Archives de l’auteur : Baptiste Beaulieu

Pourquoi Chef Lion m’écrit son histoire…

L’histoire c’est Chef Lion, l’écriture c’est moi. Merci ! Si vous êtes soignant ou soigné, et que vous voulez parler, c’est ICI.

Alors voilà Chef Lion. Elle a une patiente, née le même mois qu’elle et la même année. Elle ont le même nombre d’enfants, habitent la même ville et connaissent les mêmes restaurants.
Mais Chef Lion n’a pas de cancer pulmonaire métastatique. Sa patiente tient 2 ans à coup de chimiothérapie et de rayons, le temps que ses enfants grandissent un peu…
Un jour son époux l’amène pour la millième fois dans le service. L’équipe fait ce qu’elle peut, mais la patiente part faire du poney multicolore quelques heures après.
Chef Lion est une lionne : “Je ne pleure pas, m’écrit-elle, on débute souvent le deuil de nos patients à l’annonce du diagnostic, alors je pleure rarement, car je suis prête, le plus souvent.”
Une semaine après, un soir, on sonne à la porte de chez elle.
Le mari de sa patiente, avec un énorme bouquet de fleurs :
– Ma femme voulait que je vous remercie après son départ, pour tout ce que vous avez fait…
Et il s’enfuit en courant.
Chef Lion cache son émotion, mais sa fille de 9 ans la voit.
– Qu’est-ce qui se passe, maman ?
Chef Lion explique :
– C’est le mari d’une de mes patientes, elle est morte, il m’apporte des fleurs pour me dire merci de m’être occupée d’elle.
Sa fille :
– Je ne comprends pas… il t’offre des fleurs pour te remercier alors que tu ne l’as même pas guérie ? C’est n’importe quoi ton métier !
Chef Lion n’est pas sûre que sa fille fasse médecine. Mais, elle, la Chef Lion, elle se souvient pourquoi elle fait ce métier, je veux dire : elle se souvient VRAIMENT de pourquoi elle fait ce métier.
Et c’est pour cela qu’elle me l’écrit.

S’il pouvait penser, le coeur s’arrêterait.
Fernando Pessoa

La poursuite (épuisante) du bonheur.

Alors voilà, elle est entrée dans le cabinet comme une tornade :
– Vous avez vu ? c’est pas beau ça ? La trentaine, un corps de fashion victime, une liberté toute neuve et deux filles aussi belles que Kim Kardashian. Mon mari ? Fini ! Il est rentré au bled, je veux plus en entendre parler. Je veux vivre. M’a assez pourri la vie. Je mange de la salade le soir, je veux être belle cet été sur la plage. Et ma fille ? elle est pas belle, ma fille ? Franchement ? Regardez-la ! Le bas du visage, c’est son père. Le haut, c’est moi. Regardez-la. Elle est belle hein ? C’est pas vrai qu’elle est belle et douce ? Kim Kardashian, je vous dis !… Elle fait preuve d’initiative. Toujours à aider, à entreprendre. Elle ira loin, je vous dis. Comme sa mère. Wesh, wesh la famille !… Je parle beaucoup, mais je suis excitée. Je l’ai enfin foutu dehors et ça me fait un bien fou. Dieu soit loué. La liberté, docteur ! La liberté ! J’ai un nouveau copain. Je me sens femme. Et faut pas croire, je prie beaucoup. Pour mes filles, pour l’autre con et pour moi. Je prie, je prie, je prie… Je suis une sainte dans un corps de top-model. Un top, je vous dis ! Regardez ce profil ! C’est pas beau ça ?
– Vous venez pour quoi ?
– Je pense que je fais de la tension.
Vérification : elle fait de la tension.
– C’est le bonheur, docteur, ça fouette le sang !

(Véridique cette phrase.)

[bla-bla-bla]
Beaucoup de bla-bla-bla. Je vous les épargne parce que je suis cool.

