciais beaucoup. Un jour je regarde sur doctolib pour prendre rdv – j’y vais en moyenne tous les six mois – et là je m’aperçois qu’il a déménagé. J’étais triste de ne pas avoir été prévenu 🙁
Cette histoire me fait revenir en mémoire ce début d’année… La psy de mon fils est morte… comme ça, d’un coup (oui je sais c’est très con de le dire comme ça). Crise cardiaque pendant ses vacances (à 41ans!!)…
Son associé nous a appelé pour annuler notre rdv… en nous disant qu’elle ne pouvait plus exercer…
Incompréhensions (car malgré mes questions, l’associé ne nous a même pas dit qu’elle était morte), j’ai donc cherché sur internet… J’ai vu son avis de décès, quel choc… Elle nous avait “abandonné”… et quelle tristesse…. Si tu savais ce que cela à pu me rendre triste, car c’était plus que “la psy de mon fils”, c’était aussi un peu la mienne, notre confidente, notre petite béquille… On ne l’a consultait que depuis 5 mois…
Quand je vois les progrès que mon fils à fait, et continu de faire, grâce à elle… Et je n’ai personne à remercier…
Alors peut être que je profite de cet espace, pour lui dire merci, un énorme merci pour tout ce qu’elle a fait pour nous.
Merci à toi aussi Baptiste pour tout ce que tu fais pour rendre le monde meilleur!!
Quelques fois je me dis que là où je travaille, sur l’échelle des catastrophes (cotées de 1 à 6) susceptibles de bouleverser nos usagers, le manque de café atteindrait le maximum (6) suivi de près par le manque de sucre, et l’absence d’un des professionnels pour une cause plus sérieuse qu’une panne de voiture ou un simple arrêt maladie serait à – 2 …
Mais c’est uniquement les fois où je ne crois plus en rien, ni à mon prochain, ni à mon précédent … c’est à dire globalement 25% de mon temps au travail …
Toutefois je garde l’idée de la chorale, je pense pouvoir composer assez rapidement quelques strophes (“et surtout ne pas oublier de jeter gobelets et touillettes usagées ohé ohé !”)
@ Image. En fait, l’affaire est dans les sacs ! je hais le tri sélectif, oh oui ! et on commence à payer le ramassage au poids, en ce qui concerne la poubelle noire. Je ne m’y fais pas. “Ils” auront réussi à semer la discorde dans les ménages : imagine que ta compagne soit très respectueuse des consignes et toi, euh… un peu moins. Il peut y avoir conflit, mon ami. Sure. Tiens, une question : où tu mettrais le sujet de la photo d’illustration ? Dans la noire ou dans la jaune ? Je choisirais la jaune parce qu’elle accueille les emballages perdus et que la dame n’a pas besoin de ces voiles plastiques pour voyager en soute de camion-poubelle. Gasp ! horreur ! le plastique c’est dans la noire, sauf les bouteilles … Galère ! J’aspire au repos: aussi, j’ai décidé de me faire incinérer, le moment venu. Pour les cendres, çà sera pas noir, jaune ou bleu, mais le bel océan vert de Bretagne sud vers Belle Ile ou Hœdic. Chorale des embruns qui chantent dans les fentes de la roche, faisant résonner les moules et les pouce-pieds, jouer de l’ocarina avec les arcs en ciels des coquilles d’ormeaux. Le souffle profond, lent et grave du vent et de la houle comme une prière de bonze. Sur le sable noyé, près des yeux qui se tendent pour mieux les caresser, les algues brunes longues balancent, flammes ocre brunes qui coulent et se tordent aux caresses du flux. Oubliez le noir, le jaune, le sac et le camion poubelle. Brulez dans vos mémoires cette sale idée qu’une dame est assimilée consommable déchet et fait sourire des Gens sur une photo vue sur un blog en passant à l’heure du passage des “boueux”.
J’ai hésité à poster, parce que l’article est déjà “vieux” si l’on considère tous ceux écrits depuis, mais je viens juste de découvrir ce blog…
Mon père était médecin généraliste dans une petite ville, il est décédé fin 2016 après une dizaine d’année en retraite. De la part d’anciens patients, il y a eu des visites, des cartes, des condoléances présentées dans la rue, des marques de sympathie sincères, probablement une certaine proportion de “parce que ça se fait” aussi. Si ça faisait déjà chaud au cœur, c’est quelques semaines plus tard que j’ai été chamboulée. Une caissière pour qui le bouche-à-oreille n’avait pas fonctionné m’a lancé un “et votre papa ? ça fait un moment que je ne l’ai pas vu”. Il a bien fallu que je lui dise. Je l’ai vu se figer, se mettre à pleurer, sangloter un “je suis désolée, je savais pas”, et confusément des bribes de souvenirs qui remontaient en vrac et en flots comme ses larmes. C’est là que j’ai vraiment pris la mesure de combien il avait pu être marquant pour certains patients, combien cette relation pouvait être intime, parce que c’est idiot mais je n’y avais jamais réellement songé avant.
Bref, l’effet de surprise, oui, ça produit des réactions inadaptées, pas bien rangées, comme pour ces personnes prises d’une crise d’égoïsme sur le trottoir, cette caissière qui en ouvrant les vannes m’a fait un beau cadeau, ou moi qui ai tenté de la consoler maladroitement tout en rangeant mes courses mais n’ai pas su la remercier comme j’aurais dû.