UN JOUR = UN PATIENT QUI BOIT TON SANG APRÈS T’AVOIR ARRACHÉ LE COEUR EN RIANT COMME LE JOKER DANS BATMAN

#drama

#toujoursplus

« Un jour Kuang-Tzeu se promenant au bord d’une rivière avec un disciple vit un scorpion prisonnier de l’eau. En essayant de le sauver, Kuang-Tzeu se fit piquer. Patiemment, il recommença et se refit piquer. À la troisième tentative, son disciple lui demanda pourquoi il essayait d’aider un ingrat. Kuang Tzeu répondit : “il faudrait que je renonce à être Kuang Tzeu sous prétexte que ce scorpion ne peut changer ?»…

[…]

Vous vous souvenez de ce patient qui avait falsifié son arrêt de travail ? En s’ajoutant 20 jours ?

Celui qui m’avait fait dire « Ah ben quand je le reverrai, il nous faudra comprendre ce qui cloche au boulot… »

Eh bien il est revenu. 27 jours plus tard. Il est entré, s’est installé comme si de rien n’était. Une vraie fleur. Et il a dit avec un aplomb sublime :

« Bonjour, je viens pour une prolongation de mon arrêt de travail !»

[Version romancée de ce qui est arrivée ensuite 👇🏼]

J’ai inspiré, expiré profondément :

« Vous connaissez l’histoire du sage Kuang-Tzeu ?

— Non.

— Un jour Kuang-Tzeu se promenant au bord d’une rivière avec un disciple y vit un scorpion prisonnier de l’eau. En essayant de le sauver, Kuang-Tzeu se fit piquer… »

Silence. Le patient :

« Et ensuite ?… »

Moi, les larmes aux yeux :

« Et ensuite Kuang-Tzeu a VIOLEMMENT écrasé le scorpion À COUPS DE PELLE parce que c’est un être humain, Kuang-Tzeu ! Même qu’il a des sentiments, et que là il avait très très mal au coeur !!! »

#drama

#toujoursplus

Dans le prochain épisode de votre telenovela préférée UN JOUR = QUELQUE CHOSE À DIRE :

UN JOUR = UN PATIENT QUI TE RÉCONCILIE AVEC TON MÉTIER.

Ci-dessous : une très belle réalisation de votre serviteur.

UN JOUR = UN PATIENT QUI SE BAIGNE DANS TES LARMES

Alors voilà, cette année, il y a aussi eu cette patiente.

5 fois, elle se mouche.

5 fois, elle sort un mouchoir.

Dans chacun, elle dépose une belle huître fine de claire, puis… HOP! sur le bureau ! Pépouze. Exactement là où l’autre Mimi-Cracra avait posé son chewing-gum (#cecoindubureauestmaudit).

J’ai regardé faire, un peu ahuri.

Finalement, étant plus gêné qu’elle par son sans-gêne, j’ai adopté la réponse la moins appropriée du monde : le cynisme.

« Ah oui, ils sont quand même mieux là que dans la poubelle. Au moins, là, on dirait des jolies poupées Russes bien alignées !»

(Parce que OUI, elle les avait posés par ordre de taille croissante…).

Et la patiente, en riant, d’ajouter :

« Ou les Jackson Five ! »

Cynisme : 0

Patiente : 1

Enfant qui tombera malade en touchant le coin maudit du bureau après elle : -1

UN JOUR = UN PATIENT QUI ÉCRASE TA VOCATION SOUS UN TANK.

Lui, je me souviens, il arrive au cabinet pour une angine. Il mâche un ÉNORME chewing-gum.

« Je vais vous examiner »

Il enlève le chewing-gum et… le pose sur le bureau. Il APPUIE même. Comme un presse-papier (avec des bulles de salive qui s’échappent sur les côtés). NICKEL.

J’ai regardé le chewing-gum, puis le patient, puis le chewing-gum. Rien. J’ai ouvert la bouche pour dire :

« Monsieur, n’ayez pas l’air étonné de ce que je m’apprête à vous révéler, mais voilà : je viens du futur. Et la personne qui tombera malade à cause de vous après avoir posé ses mains où vous venez de poser votre chiclet dégueulasse m’a demandé EXPRESSÉMENT de vous gifler violemment. Trois fois. »

Mais je n’ai jamais dit ça.

