Elle s’appelle Anne-Lise Schmidt, sachant que mon grand-père a probablement orthographié le nom phonétiquement (il peut s’agir de Shmit, Shmitt, Schmidt, Smeetz, etc.) et qu’ils pourraient même s’appeler Smith aujourd’hui, puisque les ingénieurs allemands évacués vers les États-Unis après la guerre se voyaient parfois proposer un changement d’identité avec le plus fréquemment un glissement (les Schmidt devenaient Smith).
Elle serait née le 3 avril 1944, près de Cologne, en Allemagne. Ses parents adoptifs auraient émigré très tôt aux États-Unis (vers 1947-1948). Son père Willy aurait travaillé pour la NASA en Floride. Sa mère Anna aurait été musicienne. En 1956, ils auraient été propriétaires d’une belle propriété en Californie. Anne-Lise Schmidt aurait les yeux bleus. Passionnée de langues étrangères, elle en parlerait plusieurs.
Le 3 avril 2019, elle fêtera ses 75 ans. Mon père et moi lui préparerons un gâteau, comme chaque année. Je crois qu’elle mérite que son histoire lui soit rendue.
Her name is Anne-Lise Schmidt, but my grandfather probably spelled it by ear (it could be Shmit, Shmitt, Smeetz, etc.) and her family may very well be called Smith today, since a name change was sometimes offered to German engineers leaving for the US after the war.
She was born on April 3rd, 1944, near Cologne, Germany. Her adoptive parents seem to have emigrated early on (around 1947-1948). Willy, her father, possibly worked for NASA in Florida; Anna, her mother, was probably a musician. In 1956, it seems they owned a vast estate in California. Anne-Lise Schmidt’s eyes are blue. She loved languages and might be a polyglot.
On April 3rd, 2019, she will be seventy-five years old. My father and I will bake her a cake like we do every year. I believe she deserves to inherit her own story.
Mot de l’auteur
Cher.e.s ami.e.s,
Vous m’avez fait l’honneur et la joie de défendre mes précédents romans, Alors voilà, les 1001 vies des Urgences en 2013, Alors vous ne serez plus jamais triste en 2015, et La Ballade de l’enfant gris en 2016. Je voudrais, à l’occasion de la parution de mon nouveau livre, Toutes les Histoires d’amour du monde, vous raconter sa genèse tout à fait particulière.
Alors voilà. Ce livre, ce n’est pas un énième roman de famille. C’est une des plus belles histoires d’amour qu’il m’ait été donné de lire et d’écrire… Mon grand-père était un taiseux, un vrai. Tour à tour garçon de ferme, ouvrier dans une fonderie des Ardennes, cheminot à la SNCF, puis brancardier, il était de ces gens modestes qui se pensent insignifiants, dont les vies se veulent petites, et passent sans faire grand bruit.
Neuf ans après son décès en 2004, nous avons trouvé trois cahiers, contenant une centaine de notes écrites de sa main et dont l’encre délavée décourageait toute tentative de lecture.
Ce que mon père et moi avions pris pour des notes étaient en réalité des lettres, des lettres d’amour… toutes adressées à une femme… qui n’était pas ma grand-mère ! Mais une certaine Anne-Lise Schmidt, que personne dans la famille ne connaissait.
Mon grand-père lui racontait sa vie, de sa naissance à sa vieillesse… Qui était cette Anne-Lise Schmidt ? Je vous laisse le soin de le découvrir.
C’est une histoire de liens, de liens brisés – et ces lettres ont été l’occasion de réparer ces liens, entre des pères et leurs fils: un moyen pour eux de se rapprocher, de se dire les choses, de se (re)découvrir…
Je ne peux pas dévoiler plus avant l’intrigue de ce roman, mais je peux vous dire qu’il laisse quelque chose d’inachevé : la recherche d’Anne-Lise Schmidt.
Et c’est là, cher.e.s ami.e.s, que j’ai besoin de vous. Parce que le livre que vous tenez entre les mains est une bouteille à la mer. Vous serez le courant qui entraînera ce livre-missive vers celle que mon grand-père a tant aimée en secret et en silence.
Anne-Lise Schmidt aurait 73 ans aujourd’hui, et il faut absolument que je la retrouve pour finir de retisser les liens : pour donner tort au dernier geste de mon grand-père, et donner tort aux Guerres et au Temps qui passe, à toutes ces injustices qui séparent les amants, les parents de leurs enfants, les enfants de leurs parents, ce Temps et cette Guerre qui brisent des visages et éteignent des voix pour toujours.
Si je retrouve cette femme, un peu de justice nous sera rendue à toutes et tous.
Alors MERCI d’être cette vague.
Baptiste Beaulieu