A lundi, ou mardi… Mais c’est certain pas moins de 2 à 3 récits par semaine…((((parenthèses entre parenthèses (je vous remercie infiniment pour hier, prenez soin de vous aussi…))))
Alors voilà le hall des urgences plein à craquer. Les brancards se la jouent file indienne : succession d’âges, de sexes, de bobos différents plus ou moins graves…
Au milieu, passant inaperçue, la “Dame”. Je dis la “Dame” parce que j’ai décidé de voir une Reine Mère là où ne repose qu’une vieille femme démente nue sous une chemise blanche d’hôpital. Plus commode.
Elle dessine, du bout des doigts, de drôles d’arabesques dans le vide. Sa main droite va et vient, elle semble vouloir agripper quelque chose que je ne peux pas voir.
On dirait qu’elle coiffe le vide.
C’est cela : le vide serait une sorte d’immense chevelure invisible au commun des mortels et la Dame aurait entrepris d’en peigner chaque mèche.
Un geste plus brutal et la chemise tombe, dénudant un sein.
Je m’approche pour la recouvrir, guette son regard, pour y chercher des réponses : comme si je pouvais recueillir l’image de sa rétine et comprendre pourquoi elle caresse le vide et le questionne avec ses mains.
Échec, je ne trouve rien dans ses yeux. Mais son visage… Ses rides…. De près, je le sais, mon idée n’était pas une fantasmagorie : la patiente n’a rien d’une vieille démente sur son brancard d’hôpital.
On se trompe : Alzheimer n’existe pas. Cette maladie horrible n’existe vraiment pas et ma patiente est bien une Dame. Une Reine Mère.
Sur le brancard où elle trône perdue au milieu des Urgences elle ne peigne pas les cheveux du vide : elle préside à des armées silencieuses, elle est une Reine qui commande aux nuées.
(Les illustrations sont trouvées sur les réseaux sociaux où elles sont libres de droit ce qui n’est pas le cas sur CenterBlog. Si vous connaissez les artistes, on veut bien connaître leurs noms et l’afficher ! Redde Caesari quae sunt Caesaris)
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C’est magnifique…
Ayant eu une proche atteinte…
Merci de magnifier une réalité parfois trop crue (et cruelle) en y portant un regard bienveillant et inspiré, ça fait du bien et réconcilie, vraiment.
Bonjour Baptiste,
J’ai découvert ton blog grâce à Caroline de Pensées de Caro et comme tout le monde je suis impressionnée tant par le style que par le propos.
J’aurais pu laisser un commentaire sous un autre article, sous une autre histoire mais il se trouve que mon grand-père s’est envolé il y a peu, battu par cette maladie qui lui a fait oublié femme, enfants. Grand-père qui ne s’est jamais occupé de nous bien sûr… mais grand-père quand même.
Continue Baptiste à soigner les maux avec tes mots (c’est facile je te l’accorde mais je suis prof de français alors les jeux de mots c’est mon truc ^^) car tu le fais bien.
Face à cette maladie, qui nous fait tellement peur depuis qu’elle nous vole notre grand-mère, tes mots font une armure, un baume sur les plaies.
Merci.
Je sais pas ce qu’est cette “chose”, exactement. Mais ce qui reste est, et n’est pas, à la fois, ma grand-mère.
Partant de là, on peut tout imaginer… Et ta version est la plus douce que j’aie croisée.
merci encore.
Où l’on voit que se mettre à la place de l’autre est parfois consolant.
Magnifique.
A relire ce mois de février passé, je me dis que l’on peut encore te souhaiter une belle et heureuse année à venir … 2013 magnifique, sublime, terrible … Oui VRAIMENT … Bon vent B. Continues … Surtout continues et n’oublies pas ce que tu sais… Jamais
Très belle histoire tout comme la photo.
Salut Baptiste,
Je suis étudiante infirmière et une amie m’a fait connaître ton blog. Ça fait une semaine que je te lis partout, dans le rer, à l’école, dans mon lit… Tu écris très bien et fais ressortir la réalité de l’hôpital, des patients et de la médecine d’une jolie façon.
Cette histoire est magnifique et m’a touchée comme beaucoup d’autres !
Je finis le blog et je m’achète le livre, je veux vraiment continuer de te lire !
Bon courage pour la suite 😉
Merci et bonne chance avec tes études !
Alzheimer cette maladie qui me pend au nez et qui me fait peur….
Eva,
Surtout ne restez pas dans votre coin et avec votre peur. Cherchez l’information qui peut vous éclairer sur cette maladie. Parlez-en à votre médecin. Contactez les associations proches de chez vous qui peuvent vous apporter une aide morale. Vous trouverez leur adresse sur le net.
Bon courage !
Prenez bien soin de vous.