Alors voilà Victor. Victor est grand. Tellement que, avec un râteau il croit presque pouvoir attraper des oiseaux. Même qu’il a essayé une fois. Parce qu’il aime bien les animaux. C’est doux, les animaux, << ça ne fait pas mal si on ne leur fait pas mal>>. Victor il entend des voix dans sa tête “sale raclure de merde!”, “tu ne vaux rien!” “Pauvre tacheron de chiotte”. Pour les éteindre, ou au moins les assourdir, il écoute de la musique tout le temps. Une mélodie différente dans chaque oreille. Il a un premier MP3 dans la poche droite, un deuxième dans la poche gauche. Jamais, jamais, jamais vous ne verrez Victor sans ses écouteurs. Même en consultation, il les garde et moi je dois parler très très fort quand il me pose des questions :
– Vous pensez que je suis un pauvre résidu de capote trouée ?
– NON, VICTOR !
– Mais la voix, elle…
– LA VOIX, C’EST LA VOIX. ELLE EST ELLE, MOI JE SUIS MOI, VICTOR !
– Merci, Docteur.
– DE RIEN, VICTOR !
Souvent, dans la rue, dans le métro, les gens se moquent de lui parce qu’il parle tout seul et qu’il a une tête et un regard de boxeur très concentré. Il fait de son mieux pour leur pardonner, aux gens, mais parfois ça déborde trop et comme Victor est du genre plutôt gaillard balafré et susceptible, ça finit assez mal en général. Il a fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, Victor. Il est plutôt apprécié, là-bas. Il joue au Ping-pong avec le plus vieux résident, monsieur Nerval, qui a “gagné il y a quarante ans le championnat du monde de Ping-pong schizophrénique. J’ai joué cinq jours d’affilé contre moi-même.” Ça les fait rire, Victor et lui. Ils ne sont dupes de rien…
Victor, il a aussi une assistante sociale et elle l’aide beaucoup. Il a pas eu de papa, il a pas eu de maman, Victor. Les frères et sœurs, il connaît pas. Les soignants, ce sont eux sa famille. Victor a tout raté à l’école et comme il parle tout seul, personne ne veut l’embaucher.
– C’est la peur, Docteur. Je “donne de la peur au gens” et quand les gens ont cette peur qui leur arrive dessus, dessous, dedans, rien ne peut aller contre cette peur.
– JE COMPRENDS, VICTOR !
Si vous le croisiez un soir, nul doute que vous changeriez de trottoir. Pourtant, je vous l’assure, vous ne connaissez pas Victor, car dans ses écouteurs, il écoute du Chopin à droite, de la country à gauche.
<< J’ai tout essayé. Y a que ça. Chopin et la Country. Un Autrichien en santiag. >>
Moi je souris, j’ose pas lui dire que Chopin est polonais…
Et vous venez quand en Champagne Ardennes? J’aimerai bien que mes livres soient dédicacés! Nous travaillons dans le même monde et j’adore vos récits!
Hey Baptiste,
Je t’envoi un free hug de loin mais je ne viendrai pas car j’habite trop loin et je travaille et en vrai je ne fais pas de free hugs, parce que j’aime les gens mais toujours selon une certaine distance, mais j’aime les gens, ça ne ce voit pas mais c’est vrai de vrai !!
Alors je t’envoi plein d’amour et de pensées positives, je peux même faire une prière pour toi sans que tu le demande, et tu sais si tu ne crois pas en Dieu c’est pas grave, il t’aime quand même, vrai de vrai!!
Quelle tendresse dans ce post, ça me rappelle les histoires que me racontait parfois mon fils qui a été infirmier psy, c’est dur de pas être seul dans sa tête et l’incompréhension des gens car ils font peur et pourtant ils souffrent. Merci de les écouter, et dommage NANCY suis très loin, je suis sudiste”
J’aime bien ton ps3. J’aime toujours quand tu nous dis ça. Sans doute parce que j’ai besoin qu’on me le rappelle. Souvent.
