Alors voilà… Je suis content de me faire le porte-voix d’une lectrice dont je relaie ici le courrier :
« La ménopause est rarement une raison de se réjouir chez les femmes, Baptiste, sauf chez celles qui ont eu à se traîner des règles douloureuses durant des années.
Imagine, Baptiste : je suis une femme et toute ma vie j’ai eu mal pendant mes règles.
Au début, quand j’avais onze/douze ans, ma mère, ma soeur, ma tante, mon père, bref l’entourage, tout le monde m’a dit « c’est normal d’avoir mal ».
Imagine, Baptiste : j’ai entendu des mots comme “douillette” ou “chochotte”.
Plus grande, j’ai consulté un médecin généraliste, mon médecin, en qui j’avais confiance, il m’a dit « c’est normal d’avoir mal pendant ses règles, toutes les femmes ont mal pendant leurs règles », et il m’a filé un anti-inflammatoire.
Moi j’y ai cru. J’ai cru ma famille, j’ai cru le médecin, j’ai cru la société, j’ai cru les copains, les copines, etc etc.
Je me suis dit « c’est ta faute, tu es trop douillette, trop chochotte », et j’ai serré les dents sept jours par mois pendant deux ans / trois ans / quatre ans / dix ans / vingts ans !!!
Imagine, Baptiste, je me suis dit « c’est normal d’avoir mal, de serrer les dents sept jours par mois pendant dix ans, et je veux pas qu’on me traite de chochotte ».
Et je m’en suis peut-être même voulu d’avoir à me plaindre aussi souvent pour rien, ça m’a renvoyé une image très négative.
Et puis un jour, au détour d’un hasard de la vie, une échographie et voilà qu’on me trouve des petits morceaux de muqueuses utérines un peu partout dans le pelvis et l’abdomen. Voilà qu’on me dit : « c’est de l’endométriose ».
Ah.
On m’explique « ça provoque des douleurs durant les règles ».
Ah.
On ajoute : « ça touche une femme sur dix ».
Ah.
Une. Femme. Sur. Dix.
Comment se fait-il qu’une maladie touche une femme sur dix sans que je sois pas au courant ? Comment se fait-il que nos mères, nos sœurs, nos tantes, nos pères ne soient au courant ? Nos médecins de famille ? Quelle mascarade !
Parce que je sens bien, au fond, que si une maladie touchait un homme sur dix, sept jours par mois pendant trente ans, on la connaîtrait par cœur, cette maladie, et il y aurait des diagnostics précoces organisés partout dès le CM2, et on disposerait de moyens diagnostiques hyper bien rodés.
Mais non. Il a fallu que je sois femme. Et j’ai souffert. Nous sommes nombreuses dans mon cas. À avoir pensé que c’était dans nos têtes. Et à avoir erré. Erré longtemps.
Et je ne veux pas parler pour les autres, mais à présent je vis avec cette question :
Qui croire maintenant ? »
Alors, chère lectrice, je n’ai pas la réponse à votre question, mais peut-être que les lecteurs et lectrices ici présents en auront une : comment une maladie qui touche une femme sur dix peut-elle être aussi méconnue ?
[le reste de l’article est disponible sur le site de France Inter ICI]