Photo : ICI
L’anecdote c’est L., L’écriture c’est moi. Merci miss !
Spécial hommage aux aides-soignant(e)s aujourd’hui. Merci d’être là…
Alors voilà Mme Chanel.
Un jour, un crabe bleu vint poser ses bagages sous le joli corsage de la brunette/coquette/fluette Mme Chanel.
“Un crabe ? Dans mon corsage ? Et qui pourrait grandir en plus ! Prendre ses aises ! Se croire chez lui et étouffer son hôte jusqu’à la mort ? Qu’à cela ne tienne !”
Mme Chanel commanda LA petite robe noire, celle dont elle rêvait depuis des mois, celle qui coutait horriblement cher, mais aussi celle avec laquelle elle se sentirait encore brunette, femme, très belle et très coquette, même très malade.
Quand la robe arriva, elle était trop grande : Mme Chanel se voyait moins fluette, mais entre temps la maladie avait fait son oeuvre alors…
Retour à l’envoyeur. Nouvelle commande : cette fois-ci, on optera pour la taille en dessous.
Seulement, entre temps, le nouveau traitement a eu des effets un peu gênant (les corticoïdes ne pardonnent jamais…).
Quand la robe revint elle était devenue trop petite. Mme Chanel, qui se sentait grosse et très malade, renvoya le tout.
Elle ne voulait plus entendre parler de la robe.
[…]
Ce qui suit m’a été raconté par l’aide-soignante :
– Mme Chanel est dans le coma. Son mari chuchote à son oreille ” Tu as reçu ta petite robe noire”, puis il explique à l’aide-soignante toute l’histoire.
Mme Chanel s’est endormie une nuit.
“Nous l’avons lavée, puis nous lui avons mis sa petite robe noire, me dit E.. Elle est très belle et je t’ai écrit cette histoire sans vraiment savoir si tu en ferais quelque chose. Mais nous, l’équipe, ça nous avait complètement retourné ce truc avec la robe.”
Alors voilà, c’est fait, pour Mme Chanel et toutes les autres.
encore une belle histoire… les histoires vraies sont tristes… mais tellement belles. ! MERCI
Merde, j’en ai pleuré. C’est le genre d’histoire qui me bouleverse
Une très belle histoire… et une fois de plus, la larme à l’oeil au bureau…
Vive le monde dans le quel les hommes parlent et ressentent. Et MERCI BiBi pour ces histoires…
“Mais nous, l’équipe, ça nous a complètement retourné ce truc avec la robe. ”
et bien, il n’y a pas seulement que l’équipe qui est complètement retournée …
merci
M’enfin ! Vous ne pouvez pas mettre une jolie-photo-poétique-trognonne d’escargots qui veulent se papouiller au-dessus d’un duo de cerises flottantes et en-dessous raconter quelque chose d’aussi triste ! C’est malin, j’ai l’oeil qui coule maintenant… Cette histoire de robe, c’est l’ironie de la vie mais pas dans ce qu’elle a de plus sympathique. Merci pour vos chroniques, Dr B.
merci toubib pour ces histoires vraies, parfois si tristes mais toujours racontées avec l’humour qu’on aimerait trouver chez tous les médecins !
j’ai un fils, médecin également, qui n’a pas ingurgité la potion magique pleine d’humour que j’ai pu concocter dans ses années d’enfance, sa soeur a tout pris !
une séance de rattrapage avec baptiste lui serait-il profitable ?
continuez à nous émouvoir tout en vous déchargeant de ces dures journées, et grand merci. Maryse.
alors voila, je pleure. meme pas 8h du matin et je pleure. je vais regarder la photo des 2 escargots amoureux moi puis que c’est comme ca.
Aide-soignante dans une autre vie…Aujourd’hui sous corticoïdes et ce,depuis quatorze longues années…
Comment ne pas être bouleversée par cette histoire….
Des bisous Baptiste.
Merci, pour l’essentiel rappelé et répété, post après post. La vie est partout, parfois juste dans un bout de chiffon. Ne pas oublier.
Belle histoire que celle ci… Ce n’est pas bien Baptiste de nous retourner le coeur mais c’est beau.
Belle histoire parce que pour L et ses collègues c’etait le dernier don que l’on puisse faire à Mme Chanel. Et puis elle est belle et élégante en noir avec les poneys multicolores….
J’aime les extravagances ultimes lorsqu’on sait qu’on se battra jusqu’au bout mais, au cas ou ça tournerai court n’en faire qu’à sa tête et préparer le terrain pour ceux qui restent. Il n’y a rien de plus «tuant» que de choisir l’habit d’un défunt. J’opte pour la nudité originelle enveloppée dans un linceul blanc, comme un lange de sortie. Et mille pensées aux petites mains qui donnent sans compter de leur attention pour rendre ce moment un tant soit peu supportable.
et cette photo, cet équilibre gémellaire prêt à atteindre son but mais qu’un souflle de vent peut anéantir dans la seconde …bein ça tue aussi…
merci d’ecouter aussi les aides-soignantes
Evidemment bouleversant …
Le noir était-il prémonitoire, allez savoir ?
