Quand on est soignant, on est souvent amené à accueillir des personnes qui expriment le sentiment douloureux d’avoir, je cite « raté leur vie ».
Un divorce, un échec professionnel, une brouille irréconciliable avec ses enfants, le motif est différent mais le verdict est toujours le même « docteur, j’ai raté ma vie ».
Mais ça veut dire quoi, rater sa vie ? Et sur quels critères ?
Déjà, à l’école, nous grandissons avec l’idée que la bonne note fait le bon élève, quand la mauvaise note fait le cancre.
On ne nous dit pas « Tu peux échouer, tu n’es ni une imprimante 3D, ni une araignée »
Oui. Une araignée ne rate jamais sa toile, elle la tisse parfaitement parce que c’est dans sa nature, c’est instinctif. De la même manière : une imprimante 3D ne rate jamais son coup, elle obéit à son programme. C’est parce que nous ne sommes PAS QUE des animaux et PAS QUE des machines que nous échouons. Parce que nous sommes des êtres humains, que nous avons cette petite différence-là, qu’on appelle l’échec, et ÇA, c’est beau. Echouer c’est d’abord une chance posée là, sur notre trajectoire de vie. Une possibilité d’apprendre.
Sans échec, le succès passe inaperçu. Il est fade, insipide. Et tous les scientifiques le savent : l’erreur est le meilleur des maîtres.
Les médecins en sauraient-ils autant sur le pancréas, et le cerveau, si le diabète et les coups sur la tête n’existaient pas ?
Les romanciers aussi le savent : si vous regardiez un de mes manuscrits de travail ! Ils sont littéralement saturés de ratures !!!
L’écrivain Gilles Marchand, dans son excellent recueil « Des Mirages plein les poches » a écrit une nouvelle sublime, intitulée “Mon bateau”. L’histoire d’un homme qui rêve de naviguer mais tous ses bateaux coulent. A chaque fois, ils coulent, mais lui revient à la nage.
La nouvelle se termine comme ça : “Je n’avais plus d’argent mais je gardais mes rêves,
alors j’ai acheté un petit bateau que j’ai mis dans ma baignoire. Il a coulé mais je le ramenais à la surface. À chaque fois, je le prenais entre mes mains et le ramenais à la surface. Après tout, c’était mon devoir de capitaine et les capitaines aussi ont des devoirs envers leurs rêves.”
Ce que veut dire l’écrivain Gilles Marchand c’est que l’échec n’est pas un cul-de-sac, c’est une possibilité de recommencer autrement. Apprenons ça aux gamins et ça fera moins d’adultes angoissés et malheureux !
J’ai demandé aux personnes qui ont ce sentiment ce qu’elles aimeraient entendre.
Voilà, toi qui m’écoutes, je vais pas te prouver que tu te trompes. Mais je peux te poser des questions, et t’aider à mieux définir cette souffrance, mieux définir la douleur.
Si pour toi rater sa vie, c’est avoir fait un choix trop rapide à un certain moment, sache qu’il y aura d’autres choix et d’autres possibilités de se remettre sur les rails ou au moins améliorer le quotidien. Et on peut faire le point sur ce qui a été fait de positif, et ce qu’il reste à faire. On peut aussi critiquer ce mot de « bonheur », défini et vanté par la société. Il y a TOUJOURS du positif. Rien n’est jamais définitif. À n’importe quel moment de la vie, on peut repartir à zéro. Avec de l’aide extérieure par exemple.
Une de mes lectrices m’a dit un jour : « Tant qu’on est en vie, on a réussi ».
Elle avait raison, tu sais ?
Car, quand on y pense, même la fin du monde, même la fin de TON monde, quand elle arrivera si elle arrive, ce sera aussi le début de quelque chose !
Je vais paraphraser Samuel Beckett :
« Tu as déjà essayé ? Tu as déjà échoué ? Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux ! »
(vous pouvez écouter cette chronique de l’émission Grand Bien Vous Fasse sur France Inter, ici)
Cc Dr, merci pour vos partages, témoignages et point de vue, me concernant on m’a diagnostiqué bipolaire il y a peu et ça fait mal.
(J’ai l’impression de vivre d’échec en échec…)
Bonjour, vous allez apprendre à mieux vivre maintenant: votre diagnostique c’est votre chance. Vous saurez peu à peu sentir vos changements d’humeurs et les apprivoiser… je vous souhaite une belle « nouvelle vie ».
Je ne suis pas bipolaire mais j’en connais. On peut bien vivre avec, ça n’est pas du tout un échec, vu que c’est indépendant de votre volonté.
Suffit de trouver le bon traitement et d’avoir une excellente hygiène de vie, surtout au niveau du rythme levé/couché, être hyper régulière!!!!
Superbe et plein d’espoir. Merci Baptiste.
Un immense merci. C’est exactement ce que j’avais besoin de lire en ce moment. Merci, infiniment.
Je crois que même les araignées, parce qu’elles sont vivantes, au début, ne tissent pas encore à la perfection et même que parfois elles ont un coup de mou dans la papatte. On fait tous plus ou moins bien et parfois on se plante. On tombe et puis on se relève. Qu’ est – ce que réussir sa vie? Qui peut prétendre y être parvenu dans tous les domaines ?
Reussir sa vie c’est tellement subjectif, pour les uns c’est avoir beaucoup d’argent, pour d’autres c’est d’avoir reussi dans sa carrière professionnelle, ou dans sa vie de famille et d’autres c’est de vivre de ses passions etc… pour moi c’est de s’aimer soi et d’accepter de ne pas être parfait avec plein de defauts mais qui font que je suis unique.
J’ai lu un jour sur un mug “à force de me planter, je vais bien finir par pousser!”. J’ai oublié l’auteur, mais pas la leçon.
Cette citation est de : Grégoire Lacroix
Ecrivain, journaliste et poète français (1933- ). Grégoire Lacroix est un écrivain, journaliste et poète français né en 1933. Il est aussi auteur de chansons et membre de l’Académie Alphonse Allais.