Je suis bien contente de lire une histoire où l’on parle d’une assistante sociale ! Une assistante sociale qui aide. Mince, ça aussi tu as eu besoin de me le rappeler. Pendant ma formation, lorsqu’on nous demandait pourquoi on voulait devenir assistants de service sociaux, il était plutôt mal venu de répondre uniquement “pour aider les gens”. Trop simpliste, pas assez élaborée comme réponse. Basique, doit manquer de maturité et de réflexion. Mais, nom d’un chien ! Si on n’aide pas on fait quoi alors ? On leur fout des coups de pieds au c.. ??! J’aime la simplicité, c’est plus clair, plus juste, parfois même plus vrai. Ouais, aujourd’hui j’essaie d’aider les gens. Merci de l’écrire comme ça.
Il est probable que je “change de trottoir” en croisant Victor. Difficile de lutter contre une peur “animale”, une peur “réflexe”. Pourtant j’essaie d’y faire attention chaque fois que je croise quelqu’un qui ressemble à Victor. Regarder sans juger et dépasser ses a prioris. Ma mère travaille en hôpital psychiatrique, elle croise tous les jours des Victors et d’autres personnes en souffrance. Je crois qu’inconsciemment elle m’a inculqué ce non jugement. (Elle aurait certainement beaucoup de choses à raconter à propos de cette histoire). C’est pourquoi j’ai été heureuse quand j’ai pu travailler avec des adultes souffrant d’handicaps (psychiques, retards mentaux, etc.) J’apprends tous les jours à leur sujet, je suis de plus en plus à l’aise avec eux. Et j’espère bientôt me former pour mieux les comprendre et mieux intervenir auprès d’eux.
Allez, bises et courage à tous les Victor, et à tous les autres.
Nancy c’est un peu loin pour moi et pourtant j’ai bien besoins de voir du monde, je viens d’apprendre que j’ai raté mon année et que je ne serai jamais médecin. Merci à toi Baptiste pour m’aider (je suis sûr que je ne suis pas le seul) à garder le sourire dans ces moments excessivement difficile. Si jamais tu t’égard en Belgique, c’est avec beaucoup de plaisir un grand sourire et une boite de chocolat belge bien sûr que je passerai te dire bonjour. Courage, puis si vraiment ça ne va pas, je connais un très bon livre qui redonne le sourire et confiance en l’espèce humaine. Un livre qui devrait être prescrit comme anti-dépresseurs et remboursé par la sécu, c’est « Alors vous ne serez plus jamais triste »
Merci pour tout et à bientôt.
Jérome, je te souhaite du temps et d’être entouré pour faire le deuil de ton rêve de devenir médecin. Je te souhaite de la clairvoyance et de l’écoute (la tienne et celle des autres) pour repenser ta relation professionnelle avec autrui car le soin ne se limite pas à la médecine, il y a tant d’autres métiers où prendre soin de l’autre (sans s’oublier soi). Je te souhaite courage, confiance et bcp, bcp, bcp de chocolat noir de noir ! free belgian hugs à partager avec BiBi à qui j’envoie de douces pensées et souhaite plein de bergamotes de Nancy !
Bonsoir Baptiste, merci de faire vivre Victor ainsi. J’aimerai bien le rencontrer et lui parler comme je l’ai fais avec un jeune schizophrène en attendant ma consultation. Ce fut un merveilleux moment de partage+++
Je suis émerveillée par chaque histoire, MERCI.
Encore un article très émouvant… qui me renvoie à moi-même, à ma gêne et ma peur, inconsciente et à la fois bien présente, irrationnelle et profondément ancrée en moi, ma peur de ces gens qui parlent tous seuls, dans le métro, dans la rue, sur un banc… difficile de changer ses réactions, qui pourtant sont infondées…
Merci pour ces beaux articles, et en cas de passage à Lyon, je viendrai avec plaisir !
Marine
Coucou Baptiste,
As tu pris des vacances? ton livre circule et fait un bien fou
continue de nous émouvoir, de nous faire rire, et même pleurer.
Une belle pensée pour toi,
Evelyne
Je serais là à Elancourt et je veux un free big hug!Je le rendrais aussi!! Parce que ça fait du bien dans ce monde de dingue et parce que le lendemain j’irais essayer de soigner et comprendre mes chers patients.Je t’envoie pleins d’ondes positives! (y en reste toujours au fond du tiroir 🙂 )
Je pense avoir repris mon T parti hier en balade.
