Alors voilà, Lucile, une collègue infirmière, me raconte comment, le soir du 15 avril 2019, elle s’est occupée de Jeannine qui a eu, il y a quelques années, un accident vasculaire cérébral l’ayant laissée aphasique.
Jeannine était sportive et dynamique. Elle a aujourd’hui 83 ans et elle ne parle plus, ne bouge plus, n’intéragit plus.
Elle fixe Lucile, de ses grand yeux verts. Grands yeux que personnes ne peut traduire. Personne sauf son époux, Henri.
« Aujourd’hui, m’écrit Lucile, quand il m’a parlé de leurs 53 ans de mariage, j’ai pu observer l’amour que continue d’éprouver Henri pour elle ».
Henri est paisible, il évoque avec l’infirmière tous leurs souvenirs : l’histoire de sa rencontre avec Jeannine, puis de leur premier rendez-vous, puis la fois où Henri l’a demandée en mariage sur le parvis d’une célèbre cathédrale parisienne, quand elle est tombée enceinte, quand il est devenu papa, quand ils sont devenus propriétaires, puis les vacances, les coups durs, les deuils, les grandes joies, quand ils sont devenus grands-parents, etc etc.
Dans le dernier roman Virginie Grimaldi, « Quand nos souvenirs viendront danser », on trouve cette discussion entre une héroïne qui pourrait être Lucile, et un vieil homme, qui pourrait être Henri :
Le vieil homme dit, en parlant de son épouse :
– Vous savez que je n’ai jamais dormi sans elle ? Pas une seule fois !
– Vous vous sentez seule ? demande l’héroïne, et le vieil homme répond :
– Je ne me sens pas seul, je me sens incomplet.
Eh bien c’est cela que décrit Henri à Lucile.
53 ans de mariage. 53 ans, punaise !
« Pour le meilleur, dit Henri, avant d’ajouter à demi-mot en déposant un baiser sur le front de son épouse « Et pour le pire ». »
La conclusion de 53 ans de mariage tandis que, dehors, en ce 15 avril 2019, dans le ciel de Paris, Nôtre-Dame brûle.
Alors non, m’écrit Lucile, ce n’est pas qu’une triste journée que celle où a brûlé Notre Dame. C’est une journée qui appelle à vivre.
Nous sommes, tous et toutes, avec nos histoires, uniques, précieux. Nous sommes tous et toutes irremplaçables. Nous sommes toutes et tous, des cathédrales. Des monuments. Et c’est peut-être la leçon que nous devons tirer de ce drame, le dernier cadeau que Notre Dame nous offre, je veux dire : l’être humain est irremplaçable, la vie humaine est irremplaçable !
Les flèches tombent parfois pour nous rappeler qu’interroger le ciel seul dans son coin est stérile, qu’il y a des vivants à côté de nous, ici et maintenant, et que si peut redresser des murs, on ne peut pas relever les morts. La vie est belle.
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Si vous souhaitez partager un témoignage de soignante ou de soignée, écrivez-moi ICI.
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Je serai mercredi 22 mai à Lyon, 20h20, au théâtre Comédie de L’odeon.
Je dédicacerai mes livres à la fin de la représentation !
Je serai aussi samedi à 15h30 à la librairie Rimbaud de Charleville-Mezieres pour une rencontre avec vous toutes et tous !
Suivra Saint-Maur en poche le samedi 15 juin !
Vous pourrez aller voir la pièce à Avignon durant le festival du mois de juillet ! Dates et informations ICI !
PS : je suis moins présent qu’avant sur les réseaux, je vous écrirai dans la semaine un petit texte pour en expliquer la raison… bonne et douce journée à toutes et tous !
Baptiste
Très beau texte qui fait ressurgence à des histoires que me confient des bénéficiaires.
Magnifique et bouleversant.
Effectivement beaucoup d argent…. Defiscalisé je ne sais pas pourquoi…. Pour la magnifique cathédrale et pendant ce temps des vivants n’ont rien… Ça me laisse un goût amer ces enfants de Marseille ou d ailleurs qui sont dans des écoles pourries sans verdure autre que la moisissure des murs, ces jeunes anciennement placés pour leur sécurité qu on mets à la rue en guise de cadeau d anniversaire le jour de leurs 18 ans… Et tant d’autres pour qui aucun milliardaire ne se dit que plutôt que defiscaliser ou aller mettre son argent bien au chaud il pourrait là décider de mettre de l’argent au service du bien commun. Et je ne parle pas des gilets jaunes qui réclament des moyens (je peux comprendre ça) mais qui bousillent routes, ronds points en faisant des feux sur le goudron et les magasins saccagés, empêchés de travailler etc… Qui va payer les millions nécessaires pour réparer ? L’état bien sûr… Et d’où vient l’argent de l’état… De nous tous tout comme l’argent des assurances…
Mais l’histoire très belle de ce monsieur et il reste auprès de celle qu il aime encore, c’est magnifique
Désolée, mais vous mélangez tout ! Pourquoi ces promesses de dons pour Notre dame, qui ne sont que des promesses, devraient subvenir aux besoins “des enfants de Marseille” et autres “nécessiteux”.