Elle fait réfléchir, c’est très juste. Merci !
super, une belle leçon, à laquelle je n’aurai pas pensé mais que je trouve très bien !
bonnes fêtes de fin d’année à vous
Synthèse de vie d’une efficacité redoutable que j’adopte sur le champ
Merciiiii
Tu sais quoi Baptiste …. ? Ton article, je vais le faire lire à mon Petit Prince de 12 ans qui se trouve bien trop souvent « inférieur » par rapport à la « masse standardisée » des collégiens lobotomisés gavés à « l’excellence !! sinon vous finirez éboueurs ! » (Je cite …)
With ❤️,
C’est marrant, j’étais chez ma psy ce matin et comme toutes les semaines ou presque, je me plaignais de ce sentiment d’avoir échoué dans tout (et de toujours échouer dans tout) qui me hante en permanence…
Et (comme toutes les semaines ou presque), en plus d’essayer de me mettre dans le crâne que du haut de mes pas-tout-à-fait vingt-cinq ans, j’ai accumulé plus de réussites que d’échecs, elle m’a répété à peu de choses près ce que tu as écrit.
Mais comment on fait quand on a échoué dans ce qui comptait le plus pour nous, et qu’on ne peut pas ressayer? Moi, j’ai échoué à accomplir ma vocation, qui était de devenir vétérinaire; j’ai tout sacrifié pour ça, je suis partie en Belgique et là-bas, j’ai craqué. Dépression, tentative de suicide, « état de mort psychique », rapatriement, clap de fin. Ça fait deux ans.
Comment on fait pour surmonter ça? Comment elles/ils font, les victimes du numerus clausus qui ne vivaient que pour devenir médecins? Et si en plus elles/ils avaient DÉJÀ des troubles psychiques avant leur échec?
Si tu le sais, je veux bien un indice parce que moi, à même pas vingt-cinq ans, j’ai souvent l’impression qu’elle est foutue, ma vie.
Il n’y a qu’un seul chemin, dans la vie. Surtout à 25 ans…
Clem, si je peux me permettre… d’abord ceci (parce que vous êtes en deuil) https://www.youtube.com/watch?v=aIuL7GTSnXM&t=1s&index=6&list=FLsB2BsZQoCwo4d8Z4_H4ODQ
et puis ceci aussi https://lareleveetlapeste.fr/trouve-le-verbe-de-ta-vie-pas-le-metier-mais-le-verbe-une-lettre-bouleversante/
Tout plein de bon a vous.
Coucou
C’est une vétérinaire qui va te répondre.
Que cocher la case «métier que je voulais faire enfant» ça ne définit pas le bonheur de toute la vie qui suit.
Que dans mes copains qui ont «réussi», des idées de suicide, des dépressions, des impressions d’avoir raté sa vie, j’en connais plein.
Que dans ceux qui sont restés à la porte, il y en a plein qui ont des vies en or, pas celle qu’ils avaient imaginé mais néanmoins très belles.
Que ton métier ou ton diplôme, ce n’est pas qui tu es, c’est un diplôme, rien de plus.
Aujourd’hui, 20% de ceux que tu envies se reconvertissent, 40% t ont déjà pensé.
La Vie à un plan pour nous je crois. Je te souhaite de te retourner dans quelques années et de te dire, «si j’avais réussi ce concours, je n’aurais pas vécu tout ça (cocher dans le désordre, cet amoureux, cette ville, ces enfants, ce métier, etc etc)»
Plein de courage.
Hier, une thérapeute m’a dit, les périodes d’inconfort sont des portes de changement pour mieux…. (alors que je chialais comme une madeleine sur son épaule…). Crois en toi, les échecs ne sont parfois que des portes vers un plus grand bonheur!
Clem, c’est trop triste de vous lire !! à 25 ans, vous avez encore un long et sûrement beau chemin devant vous, gardez courage, vous êtes si jeune ! marchez, aérez vous, respirez, admirez le paysage, écoutez le chant des oiseaux etc.… et surtout riez le plus possible …..
je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année; plein de bisous d’une mamie de 69 ans
Clem,
J’ai 41 ans et mon plus grand rêve, enfant, était de devenir vétérinaire. C’était plus qu’un rêve, c’est ce qui me portait enfant et adolescente quand tout était chaos dans ma famille et que je me sentais seule, isolée, différente, rejetée. Je venais d’une petite ville de province et les portes d’une grande prépa parisienne se sont ouvertes ! Quelle fierté, que d’espoir alors ! J’ai consacré deux années de ma vie, pas toujours logée dans les meilleures conditions, à mes études qui étaient le seul domaine dans lequel je me sentais bien. J’ai été en échec la première année et j’ai réussi a redresser la barre pour redoubler. Mais la seconde année n’a pas été suffisante. J’ai échoué aux oraux. Plus de vingt ans après, je me souviens encore de cette journée, où avec une de mes meilleures amies (aussi en prépa avec moi), nous sommes allées voir les résultats. Elle était admise. Moi pas. Mon père m’a proposé d’aller en Belgique. J’ai refusé. Je crois que je ne me sentais pas capable d’affronter d’autres mois de doute, de stress, de sacrifice.
Les mois qui ont suivi ont été douloureux. Que me restait-il pour me définir positivement maintenant ? Qu’allais-je faire dans la vie ? Qui étais-je ? J’ai appris, doucement à prendre de la distance avec ce que notre société appelle réussite et échec. J’ai découvert que j’étais bien plus que ce rêve de devenir vétérinaire, que cette jeune femme qui voulait exceller dans ses études. Comme je ne voulais pas aller en deuxième année de Deug à la fac, je me suis retrouvée en deuxième année d’une école d’ingénieur en agriculture, perdue dans la campagne normande. Le premier soir au self, à la table où je me suis installée, cela parlait de tracteurs… Je me suis dit que j’allais trouver ces études très longues… sourire…
Je me trompais. J’ai rencontré, dans cette école, un jeune homme merveilleux, d’une compréhension incroyable face à mes blessures (assez nombreuses et à vif) et à ma famille “bancale”. Nous faisons un bout de chemin ensemble depuis vingt ans et nos avons un garçon adorable de 9 ans. Je suis devenue journaliste et j’ai découvert que j’adorais cela (mais ma carrière professionnelle n’a pas été un long fleuve tranquille bien-sur !)… Ces vingt années ont été semées de rires et de larmes…
Tout comme la vie de mes camarades de prépa admis en école vétérinaire. Réaliser leur plus grand rêve ne les a pas mis à l’abris des dépressions parfois même pendant leurs études (mon amie m’a annoncé des suicides parmi ces camarades avant la remise de diplôme..), les remises en cause car le métier était différent de ce qu’ils imaginaient, les deuils, les doutes…
Alors Clem, je sais que du haut de tes 25 ans, ce qu’une vieille de 41 ans vient de te raconter ne te consolera pas vraiment; Mais j’espère que mon exemple te redonnera un peu d’espoir. Tu as eu le courage de mettre toutes tes forces à réaliser ton plus grand rêve ! Quel courage vraiment ! Tu a échoué à devenir vétérinaire mais tu as tellement appris sur ta force, ta motivation, tu as développé des connaissances, une capacité de travail… Il y a aussi des choses positives à tirer de cette expérience. (il y a toujours du positif à retirer d’une expérience d’ailleurs).
