Alors voilà, l’autre jour je reçois le message d’une maman qui vient, avec son fils Titouan, de dire au revoir à la neuro pédiatre qui suit Titouan depuis ses 6 mois pour une épilepsie.
Titouan a maintenant 17 ans et se porte très bien grâce à ses soins.
Sa mère et Titouan l’ont chaleureusement remerciée pour sa gentillesse, sa disponibilité et son professionnalisme sans faille.
Il faut que les auditeurs imaginent : 17 ans !
La maman de Titouan a l’impression d’avoir dit au revoir à un membre de sa famille. la pédiatre a toujours répondu présente aux difficultés que cette famille a rencontrées. Son soutien a été précieux pendant toutes ses années.
Titouan va être suivi maintenant par un neurologue de centre ville mais la famille sait que la pédiatre sera toujours disponible s’ils ont des inquiétudes.
À cette occasion, ils adressent un énorme merci à cette doctoresse, Sylvia Napuri, et ils lui souhaitent que sa vie soit belle et rayonnante.
Est-ce que tu entends, Sylvia ? Il semblerait que tu sois pédiatre à Rennes, et je veux que tu saches que cette famille m’écrit espérer que ta vie « soit belle et rayonnante ».
Alors c’est vrai, je parle de toi, mais tu n’es qu’un prétexte pour parler des autres, de tes collègues, les pédiatres.
On n’imagine pas ce que peut ressentir un pédiatre qui accompagne un enfant depuis les premiers symptômes de sa maladie chronique jusqu’à ses fameux quinze ans où, médicalement, il atteint une majorité biologique qui l’amènera à être traité comme un adulte.
En tant que romancier, mes personnages m’accompagnent un an, deux ans, le temps de l’écriture, puis je m’en déleste et je les offre en série, aux lecteurs. Si jamais l’envie me prend de les retrouver, je n’ai qu’à tendre la main vers ma bibliothèque et les voilà. Sarah, Augustin, etc. Je ne souffre d’aucun manque.
En tant que médecin généraliste, mes patients, si j’ai la chance, je peux les suivre de leur naissance à leur mariage. Ça bosse combien d’années, un médecin généraliste ? Trente ans ? Une génération entière avec laquelle cheminer.
Mais être pédiatre c’est Terrible ! Il faut, chaque jour, dire adieu à des petits et des petites qu’on a accompagnés dans les coups durs. Qu’on a soignés, qu’on a vu grandir et apprendre à tomber. Qu’on a relevés, aussi.
Être pédiatre, c’est dire au revoir. Tous les jours.
Mais, mais, mais… c’est aussi dire bonjour au nouveau petit de deux ans qui vient de faire sa première crise d’épilepsie.
Chaque jour, on ferme une porte, et, chaque jour, on en ouvre une autre.
Les pédiatres sont ceux qui disent adieu et bonjour, qui lèvent la main une dernière fois, puis qui la tendent pour la première fois.
Je voulais, ce matin, en partageant ce texte d’une maman, être de ceux qui leur disent merci d’accepter un métier aussi difficile : dire adieu.
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(vous pouvez écouter cette chronique de l’émission Grand Bien Vous Fasse sur France Inter, ici)
Coucou,
Je serai en dédicace à Joigny le 19 janvier !!!
J’espère vous y rencontrer nombreuses et nombreux pour échanger autour des mots et des romans.
Bonne et douce journée à toutes et tous,
Baptiste
J’ai dit Merci et Adieu au grand pédiatre (d’une famille de grands pédiatres parisiens) qui venait à domicile dès que nous étions malades. Maman l’avait connu lors d’une consultation dans le dispensaire du quartier (il y a exactement 67 ans). C’était lors d’un congrès de néonatologie organisé par le professeur Minkowski (je m’étais occupée de la partie administrative et informatique) en 1987. J’ai eu juste à lui dire mon nom et il s’est rappelé nos prénoms. Il n’a pas été étonné quand je lui dit que j’ai rêvé de son magnifique stylo pendant toute mon enfance. Il a sorti son Mont-Blanc à plume et me l’a offert en souvenir. J’en ai pleuré et lui aussi était ému. Il m’a avoué que j’étais sa préférée des 3 et qu’il regrettait que je n’ai pas pu faire des études de médecine. Nous sommes resté en correspondance jusqu’à son décès et je pense à lui quand j’écris avec le stylo qui ne fait jamais de faute (c’est ainsi qu’il appelait son outil de communication écrite).
Merci pour cette belle histoire
Baptiste pour écrire de si beaux et justes commentaires, à votre âge, des anges (Raphaël?) sont là autour de vous et vous accompagnent
Il y a des rencontres éclairantes… dans le cas de mes nains, ça n’a pas été long, mais le Dr Sonia Chanzy, qui était de garde en néonat à la naissance de ma fille prématurée a été d’une aide plus que considérable, pas seulement médicale, surtout humaine… on n’a pas eu beaucoup de temps pour lui dire merci et au revoir… elle a quitté l’hôpital très peu de temps après, d’ailleurs…
Du coup, j’en profite, merci Baptiste.
Ancienne épileptique (opérée avec succès), je connais bien le sujet…Et du médecin généraliste fantastique d’Humanité il y a 50 ans aux grands Professeurs qui m’ont suivi et opéré il y a 15 ans, j’ai et j’aurai pour chacun d’eux une immense Gratitude et Reconnaissance jusqu’à mon dernier souffle. Merci à vous tous de vous impliquer avec autant de Foi dans votre job et de Bienveillance pour vos patients. Du fond du cœur merci. Merci Baptiste.