J’aime bien Victor et j’aime la photo. Je me demandais pourquoi tu l’avais choisie, et finalement, c’est comme pour ton texte : tu invites à regarder le monde et ceux qui l’habitent de plus près 😉
J’habite trop loin pour venir aux diverses dates mais je te souhaite plein de succès !
<3
A Nancy, tu vas avoir droit aux cilouboas (et n’oublie pas, Cilou doit aussi t’en faire pour nous !)… accompagnés de ce sourire magnifique et si éclatant qu’il éclaire le ciel le plus sombre : si tu en réchappes sain et sauf, tu sais que ça te fera un bien fou !
Il me plaît bien ton Victor avec ses 2 MP3, même si je ne serai pas tout à fait rassurée de le trouver sur mon chemin : peut-être qu’on se méfie beaucoup trop des gens qui paraissent étranges et pas assez des gens qui paraissent normaux !
Caresses de plumettes
Surtout s’il veut t’attraper avec son rateau.
🙂
C’est vrai ça. Mais Victor est gentil, c’est pour partager un peu de tendresse dans ce monde de fous.
Je lui gazouillerai du Chopin et un air de Country, il me prendra pour son MP3 !
“peut-être qu’on se méfie beaucoup trop des gens qui paraissent étranges et pas assez des gens qui paraissent normaux !” Et pourtant, les gens les plus dangereux, sont ceux qui cachent leur part sombre (on a tous une part sombre) sous leurs airs de “personnes parfaites”. J’en ai connu un comme ça, il parlait pas seul dans la rue, il avait pas d’hallucinations, personne n’avait peur de lui, au contraire, tout le monde fait sans cesse son éloge. Dans l’intimité, c’est un pervers.
Pour ma part, j’ai pas peur des gens un peu bizarres, sans doute parce que je le suis moi aussi un peu (moi aussi je parle toute seule dans la rue et j’ai des hallucinations), aussi parce que nombre de mes amis sont schizophrènes…
Salut, comme d’habitude, tu arrives à crée un petit univers autour de la personne, juste en changeant ton style d’écriture. Continue comme ça.
Par contre je n’apprécie pas trop les PS. car normalement quand je lis la dernière ligne d’un texte, je la lis en temps que telle. Sauf que la je ne peux pas savoir que c’est la dernière… Donc ça casse tout le charme de la dernière ligne ainsi que de la chute, dommage.
C’est vrai ce que tu dis. Vrai de vrai !!!
Ah ? Peut-être est-ce une histoire de forme. Si tu laissais plus de place entre le texte et les ps le problème ne se poserait plus. Non ?
Moi je les aime bien les ps… mais je comprends ce que veut dire Antoine 🙂
Moi, Président, il n’y aura plus que des “n.b”; épicétou.
Bonjour Bibi
PRENDS BIEN SOIN DE VICTOR
Et prends bien soin de toi…..
La bise
Bonsoir Baptiste, tu as juste oublié de dire que l’on peut te retrouver sur
France bleue ce soir…….
Prends soin de toi , vraiment .
Moi j’y vais demain au livre sur la place 🙁
C’est nul ! Pourquoi Epinal, hein hein hein ?
et pourquoi pas épinal? moi j’y suis allée le voir
Parce que c’était beaucoup plus loin pour moi ! Mais finalement, j’ai trouvé la solution: je traine mon père au Livre sur la place cet après-midi ! Je vais avoir mon livre dédicacé finalement !!
Hey, tu peuxpas trainer un peu à Epinal ? Je finis tard ce soir … Si tu reste jusqu’à 18h30 19h00 dans le coin je serais curieuse de te rencontrer, toi dont je lis les mots … Bises, une étudiante spinaloise
M’a fait penser à un de mes personnages préféré, Lenny dans “des souris et des hommes” … Celui qui m’a fait sourire et tant pleurer !
Prends soin de toi Baptiste.
Merci ! Je n’arrivais pas à identifier ce que cela me rappelait. Merci encore.