Alors si on peut choisir, pour moi bien sur une robe D……l, parce que “la vida es chula !” et les poneys multicolores. 🙂
Bonjour,
Histoire poignante comme d’habitude.
Mais attention ta photo a un copyright. Je viens de voir cela dans L’internaute photo
http://www.linternaute.com/photo_numerique/photographe/macro-des-insectes/
Allez tous sur le site de ce photographe que je viens de découvrir et qui représente les petits animaux aussi bien que Baptiste les histoires
http://www.vmishchenko.com/
Tu vois, Bibi, même une erreur peut faire découvrir de très belles photographies.
Merci merci x 10209349
Il y a un merci de trop car je t’en dois environ 10 milliards de plus
@celle qui n’existait pas
Merci, pour l’adresse, un pur bonheur.
Magnifique.
Merci, cela repose l’âme de regarder ces photos dans cette désolation ambiante que nous renvoie le triste monde.
“Pourquoi attendre pour se faire plaisir ?” me sussure à l’oreille la petite robe noire de Madame Chanel … Elle aurait pu la porter bien avant, debout et insouciante …
Concrètement, les soldes durent jusqu’au 28 juillet … foncez !
Merci Baptiste pour cette (encore une) magnifique histoire, vraiment merci
bonjour Bibi,
bien belle histoire de fin de vie.
la bise
Bingo, Grand33 ! “fin de vie” et pas “mort”… on ne met pas de Chanel à une morte. A une fin de vie, oui. Parce que c’est beau épicétou.
J’ai lu cette petit histoire qui collait parfaitement avec. C’est triste c’est sur, mais je suis persuadée qu’elle était très belle dans sa petite robe. Peut être qu’elle est arrivée un peu trop tard mais malgré tout elle laissera à sa famille et aux soignants le souvenir d’une belle femme jusqu’au bout.
Merci Baptiste d’avoir relayé ce petit récit.
Des commentaires émus, et sobres.
Pour une petite robe, sobre.
Pour une histoire courte, et sobre.
Avec beaucoup d’émotion entre les pointillés
Cette petite robe noire me rappelle un certain pantalon gris.
Si le Dr. B juge mon «témoignage» inapproprié je comprendrais qu’il ne l’ajoute pas aux commentaires.
L’idée de devoir habiller une personne décédée ne me ramène pas à un triste souvenir. En effet, la première fois que j’ai vu un homme mort il m’était totalement étranger, donc pas de problème d’affect particulier pour moi, et j’ai eu un fou rire. La honte ! Diront certains…
Alors que j’étais une très très jeune maîtresse d’internat ( une petite pionne qui gardait des élèves plus grands qu’elle pendant les heures d’études du soir au pensionnat !) un jour dans le couloir d’une clinique où je venais rendre visite à mon frère hospitalisé, une jeune fille me reconnaît et m’appelle «Mademoiselle! Mademoiselle!» C’est une élève du collège où je suis en poste, elle me dit qu’elle débute un stage et qu’on vient de lui confier une drôle de mission. «Je dois finir d’habiller un mort» me dit-elle. Bizarre effectivement comme tâche pour une élève aussi jeune.
C’est une élève que j’aime bien, plutôt dissipée, beaucoup de malice et d’à-propos mais toujours respectueuse avec un prénom que l’on retient facilement : Donzoline. Donzo pour ses copines!
-«Vous entrez avec moi?» me demande-t-elle
-«Pourquoi pas ! Mon frère attendra cinq minutes »
Deux inconscientes !
Je me souviens du silence de la chambre et d’un grand homme plutôt mince au visage reposé, couché sur un drap blanc.
Mon apprentie soignante doit finir de lui mettre son pantalon et c’est là que tout va «dérailler».
Digne et religieusement silencieuse elle commence par lui prendre une jambe quand subitement la jambe par une espèce de réflexe (que peut-être un soignant pourrait m’expliquer) se replie vers l’arrière, genou levé en accent circonflexe.Elle ne dit rien elle me regarde, je la connais, ses yeux parlent pour elle. Elle repose cette jambe qui se retend instantanément sur le lit après une légère pression sur le genou, puis prend la deuxième qui se plie à son tour. Là! Nous arrive ce fou rire.
Plus elle répète son geste ( je la soupçonne de le faire exprès), plus notre fou rire augmente! Gauche droite gauche droite, à chaque fois le même résultat: pliée, tendue, pliée, tendue, pliée!
Imaginez la scène! Deux gamines qui n’y connaissent rien à la mort penchées sur ces jambes qui sont hyper actives au lieu d’être inertes!
Alors que je pleure de rire sans pouvoir m’arrêter, je la vois qui rit autant que moi, pliée en deux entrain de me dire «Je dois me calmer, je dois me calmer je dois le faire ! la famille va bientôt arriver»
Puis très vite une soignante est entrée, bizarrement ça ne lui a pas paru suspect de nous trouver hilares. Une fois ma présence expliquée, elle nous a demandé de sortir, a pris les choses en mains et tout était parfait pour l’arrivée de la famille. J’ai comme l’impression d’avoir assisté à un bizutage. Mais quel fou rire ! Pardonnez-moi Monsieur!