Et quand elle part, elle dit :
– Vous êtes génial. Si vous allez au Maroc un jour, je vous donne une adresse. Vous serez blanchi nourri logé choyé. Comme mon fils. Allez, yala.
Elle m’embrasse sur la joue et file.
Je m’écroule sur mon siège, épuisé. Puis j’attrape un post-it : “Ceci est un message du Baptiste du mois de mai 2014 au Baptiste du futur, vieux et blasé et aigri et gras (1). Quoi qu’il arrive dans ta vie, quelle que soit la personne avec laquelle tu décideras de faire ta vie, n’oublie jamais qu’un bon divorce peut rendre heureux, je veux dire VRAIMENT heureux !”

(1) : régulièrement j’écris des petites messages, des notes du “moi présent” au “moi futur”, histoire de me démentir en cas de crise existentielle et de me remettre droit dans mes bottes. J’ai piqué l’idée à François Hollande ! (Non, je déconne ! Il fait pas ça, le président, la crise que ce serait !).

Toute est un et tout est une.

Photo : “Les amoureux de Hasanlu”. Site archéologique. Iran

Alors voilà j’étais externe, j’étais presque un gamin quand j’ai lu sur un dossier à la case “Antécédents” de mon patient : “cancer du sein droit opéré”.
J’ai bien ri.
– Regarde ! Les cons ! Ils ont dû inverser les dossiers ou j’sais pas quoi !… Zont mis “cancer du sein” alors que mon malade est un homme. Si ça se trouve y a une patiente qui se promène quelque part avec marqué “cancer de la prostate” !…
Mon pote a ri, j’ai ri, on a ri.
Puis je suis entré dans la chambre.
C’était un homme d’une quarantaine d’années, plutôt sympa, grosse moustache et sourire gouailleur dessous.
– B’jour M’sieur !
J’ai montré son dossier en le tapotant d’un air docte :
– Comment va la poitrine ?
J’ai cru qu’il allait rire. Ben non. Il m’a dit que ça allait mieux et que les derniers résultats étaient encourageants. Puis il a retiré sa chemise.
Un téton à gauche, bien sûr, mais pas à droite.
Au niveau du téton droit se trouvait une grande cicatrice. Belle et propre. Un bout de thorax replié et recousu sur lui-même.
Il était un peu gêné quand même…
Pas autant que moi, bien sûr.
Je suis rentré chez moi, j’ai ouvert mes livres et fait mes
recherches…

Données factuelles et scientifiques (ou le moment le plus rébarbatif de cette anecdote mais vous allez voir ça se lit vite et c’est pas trop chiant) :

“99 % des cancers du sein touchent les femmes.
Le cancer du sein chez l’homme est rare. Moins de 1 % de tous les cancers du sein.”

Mais ça existe…

Je me souviens de ces mots, lus sur le papier, et de cet homme, vu sur le lit d’une chambre d’hôpital.

J’ai refermé mon livre avec incrédulité. Je venais de comprendre quelque chose d’incroyablement beau, d’incroyablement fort et de vraiment, vraiment, vraiment incroyablement réconfortant pour le reste de ma vie : à bien des égards, l’homme est une femme comme les autres.
Alors tout irait bien.

L’odeur de la peinture au mois de Mai.

Pour Paula.

Alors voilà, elle entre, vieille et belle. Sa fille l’accompagne, tout aussi belle. Vieille, aussi. Elles témoignent, l’une derrière l’autre, de ce que le temps fait sur les chairs et les peaux. Il y a une femme qui marche dans les pas de ce qu’elle deviendra un jour.
Elles se disent “vous”. Moi, ça me fait un poil bizarre.
Ainsi :
– Maman, voulez-vous que je vous accompagne à la consultation ?
– Vous allez vous ennuyer, ma fille.
– Maman, c’est votre santé ! Pourquoi cela m’ennuierait-il ?
– Elle peut ? me demande la mère.
Je réponds oui.
La mère à sa fille :
– Alors venez.
Elles s’assoient. La discussion dévie rapidement vers le passé de madame, son fils et, donc, le frère de mademoiselle.
– Nous sommes d’origine portugaise et nous sommes arrivées en France il y a plusieurs dizaines d’années, pour fuir la dictature de Salazar. Les milices mettaient les gens dehors, en pleine nuit. Des voisins dénonçaient les voisins et ceux qui partaient ne revenaient jamais. En pyjama ! Vous vous rendez compte ? En pyjama !