Te rends-tu compte de l’infinité des possibles qui s’ouvrent à toi ? Une porte vient de se fermer devant toi. Une seule porte… Tourne tes yeux de tous côtés et regarde toutes celles qui sont ouvertes, tous ces possibles !
Tu n’es pas ton échec à devenir vétérinaire. C’est juste une expérience dans ta vie pour apprendre qui tu es, à l’intérieur. Et je te rassure tout de suite, tu n’auras jamais fini de te découvrir, d’apprendre sur toi, la vie ;).
Clem, j’espère que tu vas guérir de ta souffrance, l’épreuve que tu a traversée est douloureuse. Garde confiance en toi, en ta force de vie, ta capacité à lâcher prise (holala, moi à 20 ans, il était hors de question de lâcher prise, de laisser s’envoler ma colère et mon sentiment d’injustice…) et à rebondir. Garde confiance en l’avenir. Il a tant à offrir !
Phrase à bien prendre, car c’est sincèrement pour aider, mais selon le moment on pourrait mal la prendre:
“C’est le destin”.
Il faut accepter les étapes de la vie que l’on vit, si tous les jours étaient parfaits, ça ne serait pas la vie.
Dure épreuve, mais d’autres bons moments vous attendent.
Salut Clem !
Je ne sais pas si tu vas me lire mais ton témoignage m’émeut. J’ai presque le meme âge que toi (24 ans).
J’ai toujours rêvé d’animaux. Je veux les soigner et les protéger depuis que je suis petite. Pareil, c’est une vocation, je suis passionnée comme toi.
Il y a juste un problème… Un tout petit problème. Je suis handicapée et mon handicap fait que je ne suis ni bonne en maths (j’ai une dyscalculie, qui est comme la dyslexie mais pour les chiffres. à un niveau élevé, ça peut empêcher de dépasser un niveau de maths de CP) ni forte physiquement /manuellement. (j’ai pas mal de soucis physiques)
Du coup, je ne pouvais pas être vétérinaire.
ça ne m’a pas empêché d’être une bonne élève littéraire . Et jusqu’à la dernière seconde, j’y cru que je trouverais un autre métier, une solution de rechange pour m’occuper quand même d’animaux. J’ai envisagé tous les métiers s’en approchant depuis éducateur canin jusqu’à journaliste animalier.
Il y a toujours un blocage lié à mon handicap. Qu’il soit physique ou scientifique. A l’heure actuelle, je n’ai toujours pas trouvé de solutions.
Tu vois, je peux comprendre ce que tu ressens, et d’autant mieux que mes études sup (en prépa littéraire) ne se sont pas hyper bien passées non plus et que j’étais proche de la dépression (en partie à cause de ça)
Mais je ne me décourage pas, je pense qu’il y a toujours un moyen d’y arriver. Des autodidactes dans le domaine des animaux, il y en a plein.
Alain-Bougrain Dubourg qui est président de la LPO, il n’a pas fait d’études. Il a passé le bac, c’est tout.
Julien Perrot qui est rédacteur en chef de la Salamandre, il a commencé à 10 ans. Il a fait des études mais il n’en a pas eu tellement besoin, il avait déjà crée son métier enfant.
Pierre Déom, rédacteur en chef de la Hulotte était instituteur, il a fait le premier numéro de son magasine avec les enfants. etc etc etc
Chanee, qui s’occupe des gibbons en Indonésie, il s’est lancé tout seul, il est entièrement autodidacte.
ça va te sembler aléatoire mais je pense que, dans ce domaine, on peut créer sa place tout seul. Même sans formation. Il suffit parfois d’avoir un peu de chance. C’est ce que j’espère, en tout cas.
Tu as déjà vu Little Miss Sunshine ? Il y a un personnage que j’aime bien dans ce film, c’est le frère mutique. Qui a décidé de ne plus parler tant qu’il n’aura pas intégré sa formation pour devenir pilote. Puis, il apprend qu’il est daltonien…
Finalement, il conclut comme ça : ” Je m’en fous de leur Air force Academy. Si je veux voler, je trouverais toujours un moyen de voler.”
Je te souhaite bon courage, et j’espère qu’on y arrivera toutes les 2, quelque soit le chemin emprunté ^^
Clem,
Non elle n’est pas foutue, la vie te demande simplement d’emprunter un autre chemin…
Comme d’autres je vais te raconter un petit bout de ma vie…
J’ai grandi dans un environnement hostile, depuis que je peux exprimer ma volonté elle est simple : partir !
Les années ont passés j’ai fais des études (même si je suis nulle) et j’ai choisi un métier qui 20 ans plus tard me plait toujours. Alors que mon seul souhait était de rester travailler à la grande ville, j’ai du retourner dans ma campagne pour avoir un emploi stable.
A cette époque là j’ai eu l’impression de me noyer tellement j’étais contre cette obligation !
Pendant 4 ans j’ai essayé de repartir, j’ai envoyé des centaines de candidatures, rien n’y a fait pendant 4 trop longues années.
Et puis j’ai rencontré l’homme de vie…. c’est bête dit ainsi mais je ne sais pas l’exprimer autrement.