Je pense que ce « mécanisme » doit être naturel pendant un laps de temps, je ne vois pas d’autre explication, c’est simplement que les gamines que nous étions, ne le sachant pas, ne s’y attendaient pas d’où le déclenchement du rire.J’aime aussi penser que cet homme était un farceur et que nous avons eu droit à ses dernières facéties.Dans ce cas Merci Monsieur !
Lorsque je reviens au pays, que je rencontre Donzo ( je peux c’est ma copine maintenant!) avant de nous parler, nous rions! Encore!
J’espère ne choquer personne en relatant ces faits.
Pour notre défense je dirais que nous avions tout juste vingt ans; nos nerfs n’étaient pas assez solides pour gérer la situation et nous nous moquions de la mort que nous ne connaissions pas encore. Depuis hélas! les choses ont bien changé concernant ce registre…
Alors voilà! C’est grave Docteur d’avoir tant ri dans ces circonstances si particulières?
🙂
Je ne suis pas docteur, mais honnêtement, vous m’avez fait rire aussi.
Je ne connais pas le pourquoi de la gigue, mais il doit y avoir une explication rationnelle. Et je suis certaine que ce Monsieur tout endormi qu’il était a dû apprécier de faire rire deux jeunes filles.
@Elle, comme je comprends le comique sombre de ce genre de situations et comme je trouve beau que la mort puisse faire rire, un peu, pour une fois! Ce n’étaient pas des rires mauvais, mais des rires innocents de jeunes femmes pleines de vie, c’est beau, c’est bon, ça fait du bien! Riez, vivez, dansez, quel plus beau cadeau peut-on faire pour célébrer la beauté du monde??
J’espère que mon père a lui aussi trouvé le moyen de faire rire les soignants et thanatopracteurs qui se sont occupés de lui. Partir entouré de rires, n’est-ce pas plus joli que de partir dans un silence de mort?
Bon, quand-même… je trouve vraiment exagéré que les soignants, sûrement débordés, aient jeté cette petite là-dedans toute seule! Une stagiaire ça s’accompagne, surtout pour voir un mort, c’est du pur bon sens, non?? Mais sa bonne étoile était là et vous a mise pile au bon endroit et au bon moment. Et on veut nous faire croire que le destin/Dieu/les synchronicités/l’heureux hasard n’existe pas, même un tout petit peu… 😉
Elemmlavie…et moi aussi,ça tombe bien…
On ne peut que s’entendre…:-D
Je me permets de vous embrasser!
Heureusement que c’est le rire qui a pris le dessus … il vous a protégées.
Car demander à une élève de collège d’habiller un mort, c’est d’une violence extrême – sans explications, sans rien ! il y a de quoi psychoter pendant des années.
Heureusement que vous étiez deux !
J’aime à croire que cet homme, effectivement, vous a fait cette dernière “farce” pour soulager votre angoisse et votre peine à toutes les deux.
@Elemm, @Michèle
Finir de l’habiller! juste enfiler le pantalon. Je pense que la personne qui l’encadrait lui avait simplement laissé un peu d’avance avant de venir la rejoindre. Seule, la jeune élève l’aurait certainement attendue dans le calme, c’est ma présence et mon rire irrépressible qui ont mis la pagaille.
Oui, mais non 🙂
Tu n’as pas “mis la pagaille”, tu as fait en sorte qu’elle n’attende pas toute seule avec une personne morte – et inconnue de surcroît.
“Attendre dans le calme” dans ces circonstances, ça peut être simplement terrifiant 🙂
Alors voilà , Rico , mon amour , mon oxygène est parti il y a tout juste un mois
On m’a aussi demandé des vêtements alors moi aussi j’ai pri beaucoup de soin à ce qu’il soit habillé comme il aimait et comme j’aimais …… Cette petite robe noire me parle 🙂
Elle, Je ne suis pas docteur, mais je pense que le fou-rire partagé avec la jeune élève vous a fait du bien. J’imagine comme ça doit être difficile d’être confronté à la mort quand on a à peine 20 ans et qu’il faut habiller quelqu’un qui n’est plus. Le rire est le meilleur ami du personnel soignant confronté trop souvent à des situations absolument dramatiques et difficiles à supporter.
LA photo est de tout beauté, un moment de poésie pur!!! Merci beaucoup pour la découverte 😉 et l’article as usual….amazing 😉
Mon namoureux a perdu sa maman de ce fameu crabe du sein au mois de février…arrive juillet notre anniv de rencontre et il s’entête a me trouver une robe…m’en offre une elle ne me va pas. Et une après midi en se balladant j’ai dit ohhhh qu’elle est belle il me pousse dans la boutique et miracle elle me va ….j’avais lu ce post la c’est lui qui m’a fait découvrir : alors voilà… il voulait me voir en robe mais avec The robe…quand je la porte ses yeux brillent…il y a de l’amour beaucoup d’amour… quand je la porte je pense aussi a cette histoire… Merci
Malin ! Je ne peux plus lire, pas d’essuie glace sur mes lunettes
Saleté de poussières dans l’air…