Bonjour,
Je ne savais pas qu’on pouvait se faire opérer pour résoudre l’épilepsie.
Ma mère en souffre et ne trouve pas de médecins compréhensif.
Opérée à Lyon (dans mon cas, mais d’autres grands centres hospitaliers le font également) il y a tout un protocole d’examens pour définir si on est opérable ou pas. A savoir s’il n’y a pas plusieurs foyers concernés, que ça ne touche pas un foyer moteur (parole, motricité, etc…), etc… C’est un long parcours avec la décision (ou non hélas pour certains cas) d’opérer.
Oh que nous avons eu un GROS pincement au coeur quand “notre” pédiatre aka Docteur Jean- Paul aka Docteur sifflotant a pris sa retraite !!!
Merci Baptiste de les mettre en lumière
PS : j’ai terminé ton dernier roman… fabuleux . Bon je les ai tous lus et Kieffer aussi
Mes filles ont absolument tenu à avoir leurs premières consultations gynéco avec celle qui m’a accompagnée pour la grossesse et la naissance de la deuxième ^_^ (je précise qu’en Belgique les gynécologues sont plus accessibles – et moins cher’e’s – qu’en France…)
Et, autre “adieu”, d’anciens patients de mon papa étaient présent pendant ses dernières semaines de vie (et encore plus à son enterrement…)
Pour ma part, et celle de ma fille. c’est un adieu bien triste que nous avons eu à faire mentalement, lorsque le téléphone de notre très cher pediatre, Jean-Pierre Bourdot de Chalon-sur-Saône, ne répondant plus , nous sommes tombées sur son avis de décès paru quelques semaines plus tôt sur le net 🙁
Un médecin compétent, très doux , aimant les enfants, rassurant, à l’ecoute, un homme charmant, toujours présent …
Nous le regrettons et parlons souvent de lui.
Merci Baptiste, de me donner ici l’occasion d’honorer sa mémoire .
Pour nous cela a été dix huit ans 🙂 et je continue à envoyer des voeux au service d’hépato de Bicètre où mon fils à été greffé à dix huit mois. Eternellement je les remercierais d’avoir sauvé mon fils et chaque année, le neuf janvier, je pense spécialement aux parents de cet enfant qui a donné son foie à mon fils. C’est une seconde famille que celle qui durant des années s’occupe de nos enfants gravement malade. Nous avons vécu des moments très angoissants, tous ensemble, mais au final, lorsque nous nous sommes définitivement quittés, c’est un beau et grand garçon qui prenait son envol grâce à eux 🙂
Les plus belles consultations, les plus gratifiantes, les plus sympathiques, Et les plus émouvantes, sont celles où je dis au revoir à un/e grand/e ado que j’arrête de suivre après des années d’accompagnement.
C’est ce “passage” chez les adultes qui nous prouve que nous avons bien fait notre travail en aidant l’enfant à vivre et grandir normalement, malgré ou avec sa maladie.
Adieu,
Il est tant de douceur dans cet adieu.
Comme il me touche, ce message. Mon petit garçon de 6 ans est épileptique et suivi depuis ses 2 ans par une formidable neuro-pédiatre qui nous tient la main depuis la découverte de la maladie. Elle est tellement énergique, à l’écoute, et rassurante dans les situations d’urgence. Je n’imagine pas lui dire adieu un jour, je ne sais pas comment nous nous en sortirions sans elle. Heureusement, ce n’est pas pour tout de suite…
Oh que tous ces commentaires sont touchants !!! J’attends mon premier – et probablement seul, vu mon âge canonique de 42 ans – enfant pour fin juin, et j’espère tellement trouver un/e pédiatre semblable à ceux dont vous parlez, un qui finisse par faire partie de la famille… Quelqu’un à me recommander à Grenoble ? ;-p
J’ai vu récemment ce film subtil : “Pupille”….
Je viens de terminer “Toutes les histoires d’amour du monde”. C’est un livre très émouvant, j’ai adoré et le conseillerai autour de moi. Continuez ainsi.
Je vous souhaite de tout cœur de retrouver un jour Anne-Lise.
J’imagine que vous avez utilisé aussi les canaux employés par la généalogie pour la retrouver.
Je vais apporter ma petite part à l’édifice sur mon blog.
Merci !
L’heure passée à vous écouter, puis celle à faire la queue pour que vous me dédicaciez votre livre, ont été deux des heures les plus agréables et enrichissantes de ce début d’année (sans compter celles durant lesquelles je me suis immergé dans “Alors vous ne serez plus jamais triste”). Merci pour vos mots, votre humanité et votre empathie, merci et merci encore.
Merci mille fois ! je suis touché ♥️
Ce billet résonne beaucoup pour moi…nous avons dit au revoir récemment à la pneumopediatre qui nous a accompagnés et soutenus pendant plus de 15 ans…mon fils avait un asthme sévère, il est aujourd’hui guéri, grâce à ses bons soins, son approche humaine et pragmatique (elle ajustait le traitement en fonction de son état et ne demandait pas au patient de s’ajuster !) 15 années ! Je lui suis infiniment reconnaissante
Bonjour ,
Depuis que je vous lis et que je guette le parcours que vous faites dans les librairies françaises j’attends votre passage dans ma région .J’habite Gap dans les Hautes-Alpes autant dire encore un coin paumé !!!!
Pas très loin d’Aix en Provence 2 heures de route quand même ……………….Bref avez vous planifié quelque chose pour 2019 ???
Continuez à nous faire découvrir de très beaux portraits .
Cathy T infirmière