J’ai voulu arranger le truc en lui faisant ma célébrissime et hilarante blague du policier qui voit un chewing-gum rouler trop vite sur l’autoroute, mais même ça j’ai pas pu.

J’ai fait comme tout le monde, et ravalé ma bile en ayant l’impression de me faire piétiner par le monde.

#dramaqueen

#neutralitébienveillante

#monculsurlacommode

À demain.

UN JOUR = UN PATIENT QUI BRÛLE TA VOCATION AU LANCE-FLAMMES.

Aujourd’hui, une patiente.

Celle qui m’a volé un ordonnancier.

Alors voilà, toi tu vas pisser entre deux consultations parce que t’as pas changé l’eau des olives depuis 3 heures et HOP! dans sa musette ! Pas folle la guêpe : avoir directement de quoi se prescrire ce qu’on veut quand on veut est quand même beaucoup plus pratique !!!!

Puis… on attend toujours trop longtemps chez le docteur, c’est chiant… Autant ne pas y aller, elle a raison. 👍🏼

D’ailleurs, un confrère, en entendant cette anecdote : « Moi, Baptiste, tu sais, un patient était en arrêt de travail depuis trois mois. Il m’avait volé un paquet de feuilles d’arrêt ».

Si tu changes quelques lettres à « neutralité bienveillante » tu obtiens « pigeon » 😂

*ceint son front d’un bandeau rouge*

Eh bien, ça ne va pas se passer comme ça !

Rendez-vous demain.

Edit : n’allez pas chercher une quelconque détresse derrière son geste. Elle voulait juste « gagner du temps ».

10/1000

J’ai reçu beaucoup de témoignages. Je ne savais pas quoi en faire. On m’a dit « Publie-les comme ça ! Celles qui voudront ajouter leur témoignage pour parler commenteront, celles qui veulent juste lire pour ne plus se sentir seules liront. Et celles qui veulent t’écrire en message privé pour ajouter un témoignage anonymement t’écriront. »

Alors voilà.

Parce que cela touche 10,1 grossesses pour 1 000, et qu’on devrait le dire plus souvent. Savoir que c’est une possibilité, intégrer cela, penser que c’est loin d’être rare et qu’il n’y a pas à se sentir coupable de quoique ce soit.

Ensemble on est plus forte.

Il n’y a aucune raison de souffrir seule.

Donc voilà, j’ouvre cet espace sorore sur Facebook ICI (pas besoin d’avoir Facebook pour voir l’album photo, il faut juste cliquer sur le lien, lui dire qu’on se connectera plus tard et on peut voir l’album photo qui est public) ou vous pouvez au choix commenter ou envoyer vos témoignages (à moi ou à Marion G. ++++ si vous préférez une interlocutrice ce qui me paraît plus légitime).

Et merci à Magali B. sans qui rien n’aurait été possible.

Tu peux (suite)

Alors voilà, il y a ce message, reçu de la lectrice m’ayant raconté l’histoire publiée jeudi dernier ICI :

« Je voulais vous dire qu’hier soir j’ai contacté l’une de vos lectrices de l’association SOUVENANGE qui avait publié un commentaire sous mon histoire expliquant le but de l’association.

Elle va retoucher les photos que j’ai eues de Corentin pour que j’ai autre chose que le souvenir de ce petit corps meurtri qui a du appeler au secours et que je n’ai pas su entendre…

Et cela c’est grace à vos lectrices et lecteurs et c’est un premier pas dans mon travail de deuil que vous, elles et eux avez rendu possible…

Encore merci. »

(SOUVENANGE est une association gouvernementale à but non lucratif qui offre aux parents qui le souhaitent :

– des photographies de qualité professionnelle de leur bébé décédé, en intervenant à la maternité,

– un service de retouche des photographies existantes, a posteriori).

Puis cet autre, beau, et doux et lumineux message, de la même lectrice (tout ça, c’est grâce à vous toutes et tous 🙏🏻) :

Bonjour Baptiste,Je voulais juste vous mettre en copie les réactions de mes filles a la publication de votre texte.