Bon bein faut justement que tu fasses Toulouse le jour de ma crémaillère… Du coup pour les free hugs si ca te dit tu viens, ya 1H45 de route depuis Toulouse… Yaura du free hug, du champ’, des petits fours et pleins de gens que tu connais pas (et que je connais pas non plus d’ailleurs, j’ai décidé d’inviter les inconnus du quartier!). Bises et positive attitude, et calins itou à tous les Victor <3
Coucou Baptiste
Donc maman sera bien là au salon du livre de Nancy à la première heure elle aussi, avec le mot de passe en bandoulière. Elle sera chargée de petites douceurs, mes préférées. Elle est ravie, vit avec cette idée, m’a remerciée, elle rit, et se préparera bien à l’avance pour le rendez-vous. Je pense qu’elle est déjà prête à l’heure qu’il est 🙂 Merci à toi aussi de savoir susciter cela chez quiconque touche de près ou de loin à tes jolis mots. Ce qui est sur c’est que j’ai donc commandé pour mon anniversaire tous tes ouvrages avec une dédicace dessus. En échange des douceurs que te livrera ma maman, fais-lui un giga free hug s’il te plait car elle en a bien besoin, et si les ondes de choc de ta tendresse envers l’humanité pouvaient se propager dans sa poitrine qui abrite un de ces vilains crabes récidivistes pour lui signifier de virer de là…qui sait…
Je te souhaite de belles séances de dédicaces, de beaux moments, de ceux qui comblent, qui rendent légers et qui font avancer. Grosses bises.
Ce sera fait. Promis. Et avec tout mon coeur.
Eh bien moi je me dis que Victor il a un don ! Bon, c’est pas un don sympa puisqu’il lui dit des vilainetés ou des méchanteries (au choix) mais il est toujours vivant !
J’ai entendu parler d’une certaine Jeanne de Domrémi que sa petite voix a menée sur un bûcher !
Et puis parler tout seul, c’est bien, ça fait sortir le “trop plein” de soi ! Dans mon bureau, on est 4 et on parle toutes toutes seules !!! (ouai, je te vois venir : les filles ça parle tout le temps) et on rigole de ce qu’on peut bien dire “à personne” mais que les autres entendent !
Après Fuveau je serais bien venue à Nancy ! (pour les free hugs et pour le sourire) Nancy c’est pas très loin que mardi j’ai enterré mon beau-père… mais voilà, j’ai dû retourner à mon bureau de bavardes !
Mais on se reverra !
Bises et puis vous aussi (ou toi aussi) prenez soin de vous et merci encore de prendre soin de nous !
Bonjour, je passe régulièrement vous voir, je ne post pas habituellement. Votre blog est génial, je tenais à vous le dire . Trop loin pour une dédicace. Nulle doute qu’il y aura foule à Nancy. Et on vous attend en Bretagne.
J’ai eu un petit Victor dans ma classe de CE2 l’année dernière. Ça n’a pas été facile tous les jours, particulièrement quand il cherchait des lézards en classe, et c’est vrai, parfois son regard me faisait peur. Seulement il était en CE2 et j’étais la maîtresse, même avec mon petit 1m58, je dominais suffisamment la situation pour ne pas laisser la peur prendre le dessus.
J’ai fait ce que j’ai pu pour aider mon petit Victor. Avec son psychiatre, son éducateur et sa maman, nous étions tous dans la même galère à ramer dans le même sens pour essayer de lui apporter un peu de calme, un peu de réassurance et pour ma part, un peu d’école aussi. (Petit Victor est loin d’être bête, mais il est dyslexique en plus. On peut dire qu’il cumule…)
De son côté, je crois que mon petit Victor m’a beaucoup apporté en terme de patience et de tolérance. J’espère que je saurai m’en souvenir en croisant de grands Victor dans la rue, suffisamment pour ne pas lancer de regards inquisiteurs et pour ne pas changer de trottoir.
Merci Baptiste pour ce blog plein de tendresse et d’humanité. Merci de ne pas laisser Victor tout seul avec sa voix dans sa tête. Merci aussi pour les idées : la musique en classe, j’y pense depuis un moment, j’essaierai au prochain petit Victor.
j’aime bien vous lire mais le côté implorant (s’il vous plaît venez me voir j’en ai besoin) je trouve ça un peu pénible … faudrait pas la jouer trop pleureuse non plus !
Bonjour @ Christine,
Baptiste est un être humain comme vous et moi. Il n’est ni implorant ni pleureur. Ce n’est pas dans sa nature. Par contre, il est très sensible et humain. La vie ne lui fait pas de cadeaux tous les jours. Il a dû affronter des moments très durs aussi, comme tout le monde.