Non, je ne me rends pas compte, mais j’imagine que pour une vieille dame aussi élégante, rien n’est pire que de se retrouver en pyjama sur une pelouse à trois heures du matin sous les yeux des voisins.

Je me trompais.

Les vieux doigts s’entortillent.
– Mon fils, il l’ont pris pendant la révolution de Mai. Il manifestait dans la rue avec ses amis. Des milliers, qu’ils étaient, à battre le pavé, des milliers !… La police est arrivée et les a aspergés de peinture. Ensuite, elle les poursuivait dans les ruelles et tous ceux qui avaient de la peinture sur eux étaient emmenés en prison. Mon fils est rentré à la maison. Rouge de la tête au pieds : la peinture était passée sous les vêtements… Avec sa sœur, on a frotté toute la nuit. La police a forcé la porte, elle a trouvé notre Pedro comme ça, nu comme un ver, et rouge, encore trop rouge. Autour du pauvre gosse, il y avait deux pauvres femmes qui astiquaient sa peau. Ils l’ont emmené et on ne l’a jamais revu.

Quand je lui demande pourquoi elle vient, elle attrape la main de sa fille et me dit que leur immeuble est en travaux, qu’ils repeignent les murs et qu’elle voudrait quelque chose “pour les nerfs”, du Valium ou du Lexomil.

– C’est l’odeur, vous comprenez docteur ? Cette odeur, vraiment… c’est celle de la nuit où ils ont pris mon garçon.

“La tendresse est antérieure à la séduction. C’est pourquoi il est si difficile de désespérer”
M. Houellebecq.

Si vous aimez cet article et le site ALORS VOILA, faites-le découvrir à vos amis sur Facebook. C’est facile (en bas à droite de l’article !)
Une bise !

Je serai invité aux salons du LIVRE de Montpellier (23/24/25 mai) Nice (14/15 juin), Montmorillon (21/22 juin) pour dédicacer votre exemplaire d’ALORS VOILÀ.
“Cœurs, licornes roses, bises, capotes et boules de feu” comme dirait Mamie Charlotte.

Les témoins de Rien.

Alors voilà le nourrisson avait 3 mois, il était chambre 6 et il n’allait pas très bien. Quelque chose de pourri dans le foie, une merde congénitale qui touchait la rate et compagnie.
Il saignait baucoup.
Moi, je le trouvais beau. Pas difficile, je trouve tous les bébés mignons. Mais lui, il était malade. Imaginez un chaton avec un bandage à la patte et qui lape du lait en faisant Graou.
Imbattable ? Si, par le bébé de la chambre 6.
Malheureusement, le bébé n’a pas de chance : ses parents sont cons (je prends peu de risques, ils ne me liront pas…).
Bon Papa et Bonne Maman ont de la confiture à la place du néo-cortex, ils croient que le gamin perdra son âme si on lui fait une transfusion…
Sans doute que j’arriverai à respecter leur croyance le jour où je m’habituerai à voir un bébé en train de mourir. Témoins de Jéhovah. Témoins de quoi ? de qui ? Moi, je témoigne devant vous de la mort lente d’un enfant de 3 mois.
– S’il est malade c’est que Dieu le veut. Il ne faut pas compromettre l’unité de son corps avec le sang d’un autre.
Dieu par-ci, Dieu par là…
Je crois en Dieu. Vrai de vrai. Je vais même dans des églises, parfois, quand elles sont vides, quand je m’y sais tout seul. On parle tous les deux. Lui en haut, moi en bas. Vrai de vrai (vous allez vous dire “Quel menteur ce Baptiste !” Je vous répondrai : “Croyez-vous que Dieu parlerait à un menteur ?” Ah ! Je vous ai bien eu, là !!!!).
Je crois donc en Dieu (et je suis sûr qu’il a un humour de dingue, regardez Lady Gaga !…)
J’y crois tellement que je suis sûr d’une chose : si Dieu a voulu que Chaton soit malade, il a peut-être voulu qu’on le guérisse. Sinon, pourquoi aurait-il inventé la transfusion sanguine ? Et que dire de la pénicilline, de la transplantation cardiaque, de la biopsie stéréotaxique cérébrale ou encore de ce pur miracle appelée sobrement “gelée laxative au goût framboise”. Pourquoi aurait-il posé des médecins sur la route du petit chat de la chambre 6 si ce n’est pour qu’on essaie de le remettre sur les rails d’une vie qui commence un peu, beaucoup, à la folie, passionnément mal.
On a bataillé deux jours avec les parents. Ils ont finalement accepté. Pas si cons, finalement ! Les services sociaux étaient prévenus, alors… mieux vaut prévenir que d’avoir des emmerdes avec le juge.
– Il ne faudra pas lui dire, hein ? nous demandent-ils.
– Pas lui dire quoi ?
(((((Que ses parents sont des idiots superstitieux sortis du Moyen-âge prêts à tuer leur bébé pour obéir à une loi idiote qui n’est pas plus dictée par Dieu que les paroles des chansons de Riahanna ne le sont par Jean D’Ormesson ?)))))
– Qu’il a le sang d’un autre. Faudra pas lui dire, hein ?