Et ce travail que j’ai détesté pendant 4 ans m’a permis d’être embauché à 20km de ma nouvelle vie dans un endroit déserté par la vie économique. Sans cette expérience je n’aurais pas pu avoir cet emploi ni envisager une vie sereine au côté de mon homme.
8 ans plus tard il est facile de regarder en arrière et de ce dire “c’est pour ça” mais pendant 4 ans j’ai serré les dents et les poings tous les jours en maudissant le sort et en me demandant pourquoi…
Comme d’autres avant moi je te le redis : ne perds pas espoir ! ce n’est pas un échec, l’échec n’existe pas si on se relève, c’est simplement une nouvelle façon de découvrir ta voie, ton chemin.
Cette épreuve t’a appris beaucoup, sur toi, sur les autres et surtout tu as mesuré tes forces. Je t’envie un peu, j’ai 15 ans de plus que toi et je ne sais toujours pas de quoi je suis réellement capable !!!
Tu as mal, c’est normal, ça veut dire que tu es en vie, ne laisse pas la douleur te le faire oublier !!
Quand je n’aurais plus à respirer je me répétais cette maxime : un jour de douleur à la fois…
Bonne vie !
Salut, Clem. Petites pensées pour essayer de t’aider; surtout pas des recettes et encore moins de leçons.
Je vois que tu as de la volonté; de la persévérance voir de l’ambition. Super ! Tu sais choisir tes objectifs et foncer. Tout est bien dans ce que tu as fait. Je dirais, faute de temps, de place, de vis à vis, que tu as réussi ton échec avec splendeur ! Non, ce n’est pas un jugement. C’est juste un constat. Tu as été au bout du bout de l’activité : tu as fait.
Sur ton jugement, un peu erroné, que tu étais cette chose imaginée, qu’il fallait atteindre et ce serait le bonheur. Et tu as tout FAIT pour çà. Pas de bol, tu n’ ES pas cet individu. Tu es l’illustration parfaite de la distinction entre ETRE et FAIRE. Tu as tout bien fait mais le résultat attendu n’y était pas. Et voilà que la culpabilité ravageuse s’installe. Ton résultat de travail est certainement pas mal, même s’il n’est pas ce que tu voulais. Alors pourquoi accuser ton “ETRE” de mille morts ? Pourquoi lui faire subir toutes ces tortures ?
D’abord, tout être humain a droit (devoir ?) à l’échec. Parce que l’échec rend plus clairvoyant face à son être, avec lequel il est bien plus subtil de co habiter. Je pourrais te citer le Moustachu (Nietszche) qui dit à peu près “deviens ce que tu es” et “tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort”. Si tu savais ce que me coûte la citation du penseur et de ces apophtegmes, moi qui ne croit pas à grand chose qu’en la vie. Comme pet croire un véto lui-même, en la vie.
Je sais que tout çà est succinct, à l’emporte idées, mais je sais aussi que tu vaux plus qu’un diplôme sur un mur qui dirait à tout le monde ” voyez comme j’ai réussi ma vie !” . Double faute ! Que Mieux te remettre à aimer ton miroir, ‘animal’; et te rappelle qu’on vient de passer le solstice : le jour rallonge. HC
ce n’est pas de moi mais de Nelson Mandela “je ne perds jamais soit je gagne soit j’apprends”
on réussit toujours sa vie même si l’on échoue parce que l’on est vivant en bonne santé et que l’on aime les autres
Une petite phrase toujours dans un coin de ma tête… Merci pour le rappel, la voir écrite la rend encore plus vivante.
Il n’y a qu’un seul chemin, dans la vie. Surtout à 25 ans…
Bravo et merci
Merci beaucoup
Une fois encore, je vais poser mon désaccord. Non contre le texte ou l’idée même de l’accès à la réussite, mais en montrant ma propre expérience.
Les tout petits enfants ont des perceptions -donc des idées- très aiguisées en ce qui concerne leur entourage. Leurs jugements sont construits à l’aune de leur propre personnalité, c’est à dire le besoin de se construire, de survivre, comme une personne à part entière. Françoise Dolto en a parlé avec éloquence. Ils testent en permanence tout ce qui est à leur portée; leurs parents, particulièrement leur mère. Aujourd’hui, j’ai plus de soixante quinze ans et j’ai des flashes souvenirs de mes débuts sur la scène de la vie datant de mes un an et demi environ. Or, dès cette époque, ma sensibilité m’a poussé à constater qu’il manquait beaucoup de tendresse dans le jeune couple de mes parents. Il y avait plein d’amour et d’attention, certes, mais pas de tendresse à ma mesure. Pour être clair, je n’ai aucun reproche à faire, ni de rancune, ni d’acrimonie ou de regrets à manifester. Toutes choses égales par ailleurs, j’étais déjà parmi les presque derniers de notre Classe.
Dans ce cadre lisse, j’ai plutôt considéré mon théorème par rapport à l’existence dans laquelle j’étais tombé par inadvertance. Rapidement, j’ai compris que la bonne attitude pour être bien dans le bain existentiel bizarre environnant était de rejoindre un groupe, une bande, une famille ?. Lesquels auraient une noble vocation, humanitaire, patriotique, fraternelle, aimante où le don de soi serait évidence commune; où l’action positive engendrerait le sourire aux lèvres et la félicité. Ce bon vieux chantage : amour contre reconnaissance.
Je passe vite. vous comprenez, soixante quinze ans, c’est un peu long à dire, si on a le goût du conte. J’ai rencontré des moments d’incroyable fraternité, d’amour, de tendresse, de fusion presque avec d’autres êtres. Mais seulement des instants, perles rares trouvées sur un estran. J’ai vécu ou vu des méchancetés inouïes, des saletés inimaginables; des comportements où, vraiment, l’homme est un loup pour l’homme. De ces attitudes que l’on sait être millénaires. Des luttes contre elles qui sont des alibis, viennent de la peur de savoir ce que l’on est, avec la lâcheté de ne pas se pendre aussitôt.