Voici celui de ma S. (ma cadette de 20 ans) :

« le texte est très beau… les commentaires aussi. je trouve ça super courageux de ta part davoir réussi à parler de ce qui sest passé, et de nous l’expliquer à V. et moi à travers ce texte ! en tout cas sache que même si j’ai pu te reprocher un manque de contact physique (et encore je me souviens pas que ça m’ait vraiment marquée?) j’ai jamais considéré ça comme une preuve que tu étais une mauvaise mère au contraire, tu le montrais juste autrement, et je sais que V. le sait aussi »

Et celui de V. mon aînée de 22 ans :

« Ne t’inquiète pas, S. et moi comprenons. Notre petit frère aussi comprendra quand il sera en âge de comprendre. On t’aime comme tu es et ce sera toujours le cas ! »

—-

Publié avec son autorisation, évidemment.

Tu peux.

Alors voilà, on est en 1993, tu as 23 ans. Tu es enceinte. Heureuse comme peut l’être une femme quand une grossesse désirée avec un homme désiré se déroule parfaitement.

Parfois il te regarde,

Tu caresses ses joues, de la paume d’une main puis de l’autre,

Tu l’aimes, tu le touches,

Puis un jour, en juin, tu te sens fatiguée. L’Homme Désiré te dit : “viens !”

Hôpital. Échographie. Mains d’hommes froides qui vont et viennent sur ton gros ventre. Voix inquiètes qui s’élèvent, discutent entre elles, avec des acronymes comme HRP, MFIU…

Bébé ne bouge plus, ne bouge pas, ne bougera plus.

Après on t’oublie dans une salle…

“On déclenche l’accouchement et là on n’intéresse plus personne… 6 heures, peu après l’expulsion, on me met mon fils dans les bras… je ne comprends rien… je n’arrive pas à le regarder… il est tout bleu couvert d’hématomes… je ne peux le garder dans mes bras…”

Même après, tu n’as pas réussi à aller le revoir dans son petit cercueil blanc.

Depuis, tu ne peux plus embrasser câliner, toucher, serrer tes autres enfants… L’Homme Désiré te dit insensible… frigide, même, tu vis chaque rapport avec lui comme un viol depuis 25 ans… tu as mal… à chaque fois… tes filles ont 20 et 22 ans, ton fils 8 ans… tes filles t’ont reproché longtemps ce manque de contact physique…. toi, tu es triste, tu sens la même distance s’installer avec ton fils… tu te sens coupable de ne pas être meilleure mère… et tu as peur.

“Ce jour-là, en 1993, quelque chose s’est cassé en moi”. La peau de l’Autre, la peau des Autres, ça n’a plus jamais été possible, après. Tes paumes ont perdu le chemin.

“Les Autres l’ont oublié mais moi je ne l’oublierai jamais”.

Il s’appelait Corentin.

Alors moi j’écris pour toi, pour te dire ça : ton deuil existe, il est reconnu. Ta souffrance est reconnue. Tu n’es pas coupable. Arrête de te punir. Tu peux pleurer. Tu as le droit. Et tu n’as pas à te sentir obligée de continuer ton fils en t’empêchant de vivre, de câliner, d’embrasser, de toucher et d’aimer ceux qui restent. Tes mains perdues, tes mains sans chemin, tes mains qui ne peuvent plus toucher, je les enlève et je les mets ici, en photo, sur cette page pour toujours. Tu en as de nouvelles maintenant. Avec lesquelles tu peux.

Tu peux.

Tu peux.

Tu peux.

Tu peux.

Tu peux.

Tout est politique

Alors voilà, l’autre jour, un auteur auprès duquel je déjeunais, un auteur qui vend beaucoup de romans, a dit :

« Moi, je ne prends jamais position sur les réseaux sociaux ou dans mes livres. Je reste neutre »

Il a expliqué : « plus on reste neutre, plus on a de lecteurs et lectrices » [ou moins on en perd, plutôt].

Parler, c’est risquer de déplaire.