Je n’ai pas répondu. J’avais envie de cogner quelqu’un. Alors je suis sorti dans la cour de l’hopital et j’ai tapé un mur. De grands coups de tatane dans le crépi. Le mur n’a rien dit, je crois qu’il était d’accord avec moi.
Les autres, monsieur et madame Confiture, je ne sais pas de quoi ils sont témoins. Moi, ce jour-là, je peux témoigner de la bêtise des Hommes et des livres dont ils se réclament.

“Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.”
Jésus (en parlant de nous et du gouvernement français.)

“Je suis pour la Religion, contre les religions.”
Victor Hugo (un autre chic type…)

“Rom pom-pom-pom, rom pom-pom-pom, rom !”
Rihanna (dans cette fabuleuse chanson intitulée “Rom pom-pom-pom”)

PS : je suis un peu moins présent sur le blog mais j’ai deux très bonnes explications. Je bosse beaucoup et surtout j’ai décidé de tomber amoureux. Ça arrivera la semaine prochaine, mardi à 13 h 34 min 12 secondes exactement. Ce sera un jour pair. Je vous tiendrai au courant !

Et mon Facebook : Baptiste Beaulieu tout nu qui fait le poirier.

Dédicaces sur Montpellier et Montmorillon !!! (merci aux lecteurs qui ont pris d’assaut les librairies !)

Émission sur Radio Classique ! Olivier Bellamy m’a fait l’honneur de m’inviter pour parler du LIVRE.
C’est à écouter ICI

Le journal “L’HUMANITÉ” a lu mon livre et en parle ici :

http://www.humanite.fr/m/culture/alors-voila-succes-merite-pour-un-concentre-d-huma-555334

Holà !
Muchachas, muchachos !
Grâce aux lecteurs qui ont pris d’assaut les librairies, je serai au salon du livre de Montpellier – 23/25 mai, puis le week-end suivant du 21/22 juin, je serai au salon du livre de Montmorillon pour une rencontre/échange avec vous autour du ROMAN, suivi d’une séance de dédicaces.
Pour les autres villes, ça dépend des libraires : il est normal que ce soient eux qui décident qui ils veulent inviter chez eux. Donc c’est aux lecteurs (vous) d’en parler à vos libraires !

Si vous ne pouvez pas être là le jour dit, vous pouvez aller prendre un livre au libraire (avant mardi, hein…) et laisser un post-it avec le nom de la personne à qui vous souhaiteriez l’offrir. Je ferai une dédicace à l’intérieur (et même un joli dessin, tiens !).
Vous n’aurez plus qu’à aller le récupérer ensuite…

Attention !
J’ai changé le mot de passe. Pour avoir un free hug, il faudra me donner une réponse originale à la question suivante :

“Où dois-je aller pour voir ailleurs si j’y suis ?”