Mais tout celà n’est pas grave, puisque c’est constitutionnel, fondamental à l’espèce, comme une tare auto-immune. Ce qui m’a le plus marqué, c’est que, dans l’état présent de l’humanité, cette dernière construit sa propre disparition. On parle d’écologie comme on parlait auparavant de guerre; on parle d’abus de richesses et de pouvoir quand on a écrit jadis Caligula et les dictatures, 1984. Les polices de la pensée alors qu’on avait inventé dieu pour éponger, justifier toute cette horreur. Mais tout celà n’est pas grave, puisque ce peut être un choix de société, le paradigme pour une destinée dont, par ailleurs on ne cherche pas à reconnaître le sens.
Aurais-je raté ma vie ? J’ai longtemps admis cette direction de pensée, n’en ayant pas d’autre sous le neurone. Et puis ne dit-on pas qu’on nous donne la vie, qu’il faut la gagner, qu’on donne sa vie pour, qu’on la perd, etc… tous ces ‘ne dit-on pas’ creux qui ne contiennent que la peur de la mort. Non. Je n’ai pas raté ma vie. Ni réussi ma vie. Simplement, devant le fait d’être vivant, je me demande pourquoi et comment cela s’est fait que je n’ai servi à rien. Ou pas grand chose. Alors que mon aspiration était faite de générosité. De cette générosité gratuite, de celle dont ‘on’ se moque le mieux, qu’on exclut des groupes, des équipes, de ceux qui savent mieux les choses. Un emmerdeur qui met de l’huile dans un rouage qui en demande en grinçant; qui tente de convaincre l’entourage que l’éducation populaire fait avancer le monde, que vivre attentif à la justice vaut mieux que de légiférer par anticipation. Enfin, vous voyez. J’aurais aimé apporter ma force de travail, mes idées, mes moyens, pour faire progresser ce monde qui s’érode à mort, ces humains terrifiés, faire oublier les gourous et les prédateurs. Non pas pour m’imposer, mais pour que tout mes apports soient discutés, dépecés, dévorés, transcendés, restitués par des intelligences supérieures à la mienne. Et il y en a. Il faut parler ensemble, les Gens. Ne pas attendre mai 68 ou novembre 18 et la sortie des gilets jaunes pour se parler dans la rue. Il faut nous affronter pacifiquement avec véhémence, ressasser l’idée de l’autre en rentrant chez soi et changer un peu de certitude. Voyager. Même au coin de sa ville, qui reste inconnue. Echanger des blagues partout tout le temps.
Non, je n’ai pas raté ma vie. Parce que je n’ai été qu’un passant qui passait. Qui a eu l’impression d’être accusé d’ingérence quand j’ai voulu me mêler des affaires qui me regardaient au fond des yeux.
Je n’ai pas de rancœur. Peut-être juste un peu d’amertume en sachant que çà ne va pas durer ad vitam eternam; que c’est dommage; et c’est bien çà le plus stupéfiant !
Que Mieux vous fasse rire encore bien des fois; surtout à cause de vos ‘échecs’; et que ce Mieux vous fasse jouir de votre vie du moment comme le fait parfois les bonnes histoires.
Vous écrivez très bien, en tout cas. Moi il y a deux ans j’ai vraiment pensé que j’avais raté ma vie. J’ai eu 50 ans et ça m’a semblé très vieux. Et mon mari m’a quittée, après 25 ans de vie commune dont 20 de mariage et deux enfants. Mes filles sont la raison pour laquelle je sais que non, je n’ai pas raté ma vie, puisue elles, je les ai réussies. Mais vous voyez, pour moi réussir ma vie c’était vivre avec quelqu’un que j’aime et qui m’aime, qui soit là pour moi. Une famille, c’est tout. Et c’est beaucoup. Et cet homme, mon mari, j’ai été invisible pour lui, tut le temps. Je me sentais transparents, inutile, sans intérêt à ses yeux, alors qu’au fond je sais que je ne suis pas “nulle”. J’attendais, j’espérais un geste, un signe de sa part. C’est pathétique mais c’était comme ça. Moi j’ai été là, vraiment, pour lui, dans les bons et les mauvais moments. J’ai accepté par amour des choses qui vont à l’encontre de mes principes (non, je n’ai tué personne). J’ai aidé des gens qui me méprisaient, j’ai encaissé de sales coups (pas physiquement). Au fond de moi je devais croire qu’il serait redevable et donc ne me quitterait jamais, et j’ai eu tort. Je me suis détestée, dégoûtée. Je ne suis toujours pas très fière de moi, et j’ai deux ans de plus. C’est dur, encore. Mais je réalise qu’Il a eu de la chance de me trouver et non l’inverse comme je l’ai trop longtemps cru. Je ne suis pas encore prête à aimer quelqu’un d’autre, peut-être ne le serai-je plus jamais, parce que la confiance ça se brise. Mais je sais que je suis meilleure et plus forte que je le croyais. Il m’a sous-estimée. Tant pis pour lui.
Hervé Cruchant, j’adore vos commentaires ! Merci de votre humanité
On ne rate jamais sa vie. On ne vit peut-être pas la vie dont on a rêver un moment ou l’autre mais celle que l’on a, on la vit.
J’ai rêvé d’être une chercheuse, je n’ai pas pu alors je les ai aidé à faire des découvertes en m’occupant de l’administratif et j’ai été indispensable pour qu’ils fassent leur recherche en paix. Donc je n’ai pas raté ma vie, je l’ai fait autrement
J’ai rêvé d’être très riche, je n’ai pas pu mais avec le peu d’argent que j’ai, j’aide ceux qui en ont moins. Ils peuvent vivre, je leur suis indispensable pour qu’ils puissent se faire des petits plaisirs. Donc je n’ai pas raté ma vie, je l’ai fait autrement.
J’ai rêvé d’être assez intelligente pour créer un monde sans guerre, où tout le monde vivrait en paix. je n’ai pas pu alors j’aide les migrants à retrouver un peu de paix dans le pays qui les accueille. Donc je n’ai pas raté ma vie, je l’ai fait autrement.
J’ai rêvé de vivre le grand amour. Je l’ai eu, je l’ai perdu (maudit crabe). Je survis à mon grand amour et pour cela, je le donne à mes ami.e.s, à mes connaissances, à tous ceux qui en veulent ou/et qui en ont besoin. Donc je n’ai pas raté ma vie, je l’ai fait autrement.