Par ailleurs, son métier de médecin lui fait côtoyer chaque jour des situations difficiles, parfois sans solutions.
Autant nous apprécions son humanité, son empathie parce qu’elles nous font du bien, autant nous devons penser aussi au partage.
Baptiste a besoin de rencontrer ses lecteurs, des personnes qui l’apprécient et l’aiment pour ce qu’il est. Le moment des dédicaces est très important pour lui. C’est un moment d’échange, de dialogue. Il y puise des forces pour continuer son chemin.
Puissiez-vous avoir l’occasion de le rencontrer, vous verrez que c’est une bien belle personne.
Bonne journée à vous !
Chère Christine, la semaine je travaille seul au cabinet où je vois des gens malades. Je me plains pas, tous les medecins font ça. Seulement moi, le week End, j’ai la chance de rencontrer des gens et de les serrer contre moi. Tout à l’heure j’ai serré contre mon coeur une mamie qui a cancer. Je l’ai serré, serré très fort en me disant que je voulais qu’elle aille mieux. Ben, vous savez quoi ? Elle ira pas mieux. Mais moi, de pouvoir échanger de la chaleur humaine, ça m’a mis une étincelle dans le ventre pour réattaquer la semaine.
Je vous embrasse,
Baptiste Beaulieu (la pleureuse !)
Je t’embrasse mon Bibi
Je t’aime mon Grand !
Petit bizou, et même in pour le Kipicpakidi 😉
Je crois que cette mamie était ma maman. je confirme pour l’étincelle, partagée, qui fait avancer. Elle a la voix légère et claire depuis samedi matin. Encore merci Baptiste d’avoir été si généreux, courage pour tout et plein de bonnes ondes soufflées vers toi, positives et bienveillantes. Bises.
Karine : votre maman m’a donné une force et une énergie incroyable. C’était de l’amour. Merci.
Ah, encore une personne qui se plaint de “sensiblerie” ?
Christine, je ne ressens pas du tout ce côté implorant dont vous parlez, chacun sa perception des choses.
Pour moi Baptiste nous parle d’émotions et, oui, de sensibilité. Celle là justement que l’on (je?) a tendance à garder pour soi, par pudeur peut-être ou par crainte (mais de quoi ?). J’ai besoin de lire des textes avec cette sensibilité qui en émane, ainsi j’apprends à exprimer la mienne sans en avoir honte, à briser les barrières qui la camouflent. Oui… je crois que j’en ai besoin. A présent je me permets de trouver les choses belles et touchantes. J’apprends à m’émouvoir (et il y a encore du travail mais je progresse). J’espère un jour devenir une “pleureuse” 😉
Christine, nous ne pouvons pas être tous touchés de la même façon par les mêmes histoires. Là où vous avez trouver un côté implorant, d’autres ont certainement été émus.
Bonne lecture pour la suite !
ps: (ah ah ! moi aussi je fais des ps !) Merci Baptiste, free hug virtuel ! (je ne sais pas si ça allume des étincelles mais j’espère que ça contribue, même de manière infinitésimale, à ce que tu attaques la semaine en pleine forme !) Biiiises
Non mais Dame Christine allez juste voir une dédicasse de Baptiste vous comprendrez, j’en suis certaine.
Moi, j’ai pas peur de Victor. Comme dit Jean d’Ormesson, ce sont des esprits égarés dans des corps, Ma maman était comme ça. Bonne chance Victor et merci à toi Baptiste.
Chouette, tu viens en Bourgogne… je ne connaissais pas ce salon qui se tient près de chez moi, avec plein d'”Auteurs” importants, mais si je peux me faufiler dans la foule pour venir te dire à quel point j’aime ton écriture, je le ferai.
A bientôt !
J’ai jamais su comment il s’appelait vraiment. Juste qu’il avait été musicien de talent avant que çà lui arrive. Technicien renommé, demandé partout dans les Caraïbes, plein de copains; un type qui aimait la vie, l’action. Il arrivait parfois qu’on envie un peu son aisance, sa façon de toujours rire, de plaisanter avec tous, cette manière de charmer les filles sans les draguer et de héler les gens qu’il connaissait avec une voix un peu forte. “Salut, Hervé, tu vas bien?” lorsque j’étais attablé au soleil, à la terrasse du café… C’était un élément indispensable de la place du village et personne n’aurait pu imaginer la vie sans lui.