Et non plus :

“Est-ce que les pingouins ont des genoux ?”

Ou les phrase suivantes :

“Tu sais comment on différencie l’avant de l’arrière d’un arbre ? Là où l’homme fait pipi, c’est l’avant. Là où la femme fait pipi, c’est l’arrière de l’arbre.”

Et pas :

“On attrape plus de monde en faisant des poissons d’avril au mois d’août.”

Ou encore (celle-là je la garde pour plus tard…) :

“Ce n’est pas parce que les portugais sont gais que les espagnols sont gnols”

Nota : vous étiez vraiment très nombreux lors des dédicaces à Paris, Toulon, Brive, Strasbourg et Toulouse, Lille, Bordeaux, merci beaucoup pour vos gentils mots, vos gâteaux sans gluten et vos encouragements ! Le roman est un vrai succès si j’en juge par les mails très touchants que je reçois et vos retours lors des rencontres… Je ne peux malheureusement pas envoyer de LIVRES dédicacés par la poste, tout simplement parce que j’ai une vie et que le blog prend déjà beaucoup (trop ?) d’espace dans celle-ci sans en plus ajouter les files d’attente à la Poste ! J’espère que vous comprenez… Et rendez-vous à Montpellier !

La plus belle prescription de Chouquette.

L’histoire c’est Chouquette, l’écriture c’est moi. Merci Chouquette !

Alors Voilà un vendredi soir aux Urgences d’un grand CHU.
Ça grouille, ça court, ça pleure, ça râle et ça gémit beaucoup.
Notre histoire commence Box 6 (Chouquette ne l’aime pas celui-là, il est un peu caché, il ne la rassure pas).
Dedans ? Jeune homme, 17 ans, la peau couleur caramel beurre salé, encore l’innocence aux coins des lèvres, l’âge du p’tit frère de Chouquette (comme dit Mamie “on lui presse les narines, il sort du lait !”) et un motif d’hospitalisation : « Céphalée brutale ».
(((((( Parenthèses entre parenthèses : en gros, ça tape fort entre les tempes. Chouquette n’aime pas ce motif : c’est vaste, potentiellement grave… bref, toujours emmerdant.))))
Il aurait eu un malaise survenu au cours d’un entrainement de natation, violent mal de tête, peut-être un simple « coup de calgon » comme dirait Mamie.
Aïe. Chouquette pose les questions, l’examine. Le voilà bon pour un « angioscanner cérébral ».
“Quoi que c’est que ça l’anxio-salaire minéral ?” dirait Ginette au comptoir du “Café de la Poule qui pond”.
Je m’en va vous le conter, dame Ginette !
Si l’on change beaucoup de lettres à la “angioscanner cérébral”, ça fait « Rayons Gla-Gla magiques qui permettent de savoir kèke tu trouves dans la tuyauterie carafonesque».
Résultat : Examen normal.
Ouf. Bon. Et donc ?
Et donc…
Chouquette retourne le voir pour lui annoncer la belle nouvelle. Le patient la regarde, un air faussement inquiet, faussement rassuré lui barre le visage Milka Praliné. Moment d’accalmie dans les couloirs, Chouquette s’assied, elle veut qu’il lui raconte à nouveau.
Bonne idée, la chaise, oui, bonne idée… Le récit est long et pas très gai. On en retiendra la part la plus “heureuse” : le gamin sortait d’un test de natation pour intégrer l’Armée Française, n’a pas mangé depuis plus de 48 heures, n’a plus d’aides financières et a dû choisir entre se chauffer et se nourrir.
Il avait froid, il avait faim. Il a choisi.
Chouquette est sortie de là, a débouché son stylo de docteur, a puisé dans toute la science accumulée par dix ans d’études scientifiques et inscrit en majuscules sur la feuille de prescription :

GROS REPAS

La plus belle prescription de ma vie, m’écrit Chouquette.

Je suis plutôt d’accord avec elle. Manger quand on meurt de faim est le meilleur des médicaments.