Un jour que j’étais triste, quelqu’un, un inconnu, m’a souri et depuis, je souris à tous, à toutes et je me dis qu’un de mes sourires touchera sa cible et que cette personne transmettra mon sourire à d’autres et que je n’aurais pas raté ma vie puisque mon sourire fera du bien à quelqu’un qui pensait avoir raté sa vie.
J’adore votre réponse et votre façon de voir la vie ! Chacun fait de son mieux sur cette terre et l,amour qu’on transmet n’est jamais perdu !
Perso je ne connais pas ce sentiment, je n’ai jamais eu l’impression d’avoir raté ma vie, bien au contraire, elle est parfaite ma vie….. Je ne suis pas riche financièrement, mais je suis riche tout court. J’ai des enfants en bonne santé, elles sont belles mes filles, et chaque jour je suis encore plus fière d’elles…. j’ai un petit fils adorable, un mari que j’aime depuis plus de 25 ans…. je vis là ou je veux vivre et j’ai un job dans lequel je m’épanouie…. alors non j’ai pas raté ma vie. Même dans les moments les plus durs jamais je ne me suis dit j’ai raté ma vie…..
Par contre qu’est ce que je peux manquer de confiance en moi.
Baptiste si tu me lis, peux tu faire en sorte d’éjecter de ma tête cette satanée manie d’avoir toujours l’impression de ne pas etre à la hauteur.
Merci….. 😉
à Nanou et Hervé
Comme nous n’avons pas connaissance du “Paradigme Suprême” qui régit l’Univers et comme il n’y en a certainement pas, mais qui sait, alors c’est à nous de le décider, de l’inventer… Alors toute vie est merveilleusement/absolument (in)utile ou ratée, c’est au choix.
Pourquoi sommes-nous ces monstres là? Juste que parce qu’au fil de l’évolution, les plus agressifs, les plus doux, les débiles, les intelligents, etc. ont survécu comme il pouvait à l’horreur: les bêtes qui nous bouffaient, les épidémies, les disettes, les catastrophes diverses, et tous ça inscrit dans notre code génétique et notre mémoire épigénétique.
Et alors? ben ça a donné l’humanité avec sa diversité tout ce qu’il a de pire et de meilleure. Peut-être qu’on va la foutre en l’air cette planète, ce minuscule îlot de vie? ou pas? l’univers s’en fout complètement.
Mais c’est merveilleux votre histoire Nanou, tous vos sentiments intenses, déceptions douloureuses, l’attente déçue! Vous avez survécu. Le meilleur reste à vivre quoiqu’il arrive.
Hervé mon expérience est différente. J’ai eu la chance de survivre à une mère qui me haïssait et me méprisait (probable psychose), père inconnu, absence totale d’amour ou pas le moindre souvenir…Puis j’ai bien “choisi”, très bien même, une femme qu’a pas fichu de me dire une fois “je t’aime” en 25 ans de vie commune, séparation, quatre enfants, et maintenant 8 petits-enfants déjà au compteur. Etude de médecine à 30 ans, doctorat à 40, mon 5ème métier, à 64 ans je trime 14 à 16h par jour, et compte bien continuer jusqu’à 100 ans si la santé suit. Investi dans divers ordres caritatifs, restau du coeur, la Maison des lanceurs d’alerte, religieux aussi, et autres… Alors t’es jeune, à 75 ans, une vie devant toi pour toutes les merveilleuses choses que tu vas donner au monde.
René
Je suis bavard, c’est évident. Mais je trouve que j’ai oublié deux fondamentaux.
Nous parlons de ressenti et non pas de réalité. Si le ressenti n’est jamais condamnable -hors de pathologies bien entendu-, la réalité, elle, est bien plus discutable. J’ai passé mon existence, côté “interne” ou privé, si je puis dire, à vivre en colocation avec une curiosité sensible très développée. Je me suis donc tout naturellement intéressé à la perception humaine, à la psychologie de la perception. A ces fameux amers et certitudes qui nous permettent de vivre debout. Et, croyez moi, les débats avec cette coloc a été, est encore, musclé et contrasté !
C’est que, voyez vous, il se trouve que depuis Niels Bohr et ses collègues Einstein, Rosen, Schrödinger et bien d’autres, nous savons que la réalité objective, disons, d’une particule atomique -un photon, puisque c’est elle qui préside à la vie- n’existe que lorsqu’on la mesure. Nous disons bien que le fait de mesurer un photon le rend réel ! et ne présage ni de son état ni de sa position avant ou après l’avoir mesuré. Autre constatation de taille qui est en mesure de remettre en question quelques unes de nos certitudes : un couple de photons se comportera soit comme des particules soit comme des ondes selon qu’ils sont mesurés ou non. Enfin, je ne résiste pas : soit un couple de photon ‘jumeaux’ polarisés; l’ un de ces photons est conservé sur place, l’autre est transporté disons en Amérique; par un effet de la curiosité du scientifique qui procède à cette manipulation, l’un des photons est dépolarisé. Le photon sédentaire se dépolarisera aussitôt. Sans qu’il y ait communication. Toute cette physique s’appelle mécanique quantique et la manip’ photons polarisés éloignés s’appelle intrication. Mais que viennent faire ces photons dans notre propos ? Ces particules sont partie essentielle du cosmos, sert à mesurer son âge, son évolution, etc. Les autres fréquences qui constituent l’univers procèdent de la même théorie. Notre perception du monde -donc la réalité du monde par la perception qu’on en a- est, à proprement parler, une hallucination obligatoire. Quant à son objectivité, elle est transitoire et fugace. A proprement parler, nous sommes, tous et chacun, des hypothèses, des théorèmes, auto construits avec des briques du vivant face à un univers tout autant ‘vivant’. Et ces deux entités, si on a l’audace de considérer l’univers comme une seule entité, créent de la vie. Cette création est énergivore et produit de l’entropie (de l’usure; des déchets…) et il serait normal de se dire que cette belle mécanique court à sa disparition. Certes, mais cela met de côté le produit de cette fabuleuse entreprise : la vie. Laquelle crée de la néguentropie. C’est à dire plus de vie que de mort; ou, pour reprendre une formule : 1+1=3; la réunion de deux entités a plus de valeur que leur simple somme.