Je me suis absenté pendant quelques mois pour affaires puis, les choses étant faites, je suis revenu au pays pour reprendre mes petites habitudes, mi-lézard mi-iguane. Le parcours quotidien d’un qui a le temps et sait ce que l’on peut souffrir en ville, à en devenir fou. J’allais du boulanger au chinois (épicier), du bazar (chinois) surtout pour me balader dans le fouillis indescriptible et échanger des phrases inintelligibles assorties de grands sourires muets avec le patron, pour atterrir au Bar des Sports… Loto, journal local, un jus de goïave… Mais plus de “Salut ! tu vas bien ?”. Et çà me manquait vraiment.
Et puis, un jour, un type est passé qui trainait la savate entre les cailloux, dans la poussière du trottoir d’en face. Un qui s’arrêtait de temps en temps, tous les trois pas, et qui parlait tout seul en hélant un ectoplasme dans l’espace avec une voix un peu forte. Avec des mots indistincts mais véhéments… Puis reprenait sa route. Joséphine, la jolie serveuse antillaise, m’a dit que c’était “lui”, le musicien d’avant…que c’était parce que sa femme l’avait quitté qu’il était devenu comme çà…tout çà pour une femme, me disait-elle avec une jolie moue… et que c’était triste.
Dans le village on disait que “ce soir là”, quand elle a été partie de la maison, il y avait eu un grand silence pendant quelques temps. L’orage de cinq heures et demie se mettait en place et on entendait rouler les caisses qui contenaient ses accessoires pyromanes. Quelqu’un a vu l’ami sortir de chez lui, un peu hébété, peut-être vacillant; il était allé dans la remise, s’était emparé d’un râteau…peut-être avait-il bu?…il s’était planté là, sur la pelouse du côté de la maison et, levant l’outil bien haut vers le ciel, avait commencé une incantation douloureuse scandée de jurons maléfiques. Il y eut soudain un grand bruit, accompagné d’une immense lueur tombée du ciel, comme un doigt long et griffu. Et le signe a transpercé le monde…
Il a été transporté à l’hôpital pour être déchoqué. Après quelques jours, tout le monde a été content de le savoir vivant après avoir pris cet éclair tropical. Mais l’ami ne ferait plus jamais de musique.
Je le croise parfois trainant les pieds dans la poussière du trottoir d’en face, évitant les cailloux d’un pas lent et sans but. Je lui dit “Salut, Man, tu vas bien?”. Lui ne me répond pas. Il ne sait pas que je lui parle. Il s’arrête et me regarde sans me voir vraiment. Il écoute les musiques qui sont dans sa tête; le crissement de l’éclair qui traverse son corps, le bruit dantesque plein et formidable du tonnerre qui lui rince le cerveau. Il ne réponde plus à personne. Du fond de sa retraite, au fond de sa caverne, il regarde la lumière du plafond et chante des musiques sérielles. Puis il parle aux anges, écoute leurs réponses, s’en va enfin vers d’autres stations.
Depuis que sa femme l’a quitté et qu’il a pris ce coup de foudre sur la tête.
Merci toi… Entre ton magnifique texte et celui de Baptiste, il y a de quoi réfléchir à notre rapport avec ceux qui nous paraissent étranges.
putaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaain d’histoire! Hervé toi… toi…toi…. t’es un BON! ( comme de Niro à son psy) gros kisss
NB tu l’as écrite comme une danse à la AKA , trop trop beau
Merci Hervé de nous raconter l’histoire de ce voisin avec tant d’humanité et de poésie. Tu as su toucher mon cœur…
Bises
Bravo Hervé,
‘1 coup de foudre dans la tête’
je sonnetiserai bien ton histoire
Mais j’ai le syndrome de l’écrit vaine – en ce moment 🙂
Belle histoire vraiment . . je marmonne souvent qu’on devrait apprendre aux enfants dés la maternelle que :
‘personne n’appartient à personne’ –
et fini de souffrir . . –
Merci Baptiste d’aimer les skizos comme je les aime
On ne les protège pas assez _________
–
Alors voilà, ce matin salon du livre de Nancy. Nous sommes les premières au stand de Baptiste, il n’est pas encore arrivé alors on tourne un peu. Lorsqu’il arrive, ma fille Auriane est émue comme rarement. Donc MERCI. Merci Baptiste pour ces quelques instants d’attention réelle, pour ces free hugs qui nous ont fait un bien fou. Pour ces dédicaces superbes (dans le fond comme la forme). Merci d’être fidèle à vos écrits, nous avons eu le sentiment de rencontrer quelqu’un de bien, de mieux que bien. Tenez vous en joie parce que bien faire, c’est certain vous le faites. Continuez l’écriture et la médecine, je ne connais pas vos talents dans la seconde mais de ce que j’ai ressenti ce matin, vous ne pouvez qu’être un grand médecin. Une humanité, une écoute, une humilité enfin bref, une rencontre d’exception pour nous. Avec un regret, le temps trop court, et un espoir d’une rencontre ailleurs, un autre jour. Prenez soin de vous.
Ma sœur 10 ans en cliniques psy, assistante sociale 10 ans a voir passer tous les Victor de la terre et les Victorinne même un paparazzi dégouté de la vie qu’elle a congédié en lui disant « quand on est beau gosse comme vous on a pas besoin d’un endroit comme ici prenez votre superbe moto et partez en vacances…loin… sans appareil photos (vade retro satanas ) »….bon un jour elle rentre dans le bureau du boss « alors voilà, Monsieur, je démissionne »…El Professor en mode panique direct « comment !comment ! vous voulez une augmentation ?» ….ma frangine « oh non …mais si je reste Monsieur j’aurai besoin d’un de vos lits»….
Moi, j’aime la photo de l’arbre qui ne pousse pas là où on lui dit de pousser. Esprit de contradiction, liberté voire anarchie. Les arbres n’en feraient qu’à leur tête ?
Je viens de faire connaissance de ce BB aujourd’hui, je n’ai pas lu ces livres, encore moins tout lu de son blog mais je serais à Blagnac.
Merci de parler des assistantes sociales. Travailler au milieu des soignants, vous savez, c’est pas facile facile tous les jours pour nous 🙂 Mais j’aime vous lire, ça me conforte dans l’idée que malgré tout, ce que nous avons en commun, c’est que nous aimons Rencontrer les Autres.
Hello Baptiste!
Je ne sais pas trop comment écrire ce commentaire (tu le sens venir le pavé, tu le sens?) mais je crois qu’aller au plus sincère sera le moins “pire” ((niveau prose à rallonge s’entend)(oui j’aimais déjà les parenthèses avant, maintenant j’aurais du mal à m’en défaire, c’est ta faute!)).
Je t’aime!
Oui, je t’aime, toi, que je ne connais et ne connaîtrait (probablement) qu’au travers de tes écrits ((‘suis une handicapée de la communication verbale et des immersions de foule. Donc même si tes livres sont direct entrés dans ma top liste d’achats, ben j’aurais jamais le courage de me déplacer pour une dédicace, trop effrayant^^”))
Je t’aime pour ton humanité, ta sensibilité, tes forces et tes faiblesses, des doutes que tu partages peu mais qui font aussi ta force, oui, toi, cet être imparfait parce qu’il est humain mais tout aussi parfait parce qu’il sait le rester!
Un grand merci pour ce blog, pour ce désir de partage, pour ces tranches de vies.
Vraiment, c’est sincère. J’ai passé ma journée entière sur ton blog, j’ai tout lu. ((mais pas mis ce commentaire sur l’un des deux derniers posts, où ça me paraissait peu approprié)(zut tu devrais avoir une place exprès pour les commentaire juste de love!))
J’ai rit, pleuré, mes générateurs d’empathie ont turbiné à plein régime.
Je t’admire et aie beaucoup de respect pour le métier que tu fais, de même que pour tous tes collègues, et plus largement tous ceux qui ont des métiers qui touchent à la misère humaine, la vie, la mort et tout ce qu’il y a dedans et en intermédiaire. Vous avez un courage admirable, vous assurez grave!!!