La fin de notre histoire est celle d’une résurrection dans un Box 6 pareil à des dizaines d’autres box 6 partout en France, d’un grand CHU, comme il en existe partout en France, au cours d’une nuit semblable à des dizaines d’autres, une résurrection à coups de plateaux repas hospitaliers, de petites compotes à la pomme et de biscottes sans sel (ben oui, c’est pas le Fouquet’s !).

Ben non, c’est pas le Fouquet’s, mais c’est vraiment plus beau.

PS : je suis à Arcachon ce week-end pour le salon du livre ! Venez venez ! Free-hug pour tous !!!

Pardon Mamie Paulette.

Alors voilà, j’avais été appelé il y a quelques jours chez une charmante mamie, Paulette, 86 ans. Son mari, René, était tombé dans la nuit et s’était fracturé le col du fémur.
– Cloc-cloc (le bruit que j’ai entendu en l’examinant).
J’ai donc attendu que les pompiers arrivent et, quand ils l’ont emmené, elle était si perdue, si confuse que je lui ai laissé mon numéro personnel.
– Voilà, vous pourrez m’appeler si vous stressez !
(ENORME ERREUR !!!! Mais j’apprends mon métier…)
[…]
Trois jours plus tard, huit heures du matin, elle m’appelle pour me donner des nouvelles… Il va un peu mieux, l’opération a été bien tolérée.
Je raccroche.
Deux minutes après, un de mes meilleurs amis m’appelle en panique : il m’explique avoir fait une connerie la veille avec une demoiselle de passage et qu’il flippe à mort parce qu’il ne s’est pas protégé.
On discute un peu, je lui explique la marche à suivre.
(Vous sentez venir le truc, là ?…)
Je décide ensuite de lui envoyer un texto explicatif sur les modes de contamination pour le rassurer un peu…
Je vais me brosser les dents, me laver et, quand je reviens dans ma chambre, je vois mon portable clignoter.
“Nouveau message vocal sur votre messagerie.”
Le voilà :
– Allo docteur Beaulieu ? Allo ? Comment ça marche ce truc !? Allo ? Oui, c’est moi, c’est Paulette. Je viens de lire votre message et je pense que vous vous êtes trompé de destinataire. Sinon, René est transféré en service de chirurgie orthopédique ce matin. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, il va bien et vous remercie… Soyez sage, hein.”
[…]
Oh mon dieu… je m’étais trompé en envoyant mon SMS…
OH MON DIEU !
[…]
Paulette, 86 ans, un mari en chirurgie, un dentier dans sa table de nuit, a donc reçu le message suivant, où je vous laisse compléter les “BIP” par ce que vous pouvez imaginer de plus cru et vulgaire (ben oui, avec vos amis proches, vous aussi vous êtes cash…) :

“Mon petit poulet, je viens de relire mes cours, tu risques rien si elle t’a “BIP” et que tu l’as pas “BIP”. Mais si tu “BIP” contre sa “BIP”, alors va faire une analyse. Et si tu lui as “BIP” par “BIP” ce serait mieux aussi de faire un contrôle. Voilà, ça t’apprendra pour la prochaine fois, espèce de petit cochon lubrique ! Mets des capotes !”

Pardon Paulette, je veux dire PARDON, vraiment…

Dieu est amour.
Avec du latex autour.

(entendu à la radio).

Si vous aimez, partagez sur les réseaux sociaux : clique droit sur le titre, “copier le lien”, puis sur votre statut Facebook : clic droit puis “coller le lien” puis ensuite, allez faire un gros câlin à votre Mamie. Par ce que c’est peut-être elle à qui j’ai envoyé ce texto horrible.
Une bise
!

Et ça y est j’ai un Facebook officiel : le nombre d’amis étant limité à 5 000 les premiers arrivés seront les premiers servis ! Tchô !
Il est ici :
Baptiste Beaulieu tout nu sur Facebook

Le point sur le point.