La compréhension de la raison d’être humain passe par sa propre connaissance et par celle de son environnement cosmique. Par la perception, la conscience de cette cohabitation systémique. Dans le but de créer et pérenniser de la vie. La culture, spécifique à chaque peuple, est sa réponse particulière que ce peuple met en place face aux défis que lui pose son environnement. De même, la culture de humanité est faite pour que cette humanité puisse vivre harmonieusement, utilement, efficacement, dans son environnement cosmique, à fin de construire son existence pour pérenniser la vie.
Chaque époque voit des idées essayer de promouvoir des manières de vivre, des paradigmes, pour des raisons rarement altruistes.
La réalité du cosmos comme la réalité de l’humanité sont donc des hallucinations consensuelles. Ce sont, finalement, “les qu’on en a”. On ne peut passer outre la connaissance de ces questions fondamentales que nous apportent les religions et les philosophes, qui ont apporté leurs expériences et leurs préconisations que l’être humain se pose face à son sort. On saisit bien que le principe de l’existence d’un dieu unique avec tout ce qui l’entoure peut répondre aux curiosités, cependant que la véritable peur de l’individu intelligent est atténuée du même coup. Je veux parler de la terreur de la mort. La mort considérée comme un échec, une injustice, comme une sanction irrévocable conséquente à une attitude ayant entraîné une entropie fatale. Or, tous ces principes sont discutables car illusoires. Sauf à considérer qu’il existe une réalité souveraine, immanente, qui est le principe divin, justement. Tout ceci relève de la foi. Jusqu’à ce qu’on puisse “mesurer” dieu ?
La réussite d’une vie ou, tout au moins l’idée qu’on a du sens du mot réussite, peut être celle qu’un entrepreneur ressent vers la fin supposée de sa vie. Avoir construit. Avoir fait quelque chose de sa vie. Soit. c’est son affaire et concerne son peuple. Mais est-ce avoir apporté à l’humanité créatrice de vie ? Quitte à froisser l’orgueil démesuré de l’humain, je dirais que rien n’est moins sur. Nietszche dit : “deviens toi-même”. Ce qui n’est pas un appel à devenir égocentrique mais, au contraire, à dispenser sa personnalité au commun. L’éthique de vie, morale sans dieu, essence de la vie, régule tranquillement ce qui lui convient ou ne lui convient pas. L’hallucination est à la fois assez floue et assez précise pour donner à l’ensemble une cohérence , à la fois, accessible et acceptable pour l’humain.
Comme en physique quantique, mesurer le factuel dévoile le présent d’avant, c’est à dire ce que l’on a souhaité voir; mesurer une individualité c’est révéler le théorème de cette individualité, lui donner des dimensions, un sens. Dès lors, poser l’affirmation “j’ai raté ma vie” a-t-elle” un sens ?
Que Mieux vous veille.
La vie pour moi c’est marcher vers soi et vers les autres sans s’arrêter . Ou alors, on d’arrêt et on repart sans se lasser. Je ne vais pas dire : j’ai réussi ma vie, mais plutôt je suis en train de la réussir . Et ça ne s’arrête jamais, car quand moi je m’arrête , d’autres autour de moi poursuivent. Le monde grandit. Moins de guerres, moins de maladies, moins de morts.
J’ai lu et je relis “le triomphe des lumières” de Steven Pinker, de bonnes nouvelles et de l’espoir.
Merci à tous pour ces échanges, tous avez mille ressources pour sentir votre vie réussie. Ne serait ce que ces lumières que vous faites jaillir lorsque je vous lis…Chacun est à un endroit différent et ne voit pas les mêmes ( lumières ) mais elles ne sont jamais loin …
merci à toi Baptiste pour ta lumière géante que tant peuvent apercevoir .
« Tant qu’on est en vie, on a réussi »
Moui, moui, moui. Allez dire ça à un paraplégique.
Il serait judicieux de faire lire ce texte à certains technocrates élitistes de notre pays, qui confondent valeur d’un homme et ascension sociale, bonheur et réussite économique. Par exemple à ceux qui disent “Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien”.
Une partie de l’action politique actuelle est clairement basée sur ces principes détestables, notamment dans l’éducation et la santé.
Philippe. Tu as raison. La cause en est probablement que la confiance naturelle, quasiment innée, si on considère l’attachement du bébé à sa mère, a été dévoyée, tordue, salopée et remplacée par de fausses valeurs instillées par les aînés cupides et vils. Et les principes de ceux-ci renforcés par de fausses nouvelles, des espoirs mirobolants et les psaumes des prélats. La cause….
Mais n’oublions pas cette lâcheté languide qui nous abat depuis toujours dans ses fumées d’opium. Car enfin, les humains propres et lucides existent, certainement. Mais que tous ne viennent pas dire qu’ils ont été surpris par les néfastes alors qu’ils avaient le dos tourné pour mieux travailler au progrès du monde !
Bêtement, j’ai levé la main à la première phrase… c’est moins confortable pour répondre, du coup…
On en voit tant, des gens, qui pensent qu’ils sont nuls, qu’ils ont raté, que rien ne va.
Moi aussi, j’aime bien la phrase de Mandela, elle est en rouge dans mon agenda. On n’est généralement pas à 40 ans celui ou celle qu’on imaginait être à 10 ans, 20 ans ou 30 ans…
Clem, rassurez-vous, il n’y a pas qu’une voie, il n’y a pas d’échec, il y a des contretemps, parfois, mais qui nous apprennent tant de choses et nous apprennent à nous connaître. A votre âge, 1 an, 2 ans de “perdus”, on s’en fait une montagne… vous verrez que plus tard, personne ne les remarquera sur votre CV et surtout, que ces années qui vous semblent perdues aujourd’hui étaient nécessaires pour vous construire.
Il y a longtemps, j’avais lu dans un livre (dont j’ai perdu le nom, pardon) qu’il était bon de lister chaque soir ce qui a été beau dans la journée… qu’on trouve toujours quelque chose… et c’est vrai ! Chaque jour, même bien “pourri”, il s’est passé au moins une belle chose : mon chat qui ronronne plus fort que le moteur de la voiture, un de mes nains qui sort une énormité ou juste une belle lumière. Si l’on voit ce moment-là, si l’on en prend conscience et qu’on se le rappelle le soir, c’est un petit bonheur à savourer.