Il y a des municipalités qui sans doute dépensent où bon leur semble… A elles d’utiliser les impôts et subventions… Mais, pas très transparents tous ces comptes municipaux, pas plus que ceux de l’état.
Notre Dame va bénéficier, et je l’espère ces promesses vont se concrétiser, de dons de gens riches, et alors !!
Qui vous dit que ces mêmes personnes ne donnent pas à diverses associations… ??
Vous comprendrez pourquoi les gilets jaunes bloquent les routes, quand vous comprendrez ce que veut dire “Réclamer des moyens”. Parce que “Réclamer des moyens” ça veut dire en fait “Réclamer le droit pour tous de vivre dignement”, le droit aux écoliers de Marseille d’aller dans des écoles en bonne santé.
Quand vous comprendrez que la colère des gilets jaunes, c’est la même que la vôtre, vous aurez compris tout le sens de la devise du pouvoir “diviser pour mieux régner”. Et votre monde s’éclairera d’une couleur jaune probablement. Allez voir le doc de Ruffin sur les gilets jaunes “J’veux du soleil”, vous verrez il apaisera votre colère, peut-être même que vous vous trouverez injuste après coup mais ne vous en voulez pas, c’est normal, c’est l’objectif du pouvoir de “diviser pour mieux régner”.
Ca demande du courage et de l’humilité d’ouvrir les yeux parce que ça demande de changer. Les gilets jaunes eux n’ont pas eu peur d’ouvrir les yeux, pourquoi ?
Parce qu’ils ne mangent plus à leur faim depuis longtemps.
A vous de voir si vous préférez croire que j’exagère.
Il y en a d’autres qui croient que vous exagérez sur les écoles de Marseille parce que … diviser pour mieux régner et ne rien changer.
A bon entendeur, j’veux du soleil ! pour nous tous !
Le titre “les oiseaux se cachent pour mûrir” m’a fait rire… et la vie de Jeanine et Henri m’a ému bien sûr.
Très belle histoire Baptiste Merci.
Plein de jolies pensées pour Jeannine et Henri !
une très belle histoire d’amour comme j’aurai aimé la vivre avec mon mari malheureusement parti trop tôt
je cherchais, depuis ces dernières 17 années sans lui, ce qui pouvait me caractériser :
j’ai trouvé grâce à Henri : je ne suis pas seule, je suis Incomplète , oui c’est tout à fait çà !
merci pour ce beau témoignage qui m’a permis de mettre un mot sur mon mal-être !
Merci à Lucile pour ce beau témoignage …
J’espère que tu nous annonceras de bonnes nouvelles cette semaine Baptiste !
A bientôt alors 🙂
belle longue route a Jeannine et Henri
et merci pour cet article
j aime beaucoup l expression se sentir incomplet
bisous doux a partager avec qui vous plaira
Moi j’ai pensé à l’actualité, à Vincent Lambert. La vie est belle, oui, il faut toujours avoir ça en tête. Mais quand/si elle devient trop pénible ou quand on ne la vit plus vraiment, que faut-il faire? Que veut, que voudrait celui ou celle qui ne peut pas s’exprimer et doit-on décider pour lui/elle? C’est tellement difficile tout ça. Je ne suis pas du tout croyante mais à ma façon, comme toi je crois, je pense que la vie est sacrée, c’est un cadeau, que d’ailleurs certains ne méritent pas. Ne pas vivre sa vie, ne pas en profiter alors qu’on est en pleine possession de ses moyens, être fermé, repousser, refuser l’autre, les autres, l’extérieur, ne pas aller voir ailleurs, pour moi c’est une vie gâchée, dans le sens ou quelqu’un d’autre en aurait fait meilleur usage. Mais je digresse, je m’égare. Désolée.
merci Sarah !
Oh oui merci Sarah ! Et merci à vous Baptiste d’être cette petite voix de conscience qui nous nourrit et nous rappelle l’essentiel prendre soin les uns des autres. Soyons Girafe qui a un gros cœur bienveillant et néanmoins prenons de la hauteur pour mieux comprendre les situations !
Mes grand-parents fetent cet ete leurs 73 ans de mariage… lorsqu’on a fete les 70 ans, ma grand-mere m’a dit: si c’etait a refaire, je ne changerais rien. Quelle emotion…
Je me suis mariee tard, a 37 ans, et j’ai dit a mon nouveau mari: OK, on part pour 70 ans et on verra apres.
Ces histoires nous font tellement de bien, merci pour ce partage.