Alors voila elle s’appelle Agnès Ledig elle est écrivain et sage femme, ses livres sont traduits dans le monde entier et son dernier a reçu le Prix de la Maison de la Presse.
C’est aussi une amie à moi.
Il y a quelques semaines Agnès publiait un article sur le blog d’Isabelle Alonso où elle dénonçait une pratique médicale barbare très méconnue et heureusement très anecdotique : “Le point du mari”
Aussitôt, la communauté médicale lui a sauté dessus comme un seul homme et a essayé de la faire taire. Depuis, tous les grands médias papier lui ont donné raison.
Je voudrais lui rendre hommage, à elle et à ses écrits et je voudrais attirer votre attention sur cette pratique.
A lire ICI.
Si vous me lisez régulièrement vous devinez entre les lignes que la condition féminine me touche particulièrement (je suis d’ailleurs en ce moment même en vacances à Jérusalem car je voudrais écrire un livre sur la condition féminine en terre sainte. Il y a, malheureusement beaucoup de choses terribles à dire…)
Je me devais de relayer ce fait terrible (même si je vais perdre quelques lecteurs médecins au passage…).
Je vous embrasse tous,

Prenez soin de vous, mangez 5 fruits et légumes par jour, évitez les excès, pas de gras, pas de sucre et peu de sel… Nan, je déconne amusez-vous et profitez, j’ai des amis cardiologues qui veulent une nouvelle piscine !

Baptiste Beaulieu

La femme qui était devenue esclave.

Alors voilà j’entre, elle est belle, vieille et belle oui, très élégante aussi.
Dans la maison, tout est propre et sent le savon de Marseille, ça sent le ” Vieillemamiequisortdeladouche Numéro 5 “.
Elle tire mon siège, me propose un café, que je décline.
Elle est de ces anciens très respectueux qui disent “vous” à tout le monde, son boucher comme son banquier.
Je l’examine, tout va bien.
Dans sa longue liste de médicaments, il y a beaucoup de produits : pour les articulations vieillissantes, pour le rein vieillissant, pour les artères vieillissantes, etc.
– Ce produit, là, je le prends parce qu’après mon accident vasculaire, j’ai eu des lésions cérébrales qui m’ont laissé des séquelles gênantes, dit-elle tandis qu’un rose pâle envahit ses joues…
La vérité ? Un AVC et elle se retrouve avec des “impulsions sexuelles incontrôlables”.
– Je tolère très mal le traitement, mais si je dois choisir entre perdre l’équilibre ou sauter de façon inappropriée sur le facteur, je préfère tomber mille fois.
Je l’observe, je souris.
D’un seul coup, j’ai très peur…
Je remonte dans ma voiture, je me regarde dans le rétroviseur et je me pose un milliard de questions : croit-on vraiment savoir qui nous sommes ? Ce qui nous émeut et nous motive ? Et pourquoi ?
Vous, oui, vous, derrière l’écran en train de me lire, savez-vous pourquoi telle ou telle personne vous plait ou fait naître du désir en vous ? Sommes-nous une pensée enfermée dans un corps, ou un corps qui sécrète une pensée ?
“Je suis devenue quelqu’un d’autre” me dit la mamie élégante.
Je referme la porte de ma voiture, une autre visite m’attend, je jette des coups d’oeil au rétro, je me vois.
Sommes-nous vraiment libres dans la vie, ou sommes-nous seulement le jouet de microscopiques réactions chimiques courant de synapses en synapses et d’un hémisphère à l’autre ?

Parce que pour elle, pour ma vieille et élégante patiente qui sent l’eau et le savon, un ridicule déficit en oxygène a bouleversé de fond en comble sa liberté de cacher et modérer ses désirs.
Une simple lésion du cerveau et elle est vraiment “devenue quelqu’un d’autre”.

« Qui suis-je ? (…) pourquoi tout ne reviendrait-il pas à savoir qui je « hante » ?

A. Breton

Sinon, ça y est ! J’ai un profil FaceBook et j’accepte tout le monde (sauf les moniteurs d’auto-école et les dictateurs nord-coréens…) Si vous voulez avoir un “ami” supplémentaire, c’est ICI