Depuis que j’ai découvert ça, je prends soin de demander à mes enfants de se souvenir des beaux moments de la journée, le soir, avant de dormir… on ne sait jamais, ça pourrait marcher.
Même les araignées ratent leur toile, si vous avez l’occasion de visiter un chai de cognac, les pauvres araignées font des toiles ” trou” à cause de l’alcool dans l’air ambiant.
Mais j’adore le “à force de me planter, je vais bien finir par pousser”.
Merci.
Bonjour Baptiste,
Mon commentaire sera le 33 ème pour ce beau texte, comme notre âge commun, à vous et moi. Cela fait des années que je vous lis ici ou ailleurs et parfois peux vous écouter aussi sur France Inter.
Ce n’est pas souvent que j’ai ce plaisir, car je ne peux pas travailler avec la radio. Je suis soignante moi aussi, une réparatrice des maux par les mots, une orthophoniste.
Je vous écris aujourd’hui car votre dernier livre sera mon cadeau de Noël pour ma maman cette année. Or, mon papa nous a quittés dimanche dernier et je crois que vous pourriez nous accompagner par une dédicace pour elle en ce moment particulier. Je ne sais pas comment vous joindre en privé, je vous remercie de me tenir informée.
Cette après midi, je vais rencontrer l’infirmière avec laquelle mon père a tissé un lien unique et inédit pour elle en 10 années de métier.
Merci d’avance.
Claire.
@hervé
Je veux réagir à cette phrase : “J’aurais aimé apporter ma force de travail, mes idées, mes moyens, pour faire progresser ce monde qui s’érode à mort, ces humains terrifiés, faire oublier les gourous et les prédateurs”
N’est-ce pas ce que tu fais ici, depuis tout ce temps ? Je porte en moi, comme beaucoup des lecteurs de ce blog, ces mots puissants que tu nous offres régulièrement en partage … Grâce à cela, je crois avoir progresser sur mon chemin de vie … A travers chacun d’entre nous, c’est donc bien le monde qui progresse grâce à toi, même modestement …
Prends soin de toi.
Lise.
Whaou j’adore!!!!!!!!!!
Merci Baptiste, passe de bonnes fêtes!
Et mangez léger, pas trop de viande, de l’eau, et si possible, on évite le foie gras!
Bisous à tous! Soyez gentils, c’est facile!!!!!!!! 🙂
Oup’s, en me relisant, y’a cette grosse faute d’orthographe qui me pique les yeux “je crois avoir progresser” !!! Arggghh !! “je crois avoir progressé” bien sûr … 😉
Bonnes fêtes de fin d’année à tous …
Pareil a toi Lise et basta lortho
Baptiste,
Je vous lis depuis le début, c’est mon premier commentaire. Je ne suis pourtant pas toujours d’accord.
On peut réussir ou rater un test, un projet. Quelque chose de binaire, on le fait ou pas. Ou à moitié, disons.
La vie n’est pas un test, ni un projet. Elle n’est pas sanctionnée par un brevet, sinon par l’approbation (ou non) des autres.
J’ai coché toutes les cases – 33 ans, cadre, mariée, 2 enfants, 25 ans de prêt immobilier. Tout le monde en bonne santé. Et je suis malheureuse comme les pierres, à me fracasser la tête contre un mur, à hurler pour que quelqu’un l’entende.
On n’a pas une vie réussie ou ratée. On essaie de remplir sa vie de choses qui nous rendent heureux. D’abord un peu, avec ce qu’on trouve.
Enfin, c’est ce que je me dis ma psy
Si je lis bien, Baptiste écrit : »Voilà, toi qui m’écoutes, je vais pas te prouver que tu te trompes. Mais je peux te poser des questions, et t’aider à mieux définir cette souffrance, mieux définir la douleur. »
Il ne dit pas raté ou succès, mais aider. Il ne dit pas qu’on se trompe dans notre ressenti, mais qu’il peut aider en posant les questions à mieux definir la souffrance endurée et qui enferme.
Pour certains, cette souffrance peut se définir à partir de notions de raté ou de succès qui ont été intériorisées et qui nourrissent cette souffrance. Pour d, autres personnes, c’est différent.
Je ne suis pas psy, mais j’espère que quelqu’un vous écoute et vous entend, pour vous aider à surmonter ce qui vous fait tant de mal.
Des fois on ne s’aime pas assez parce qu’on a fait en sorte d’aimer plus les autres d’abord, de s’occuper plus des autres d’abord, d’être indispensable pour les autres d’abord, et lorsqu’on a fait tout ça on s’appercoit qu’on s’est laissé en chemin, que nos envies profondes qu’ on avait bien planquées ne demandent qu’à s’exhausser …on peut remonter à la surface Claire avec des petits trucs inédits dans des rythmes de vie “bien huilés”. …des trucs qui nous font du bien à nous
Se faire plaisir à soi
Ça va le faire Claire
j’adore ce prénom qui porte clarté et éclairer
Tout simplement merci. Il y a des moments où cela fait du bien de lire cela.
Ah les mots de B BEAULIEU sont des kleenex qui essuyent nos maux
Dans la mentalité anglo saxonne, en entretien d’embauche ceux qui ont échoué précédemment (et savent expliquer pourquoi) sont souvent prisés. On les voit comme expérimenté et revanchards. La mentalité française est différente, l’échec est souvent vu comme néfaste et non pas comme un pas vers le succès. Cela se soigne… psychologiquement, même si ce n’est pas la spécialité du soignant, un simple infirmier prodigue des soins de cet ordre, par le dialogue. Même si l’intitulé de sa facture indiquera “injection”, il se passe bien plus de choses avec un patient pendant les “actes” et c’est tant mieux ! Il faut bannir cette idée d’échouer sa vie, surtout qu’on l’emploie quand elle n’est pas finie.
J’aime bien la version de Bertrnad Picard (inventeur du premier avion solaire à avoir fait le tour du monde sans escale…)
Réussite = nombre d’échecs + 1