J’ai tenté un timide : « Rester neutre, c’est déjà prendre position ».

La neutralité a été, est, et sera toujours un choix politique.

Je ne sais pas comment font les gens pour vivre en paix avec notre époque, ou pour en donner l’impression.

Pour gérer leur hypersensibilité et le quotidien d’un monde injuste où la bonté est malmenée de toutes parts. Pour emmener le silence avec eux, le promener par devant eux.

Je ne peux pas.

On ne peut pas se taire. On ne doit pas.

Et je surestime peut-être les lecteurs et les lectrices, mais j’ose espérer qu’on peut lire l’article d’un romancier ou d’une romancière qui aborde un sujet de société (au hasard, un article portant sur la PMA, la vaccination, la représentativité des personnages LGBT+ au cinéma) ne pas être d’accord avec lui/elle, et ne pas pour autant se dire « puisqu’il ne pense pas comme moi PLUS JAMAIS JE NE LIRAI SES LIVRES, NA ! ».

On est humain. On essaie. On espère. On se regarde, on échange, on réfléchit, ON SE PARLE. On ne se tait pas. Pas pour du fric. Pas pour cette raison-là. Toutes les raisons sont valables, mais pas celle-là. Pas quand on écrit. Pas quand une bonne fée s’est perchée sur votre berceau au jour de votre naissance et a dit « Tu seras archi-nul en sport, mais tu écriras, et tes frères humains et tes sœurs humaines te liront ».

Non ?

(Bref, comme vous le lisez, je ne flippe absolument pas de la façon dont vous ressentez l’aspect parfois franchement militant de ce qui se passe ici… Je sais que je modère les commentaires à la hussarde, mais c’est dur de gérer tout ça, tout seul, après mes journées de boulot et une sensibilité à fleur de peau qui me punira toujours bien plus que le déplaisir que vous pourriez éprouver en constatant que j’ai supprimé, arbitrairement, un commentaire… 🙏🏻♥️)

Tout est politique, comme disait Thomas Mann. Je voudrais que tout soit respect et amour.

Malheureusement, on ne choisit pas. Alors on se bat ?

On se bat. Oui.

Les jeunes et Bernard Pivot.

Hier, j’ai parlé devant 150 étudiants et étudiantes en médecine de la faculté de L…

Je n’ai pas bien les mots pour dire à quel point ils et elles sont belles.

L’humanité de leurs questionnements, de leurs fragilités, de leurs inquiétudes, de leurs rires…

Là, il me revient ce cinquième année qui, dans la soirée, m’a pris à part et m’a avoué en chialant : “je n’arrive pas à voir les patients déments comme des vrais gens. Je me dis que ce sont des coquilles vides, juste des corps, et je sais que c’est faux, et j’ai honte de penser cela, j’en ai tellement honte que je n’en parle à personne, mais ça me ronge”.

Il y a eu encore ce quatrième année qui, hospitalisé après un acte désespéré, a eu droit à une perme spéciale de son psy pour venir m’écouter, et pour lequel je n’ai pas su, pas pu trouver les mots qu’il aurait fallu pour lui faire comprendre qu’AUCUN métier au monde, aussi difficile soit-il à apprendre, ne vaut le prix d’une vie.

Mais n’allez pas croire, hein ! J’ai trouvé hier des jeunes ouverts, joyeux, heureux, capables d’une grande introspection, remplis d’une volonté de “bien faire”, et de regarder les patients et les patientes en face, d’humain à humain.

Ma parole vaut ce qu’elle vaut, mais pour celles et ceux qui me lisent ici, je voudrais vous dire : croyez-moi, il y a vraiment de quoi être confiant et confiante.

Des paillettes pour BB

Je n’arrive plus à entendre un patient ou une patiente me dire “j’ai plus d’appétit…” sans que surgisse dans ma tête un chanteur en smoking à paillette qui répond “…QU’UN BARRACUDA !”.

HELP ! Venez m’appuyer psychologiquement aujourd’hui et demain, au salon du Livre de Brive, où je vous attends nombreux et nombreuses.

#claudefrançoisihateyou

#jeveuxlamemeveste

#etlamemecoupe