Alors oui, ceci est un message d’amour, sucré et (pas) baveux (ouais attends, j’ai encore l’âge de retenir la salive dans ma bouche quand j’embrasse^^), parce qu’en plus en lisant de nombreux commentaires, ben j’aime aussi ton lectorat (qui dans sa grande majorité est composée de gens beaux, juste super beaux en dedans). Tout ça, ça conforte ma conviction que j’avais raison de naturellement croire en la beauté de la vie et de l’humain, même si souvent l’humain m’effraie un peu. Et comme dès fois, un jour de solitude pluvieuse, en face de quelqu’un qui vous crache au visage, des déboires de la vie, de la misère, on oublie cette beauté pour un moment, merci d’être là pour la rappeler <3
ps: je t'enverrais des photos de mes petites culottes en dentelles si tu veux…
(ps bis: ceci n'est pas une proposition sérieuse évidemment, je préfère montrer mes seins)
((ps bis bis: …haha…))
Merci toi !!! C’est adorable 🙂
merci un énorme merci pour ce texte qui m’a bouleversé, ce texte sur le sexisme. il m’a touché et il faut pas oublier que pour la majorité des femmes et bien une fois la journée de travail terminée on embauche pour celle de la maison.
Car malgré notre journée de fatigue nous devons nous occuper de nos enfants, de notre appartement, des repas, des papiers et pour finir être en beauté pour nos hommes car pour la majorités d’eux ils sont trop fatigués pour faire quoi que ce soit sauf tenir la télécommande.
MERCI
Le bonhomme, là, faut le mettre au régime sec.
– Comment, la soupe n’est pas prête ?
– c’est que tu as dû oublier d’appuyer sur la télécommande. Mais c’est pas grave, il reste de quoi manger dans le frigo, vas-y, sers-toi, moi, je vais me coucher : j’ai besoin de mon sommeil réparateur de beauté. Bonne nuit mon minet. 😉
Généralement, ça marche aussi avec le linge sale ( pas de chemise propre ?!?) ou le repassage.
Enfin, quand le bonhomme possède un minimum d’intelligence.
Quant à la bonne volonté, il faut la susciter et l’encourager. Si on a des réponses du genre ” je ne sais pas comment on fait”, il faut apprendre et montrer, faire preuve de patience et être prête à bouffer du lapin à la moutarde tous les wk pendant des mois, parce que minet a pris goût à faire la cuisine et est tout fier de son plat ou de la tarte au citron – même si on n’aime pas… Croyez-moi, il y aura du retour sur investissement !
Mesdames, pensez à élever vos garçons comme vos filles, tout le monde apprend et partage. De cette manière, ils transmettront eux aussi à leurs enfants. Moi, je l’ai fait avec mon frangin ( frère aîné, attention hein, ce n’est pas le specimen le plus facile !). Et à l’époque, le sieur trouvait normal que je me tape tout le boulot de la maison en plus du lycée ( classe prépa). J’ai rectifié le tir vite fait ( mère aux abonnés absents). Gentiment d’abord, et sans effet, puis en rageant, sans davantage de résultat. Pour finir, la méthode décrite plus haut, moins fatigante et avec du résultat.
Je suis contente de dire que par la suite, il a été en mesure de s’occuper des enfants comme leur mère ( côté cuisine, moins bien, mais bon, on ne va pas chipoter), et en plus capable de laver et repasser les robes de ses mouflettes ! Et de leur montrer comment entretenir le moteur de la voiture ( cerise sur le gâteau) 😉
Bonjour Cath,
J’ai eu bien du plaisir à te lire ! Je me suis retrouvée dans ce que tu décris !
J’ai eu une maman aimante, présente, mais qui élevait son fils aîné comme un petit “roitelet”… Sa petite sœur (moi), devait faire toutes les tâches de la maison. Comme toi, j’ai enragé, fait de la résistance, “oublié” de faire…
Puis, j’ai pris mon indépendance. Je me suis mise en couple, contre la volonté de maman et le qu’en dira-t-on de la famille. Les enfants sont arrivés : un garçon et six ans plus tard une fille… Ayant bien retenu la leçon de mon enfance et adolescence, je leur ai donné une éducation égalitaire. Ils ne s’en portent pas si mal !!! Ils sont très débrouillards et partagent les “corvées” dans leur vie de couple…
Maintenant, je suis devenue mamie d’un petit garçon de bientôt sept ans et je t’assure veiller “au grain” avec amour et attention. 😉
Bises à toi et ta Maman de cœur